Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
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00:00Un peu plus de 19 heures sur CNews, merci d'être avec nous pour face à Philippe Devilliers, Philippe Devilliers, bonsoir.
00:06Bonsoir Eliott.
00:07Vous avez le sourire Philippe.
00:08Oui, à cause de votre pochette.
00:10Vous vous moquez de ma pochette ? En ce moment vous vous moquez souvent de mon style, j'ai remarqué.
00:14La dernière fois c'était la cravate, cette fois-ci c'est la pochette ?
00:17J'ai craint qu'on ne puisse pas faire l'émission.
00:21À cause d'eux ?
00:22Parce que quand c'est appelé lundi et mardi, vous étiez à la dernière extrémité, vous aviez la voix du pape.
00:31Que la voix, on lui souhaite évidemment un peu plus de rétablissement.
00:35Et puis voilà, vous êtes rétabli. C'est ça la jeunesse.
00:38Le rhume.
00:39Et on dit bonjour à Geoffroy.
00:40Geoffroy Lejeune, bonjour.
00:41Souriant, vous n'aviez pas le rhume cette semaine, ça va ?
00:43Je n'avais pas le rhume et je suis moins affecté par la défaite du PSG que vous Eliott.
00:47Ah d'accord, j'ai compris, c'est ma fête aujourd'hui.
00:49On est heureux de se retrouver.
00:50Très heureux, oui. Très très heureux.
00:53Comme on dit à CNews, l'actualité est chargée.
00:56L'actualité est chargée Philippe Devilliers, mais ce qui est aussi saisissant, c'est de voir à quel point les choses vont vite.
01:03La semaine dernière, nous avions bousculé notre émission après cet accrochage devant les télés du monde entier entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
01:12Et vous aviez pris la balle au bon pour réagir à chaud, vraiment de manière brûlante sur cette actualité,
01:18en prenant beaucoup de hauteur, en proposant une analyse qui vous donne raison une semaine plus tard.
01:25C'est-à-dire que le mafieux, le grand danger, l'homme de Moscou qui était présenté dans tous les médias la semaine dernière,
01:32à savoir Donald Trump, est aujourd'hui l'élément clé, visiblement, après cette conférence qu'on a pu entendre sur les antennes de CNews,
01:38pour accélérer le processus de paix, et c'est ce que vous expliquiez calmement la semaine dernière.
01:44Sauf qu'il y a un élément nouveau, depuis mercredi.
01:47Lequel ?
01:48On est en guerre.
01:49Ah, justement, on va en parler, évidemment, de la guerre.
01:53Et cette Europe qui se mobilise, Philippe Devilliers, pour se réarmer, le président français se met en première ligne,
01:59chef de guerre ou chef de paix, c'est une question qu'on pourrait se poser aujourd'hui.
02:03Et à travers la guerre, il y a aussi l'escalade verbale.
02:07Et on va commencer avec cet échange de mobilité entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron.
02:11Ça s'est passé par médias interposés, comme on dit dans le jargon.
02:16Depuis l'époque de Napoléon, depuis l'invasion de la Russie par Napoléon, certains sont encore impatients.
02:24Il y a encore des gens qui veulent revenir à l'époque de Napoléon, oubliant comment cela s'est terminé.
02:29Je pense qu'il fait un contresens historique, et ça m'étonne de lui.
02:32Napoléon menait des conquêtes.
02:34La seule puissance impériale que je vois aujourd'hui en Europe s'appelle la Russie.
02:38Et c'est un impérialiste révisionniste de l'histoire et de l'identité des peuples.
02:45Et notre volonté, nous, c'est d'être une puissance de paix et d'équilibre.
02:49Au fond, tout ce que nous faisons, par les choix y compris d'ailleurs de nous armer pour éviter la guerre de demain,
02:54ce sont des choix de paix.
02:56Et donc je pense que le président Poutine devrait revenir à cette vision-là.
03:02En tout cas, c'est un contresens historique.
03:04Dans la référence, c'est sans doute qu'il fut piqué du fait que nous avons démasqué son jeu.
03:11Au début de la guerre, il y a trois ans, il se parlait très souvent au téléphone.
03:15Aujourd'hui, il s'envoie des invectives.
03:17Que vous inspire cette escalade verbale ?
03:20À mon avis, il faut décrypter ce qu'a dit Poutine.
03:26Il a dit en fait, vous êtes en train de nous imposer l'invasion.
03:35Puisque Napoléon, il a envahi la Russie.
03:41Pourquoi il a dit ça ?
03:42Pour dire aux Européens, pour dire aux Français, c'est pas moi qui menace, c'est Macron qui menace.
03:49C'est assez fin comme image.
03:55À sa place, j'aurais peut-être parlé de l'île d'Alba.
04:00Parce que l'impression que me donne Macron, c'est plutôt les 100 jours, vous voyez.
04:04Et dans deux ans, il dit à Brigitte, allez Brigitte, prends les affaires, prends les valises, on part à Sainte-Hélène.
04:17Et je pense qu'il est plus proche de Napoléon III que de Napoléon Ier, Macron.
04:23Et donc en fait, cette escalade verbale, il faut voir, il y en a un qui est très sérieux,
04:29qui est insultant, impérialiste, révisionniste, etc.
04:34Et l'autre qui fait une phrase qui n'est pas dénuée d'humour.
04:42Et il faut savoir que pour les Russes, Napoléon c'est plutôt un compliment.
04:47Quand j'avais rencontré Vladimir Poutine, on avait parlé de Napoléon justement.
04:51Et de Rostov-Chine, etc.
04:54Et il m'a dit, nous on admire beaucoup Napoléon.
04:57Nous les Russes on admire beaucoup Napoléon, c'est très curieux.
05:00Mais c'est ainsi.
05:01Tant mieux pour les Corses.
05:04Et donc il n'aurait pas dû s'énerver Macron, il aurait dû dire, c'est bien en comparaison.
05:09Vous vous rendez compte, Macron compare à Napoléon, il va finir invalide.
05:12Philippe de Villiers, on continue et vous souhaitez absolument revenir sur l'allocution du président de la République mercredi soir.
05:20Le chef de l'État a parlé d'une nouvelle ère pour l'Europe,
05:23d'une Russie qui menace le continent européen, l'Europe et la France.
05:30Qui peut donc croire, dans ce contexte, que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?
05:38La Russie est devenue, au moment où je vous parle et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l'Europe.
05:45Mes chers compatriotes, face à ces défis et ces changements irréversibles,
05:51il ne faut céder à aucun excès.
05:55Ni l'excès des vats en guerre, ni l'excès des défaitistes.
05:59La France ne suivra qu'un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté.
06:06Fidèle en cela, à son histoire et à ses principes.
06:10– Comment avez-vous jugé, Philippe de Villiers, l'intervention cette semaine,
06:15les interventions d'Emmanuel Macron ?
06:18– Alors, je vais sans doute prendre le contre-pied de toute la presse française
06:27et de presque toute la classe politique.
06:32Donc, accrochez les ceintures.
06:35Simplement, je pense que ce que je vais dire, dans 20 ans, on dira qu'il avait raison.
06:41Ce sera trop tard pour moi.
06:43– On fera des émissions où il nous fera les archives.
06:46– Pour les archives ? Pour le face à Geoffroy Lejeune ?
06:49– Vous, j'en tirerai, vous !
06:52Alors, d'abord, il y a une chose qui a échappé à tout le monde.
06:57Mais vous, qui êtes des hommes de télévision,
07:01ça ne vous a peut-être pas échappé, c'est les infographies.
07:04Pourquoi ? Parce qu'il a mis les chars russes.
07:07En fait, quand j'étais jeune sous-préfet de Vendôme,
07:11et que le 10 mai 1981 est arrivé, le lendemain,
07:14il y a des familles entières qui venaient aux grilles de la préfecture en disant
07:18qu'est-ce qui va se passer ? Les chars russes vont arriver.
07:21Parce que les chars russes étaient en Allemagne de l'Est.
07:23Et donc là, il nous a fait le coup des chars russes, avec l'infographie.
07:27C'est malin, Emmanuel, il est malin, je le connais bien.
07:29C'est un roublard, il est très malin.
07:33Donc ça s'appelle du subliminal à la télévision.
07:37Alors maintenant, entrons dans le fond des choses.
07:45J'ai cherché, en le regardant, une image dans la littérature française.
07:52En me disant, il me rappelle quelqu'un, mais qui ?
07:56J'ai mis du temps à trouver.
07:58Et en fait, là, à l'instant, pour moi, c'est clair.
08:03C'est Tartarin de Tarascon.
08:06C'est-à-dire qu'il est ventard, fanfaron, grandiloquent.
08:12Et il a perdu sa guerre.
08:15Il a perdu sa guerre, Tartarin de Tarascon.
08:19Et il joue du tambour, de la trompette,
08:24et rameute tout le village devant la place de la mairie.
08:27Et on se souvient, quand il battait tambour, de ce qu'il disait.
08:32On va envoyer des troupes en Ukraine.
08:36C'était un risque fou.
08:38Finalement, on ne l'a pas fait.
08:40Ensuite, on va envoyer des missiles balistiques,
08:45des missiles à longue portée, pour frapper la Russie.
08:49Ils vont comprendre, les Russes, ça va les calmer.
08:52Ça ne calme les personnes.
08:54Ensuite, il a dit, attention, je peux appuyer sur le bouton.
08:57Et ça n'a pas fait peur aux Russes.
09:00Mais Tartarin continue.
09:02Et il continue comment ? Avec des tartarinades.
09:05L'expression, elle est dans la littérature française.
09:08Qu'est-ce que c'est que les tartarinades ?
09:10Il y en a trois.
09:12Première tartarinade, la Russie est à genoux.
09:16Ça, c'est la phrase de Bruno Le Maire, le ministre de la transition érotique.
09:23La Russie est à genoux, avec des sanctions.
09:25Dans 15 jours, c'est fini.
09:27Vous vous souvenez de ça ?
09:29On en avait parlé ici.
09:31Vous-même, vous vous disiez, c'est peut-être vrai.
09:33Quand même, il est ministre de l'économie.
09:35Il ne fait pas que creuser les déficits.
09:38Il a aussi une conscience et un jugement, ce monsieur Le Maire.
09:42Deuxièmement, deuxième tartarinade, la Russie est isolée.
09:48Ne vous inquiétez pas, la Russie est isolée.
09:51Mais en fait, on a le monde entier contre nous.
09:55On a tout le sud global.
09:57Derrière la Russie, il y avait la Chine, il y avait l'Inde.
10:00Il y a toujours, etc.
10:02C'est-à-dire qu'en fait, c'est l'Occident qui est isolé aujourd'hui.
10:05On pèse plus qu'un milliard, et puis cinq milliards les autres.
10:08Donc, on est à front renversé.
10:11Et troisièmement, et je pense à la chaîne concurrente LCI,
10:16qui est vraiment la chaîne des généraux de plateau extraordinaire,
10:20que j'ai regardée souvent.
10:22Maintenant, ça me fait rire, parce qu'ils sont toujours là.
10:25Et ils expliquent le contraire de ce qu'ils expliquaient.
10:28Ils disaient, bien sûr, oui, non.
10:30Parce que l'opération de course, ça y est, c'est la percée,
10:34la percée conceptuelle, la percée stratégique.
10:37La Russie est foutue.
10:39Tous les généraux de plateau, pas que cette chaîne-là, d'autres chaînes.
10:42Et puis non, il ne s'est rien passé.
10:45En fait, Tarascon courait sur le tapis américain,
10:54et voilà que Trump tire le tapis, le carpet bombing.
11:01Alors, en fait, il a fait une sortie de route, mercredi soir.
11:05Il était à contretemps et à contresens.
11:15Alors, il était à contretemps, puisqu'il n'a pas prononcé le mot paix.
11:27Au moment où le monde entier parle de la paix en Ukraine.
11:30Ensuite, il n'a pas prononcé le mot négociation.
11:34Au moment où on ne parle dans le monde entier, de Kiev jusqu'à Riyad,
11:43on ne parle que de négociation.
11:46Il n'a pas prononcé le mot après-guerre,
11:50alors qu'aujourd'hui, toutes les chancelleries du monde entier
11:54sont dans l'après-guerre qui se profite de la paix.
11:58C'est l'après-guerre qui se profile.
12:01Et il n'a pas prononcé le mot réconciliation,
12:06alors que les Russes et les Américains sont en train de se réconcilier.
12:10Et non seulement ça, mais ils sont en train de se réconcilier
12:13sur le dos des Européens qui vont devoir payer la décision,
12:16puisque nous, notre rôle, ce sera quoi ?
12:18De faire rentrer l'Ukraine dans l'Union Européenne.
12:21Vous la voulez, vous allez la prendre.
12:23Et de payer la reconstruction.
12:26Aux frais de qui ? Du contribuable français.
12:29Je demande aux gens qui nous regardent
12:31de réfléchir un peu, d'avoir de la distance
12:33par rapport à la parole présidentielle,
12:36parce que tout ça va nous coûter très cher.
12:38On va être ce qu'on appelle les dindons de la farce.
12:43En fait, quand on réfléchit bien,
12:45je dis qu'on est à contretemps. Pourquoi ?
12:48Parce que nous, les Français, on a suivi les Américains
12:52quand ils étaient des vats en guerre.
12:55Et aujourd'hui, on quitte les Américains
12:59quand ils deviennent des vats en paix.
13:02Parce que nous, on est les derniers vats en guerre de la planète.
13:07Je dis contretemps, mais aussi contresens.
13:10C'est encore plus grave.
13:12Il est à contresens. Pourquoi ?
13:14Parce qu'il a dit, il y a une menace existentielle,
13:19c'est la Russie.
13:21Bon.
13:23Alors moi, je réponds ceci.
13:25Premièrement, la Russie n'est pas une menace existentielle.
13:30C'est d'ailleurs ce que les Américains ont compris.
13:33Pourquoi ? Elle a pris en 3 ans 18% du territoire ukrainien.
13:39En fait, elle est épuisée.
13:42Elle n'a pas la capacité d'aller plus loin.
13:45Tous les militaires savent exactement de quoi ils retournent.
13:48Donc il n'y a pas de risque majeur.
13:52Quand bien même elle voudrait aller jusqu'aux frontières françaises.
13:56Aucun risque.
13:58Donc c'est un mensonge.
14:01De faire peur aux gens, de faire peur aux Français.
14:04Mais ça va plus loin.
14:06Trump a compris en fait ce que voulait la Russie.
14:11La Russie, elle veut deux choses.
14:14Je suis le seul à le dire aujourd'hui, avec Pierre Lelouch.
14:18C'est regrettable, mais bientôt tout le monde le dira.
14:21Parce que c'est ce que pense Trump.
14:23Trump, il a compris. Avec Vance, ils ont compris.
14:26La Russie, elle veut deux choses.
14:28Elle veut qu'on tienne compte du fait que l'Ukraine, ce n'est pas un pays comme un autre.
14:33L'Ukraine, c'est un peuple slave qui est lié à l'histoire du peuple slave russe.
14:39Lorsque j'avais rencontré Vladimir Poutine en 2014, il m'avait dit
14:42« Vous savez, pour nous, le berceau de la Russie, c'est Kersenez, le baptême de Vladimir 1er en 1988.
14:51Et ensuite Kiev, parce que c'est là que dans les eaux du fleuve s'est baigné le peuple russe.
14:58C'est le premier baptême du peuple russe.
15:00La Russie s'appelait la Russe.
15:02Donc la Russe, elle est née à Kiev.
15:04Donc, entre ces deux peuples,
15:07Solzhenitsyn m'avait dit « Si un jour il y a une guerre entre les deux peuples, je ne veux pas que mes fils y aillent.
15:15C'est-à-dire que ce sont deux peuples qui s'aiment, qui se retrouveront, qui se sont entre-déchirés.
15:23Mais on peut comprendre que Poutine ait dit à Trump
15:29« Ça fait 30 ans, 40 ans que vous cherchez à faire entrer l'Ukraine dans l'OTAN.
15:36Et pour moi, c'est un risque géostratégique majeur parce que je ne veux pas avoir des missiles braqués sur moi à une heure de Moscou.
15:44En fait, si on comprend ça, on comprend la cause de la guerre.
15:48Et donc, la promesse n'a pas été tenue, alors que Nicolas Sarkozy et même Angela Merkel avaient dit en 2008
15:56« Attention, il ne faut pas faire rentrer l'Ukraine dans l'OTAN, il faut que l'Ukraine ait un statut de neutralité.
16:07Au sens de Kissinger, c'est-à-dire que l'Ukraine soit un pont entre la Russie et la partie occidentale de l'Europe.
16:16Alors, quand je dis que la Russie n'est pas une menace existentielle, il y a des menaces existentielles.
16:25Dont personne ne parle.
16:28J'entendais ce matin François Bayrou, ici même, avec son éloquence entraînante et hélicoïdale empêtrée de formules salpêtrées.
16:45Et en fait, ils n'ont rien compris au problème de la France.
16:51Le pronostic vital de la France est engagé. Pourquoi ?
16:56Parce que depuis huit ans, et même avant, en tout cas depuis huit ans, la France a perdu la maîtrise de son destin.
17:04Elle a perdu la maîtrise de sa démographie.
17:08Si tant est que l'enfance soit la ligne de flottaison de l'espoir d'une société, il n'y a plus d'espoir, on est sous la ligne de flottaison.
17:16On a perdu la maîtrise de notre démographie, on a perdu la maîtrise de nos finances.
17:22Avec une spirale infernale que Bayrou constate lui-même, puisqu'il parle de délabrement.
17:30Et puis on a perdu, évidemment, la maîtrise de notre souveraineté.
17:34Mais la vraie menace, c'est évidemment l'islam radical.
17:39C'est que la terre de France porte aujourd'hui deux peuples, côte à côte, avec des croyances, des moeurs, un art de vivre, une mémoire qui ne sont plus les mêmes.
17:51Et donc on est côte à côte, on sera bientôt face à face, comme disait l'ami d'Emmanuel Macron.
17:59Donc en fait, la vraie menace, elle est là.
18:03Alors pourquoi Macron a fait ça ? Pourquoi il a fait ça ?
18:06Moi qui connais bien la politique, qui connais bien la coulisse, et qui ai assez de malice pour comprendre les grands malicieux.
18:17En fait, il hésite entre la tentation maréchaliste, c'est-à-dire relancer un quinquennat crépusculaire, il fait don de sa personne à l'Ukraine.
18:34Et il évoque la patrie, au sens de Mitterrand, la France est notre patrie, l'Europe est notre avenir.
18:46Mais en fait, quand même, c'est la première fois de son quinquennat qu'il évoque le mot patrie.
18:50Moi, quand je déjeunais avec lui, que je prononçais le mot patrie, la fourchette tourbait.
18:57On me dit, vous en êtes encore là ? Vous n'êtes plus en 1914 ? Ah bon, d'accord, la patrie.
19:05Et la deuxième tentation, c'est la tentation bismarckienne.
19:09Bismarck, qu'est-ce qu'il a fait ? Pour faire l'Allemagne, en fait, réunir tous les États, il a fait d'abord la guerre avec l'Autriche-Hongrie, ça a donné Sadova.
19:18Il a réuni l'Allemagne du Nord, le Solferheim, puis après, il a fait la guerre avec la France.
19:24Et dans la galerie des glaces, il a annoncé la création de l'Allemagne, la grande Allemagne.
19:30En d'autres termes, il a fédéralisé les États grâce à la crise, grâce à la guerre, à deux guerres successives.
19:37Et qu'est-ce que cherche à faire Macron ?
19:40Macron a fait la même chose en se servant non plus de l'Amérique comme fédérateur extérieur, mais de l'Ukraine,
19:48en cherchant le chaos fédérateur pour fédéraliser les États autour de la Commission pour une Europe fédérale.
19:58Et pourquoi ça ? Parce qu'un jour, il m'a fait une confidence devant Brigitte.
20:05Il pourra pas me démentir. Je le mets au défi de me démentir.
20:11Je lui ai dit, qu'est-ce que vous ferez plus tard ? Vous serez chocolatier chez Trogneux ?
20:17Parce que Saint-Hélène, c'est pas un métier, il va pas tailler des rosiers.
20:24Il m'a dit non. La présidence de la Commission ou la présidence du Conseil, Costa,
20:31il a pas parlé de Costa, qui existait pas à l'époque.
20:36Mais son idée, c'est d'être le président de l'Europe fédérale.
20:42Il a dit, je suis trop jeune pour renoncer à la politique.
20:45Et je sais pas si vous vous souvenez, mais au Kazakhstan, il avait dit, je ferai un tout autre job.
20:53Mais le tout autre job, c'est quand même un job.
20:55C'est un job. Et en fait, à la Commission, on parle de job.
21:00Parce que c'est pas des gens élus. C'est un lapsus révélateur.
21:06La publicité, on revient dans un instant. Vous avez parlé de l'Europe fédérale.
21:12On parlera de cette Europe de la défense. Est-ce que c'est une Europe de la défense pour créer,
21:16et vous en avez abordé un petit peu, l'Europe fédérale ?
21:20On a encore énormément de choses à traiter. Comment vous dites que l'actualité est ?
21:25Chargée. L'actualité est chargée.
21:28A tout de suite pour la suite face à Philippe de Villiers.
21:34Il s'en passe des choses pendant la publicité Philippe de Villiers.
21:38Un jour, on racontera tout.
21:40C'est dommage parce que…
21:42Je mettrais une petite caméra comme ça.
21:44Philippe de Villiers, je vous posais une question naïve,
21:47mais parce que j'ai entendu Donald Trump cet après-midi dire,
21:51jamais il n'y aurait eu cette guerre si j'avais été aux manettes.
21:55J'ai voulu faire le parallèle avec nos anciens présidents,
21:59un homme comme Jacques Chirac.
22:01Il n'y aurait eu cette guerre en Ukraine avec un homme comme Jacques Chirac ?
22:04Jamais.
22:06Pourquoi ?
22:08Parce qu'il connaissait parfaitement l'histoire de l'Ukraine, l'histoire de la Russie.
22:11Et que, comme d'ailleurs François Mitterrand ou Nicolas Sarkozy
22:17ou Valéry Giscard d'Estaing,
22:22la forcerie générale de Gaulle,
22:25en fait, ils savaient qu'à terme, il n'y avait pas d'autre Europe,
22:29il n'y a pas d'autre Europe que l'Europe de l'Atlantique à l'Oural.
22:33En d'autres termes,
22:38l'Europe aujourd'hui,
22:41elle a un voisinage qui est celui de la Russie.
22:45Ce sont nos voisins.
22:47Et Napoléon disait, on y revient,
22:50Napoléon disait, on a la diplomatie de sa géographie.
22:54Donc, quand vous êtes Européens,
22:57vous êtes Européens de l'Ouest, de l'Est, vous êtes catholiques, orthodoxes, etc.
23:02Jean-Paul II disait, il n'y aura de tranquillité en Europe,
23:06la paix c'est la tranquillité de l'ordre, il disait.
23:09Il reprenait le mot de Saint-Thomas et il ajoutait,
23:12il n'y aura de paix durable
23:15que lorsque l'Europe respirera de ses deux poumons.
23:19C'est-à-dire le poumon orthodoxe et le poumon catholique.
23:23Et donc, en fait, Jacques Chirac, j'ai eu des conversations avec lui,
23:28j'ai eu des conversations avec Nicolas Sarkozy.
23:32Pour eux,
23:34il fallait tenir compte du lien ancestral
23:38entre la Russie, l'Ukraine,
23:41et aussi tenir compte du fait que
23:45Dostoïevski parlait la langue française.
23:47Et que, en fait, la Russie, depuis les Tatars, elle oscille.
23:54Là, aujourd'hui, on l'a rejetée du côté de la Chine.
23:58C'est fou, ces gens sont des ignares,
24:01ce sont des imbéciles, ils sont d'une bêtise crasse.
24:05Et je vais vous dire, dans 20 ans, qu'est-ce qui se passera ?
24:08On fera la grande Europe.
24:10En fait, là, c'est fini, le modèle bruxellois,
24:13le modèle mastrichien, c'est fini, il est en train de mourir sous nos yeux.
24:15Le canard sans tête continue dans la basse-cour.
24:19Il n'y a que lui qui ne voit pas qu'il est mort.
24:21C'est fini.
24:23Donc, qu'est-ce qu'on va faire après ?
24:25On va faire la grande Europe au sens géographique.
24:28Alors, c'est difficile de dire ça aujourd'hui,
24:31de faire entendre ça.
24:33Il y a des amis ukrainiens qui nous écoutent,
24:35mais en fait, il y aura tout le monde dans cette Europe-là.
24:37Ce sera la grande Europe, comme il y a la grande Amérique,
24:39comme il y a la grande Chine, etc.
24:41Et puis, ensuite, ce sera un concert des nations,
24:43c'est-à-dire qu'il n'y aura plus des commissaires non élus,
24:48ce sera un concert des nations au sens de Maternique, de Talleyrand,
24:52avec une coopération géostratégique sur les problèmes de sécurité,
24:58sur les problèmes de narcotrafic, etc.,
25:00sur les problèmes communs qui nous sont communs,
25:02et puis une grande liberté des peuples
25:05pour que chaque peuple continue à exprimer son identité.
25:08Si les budgets de l'armée Philippe de Villiers ont augmenté,
25:11les débuts étaient tout autres.
25:13Quand je parle des débuts, je parle de 2017.
25:16Le chef d'état-major, un certain Pierre de Villiers,
25:19avait alerté sur les risques d'une coupe budgétaire pour la dépense.
25:23850 millions d'euros d'économie étaient réclamés à l'époque par Percy,
25:28et la veille du 14 juillet, voilà ce qu'avait dit Emmanuel Macron
25:33lors de son traditionnel discours aux armées,
25:36et il interpellait directement, ou indirectement,
25:40le chef d'état-major à l'époque, Pierre de Villiers.
25:44Il ne m'a pas échappé que ces derniers jours
25:47ont été marqués par de nombreux débats
25:50sur le sujet du budget de la défense.
25:53Je considère, pour ma part,
25:57qu'il n'est pas digne d'étaler certains débats sur la place publique.
26:01J'ai pris des engagements.
26:04Je suis votre chef.
26:06Les engagements que je prends devant nos concitoyens
26:10et devant les armées, je sais les tenir.
26:13Et je n'ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire.
26:18Et c'était une alerte qui n'était pas sur la place publique,
26:21mais en commission à huis clos.
26:23C'est important de le rappeler,
26:25Pierre de Villiers avait dit le lendemain,
26:27je crois, je considère ne plus être en mesure
26:29d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel je crois,
26:32pour garantir la protection de la France et des Français,
26:35aujourd'hui et demain,
26:37et soutenir les ambitions de notre pays.
26:40Et il avait démissionné, ce qui est rarissime à ce poste,
26:43huit ans ont passé.
26:45Est-ce que vous pensez qu'on peut dire aujourd'hui
26:47que votre frère, le général Pierre de Villiers, avait raison ?
26:49Tout le monde évoque son nom.
26:52Tout le monde évoque cet épisode.
26:54Et tout le monde constate la volte-face d'Emmanuel Macron.
26:59Et moi, ce que je peux dire, c'est qu'il faut lire son livre,
27:04servir.
27:06Il dit tout dans son livre.
27:08Il dit dans son livre ce qu'il a dit à Emmanuel Macron.
27:10Et en fait, c'est un officier visionnaire,
27:13comme il en est peu dans l'armée.
27:16La grande muette.
27:18Pourquoi c'est un officier visionnaire ?
27:20Parce qu'il avait vu,
27:22et probablement il a dit à Emmanuel Macron,
27:25je n'étais pas là pour étendre l'oreille,
27:28mais j'imagine,
27:30il a dû dire à Emmanuel Macron,
27:32votre nouveau monde
27:34est désormais l'ancien monde,
27:37car nous sommes entrés dans un poste monde.
27:41Dans votre nouveau monde,
27:44calqué sur Fukuyama, l'historien,
27:47vous croyez, vous faites croire aux Français
27:51que la mondialisation heureuse,
27:54la mondialisation des échanges,
27:56que l'échange généralisé
27:58va nous amener la paix perpétuelle par le doux commerce.
28:01Mais ça, c'est déjà fini.
28:04Et vous ne le voyez pas.
28:06Pourquoi ?
28:07Parce que,
28:09aujourd'hui,
28:11les chaînes de valeurs globales
28:14qui sont censées être inextricables
28:16et créer des liens inextricables entre les nations,
28:19c'est le passé.
28:21Ce qui vient,
28:23c'est trois phénomènes nouveaux.
28:25Il faut relire ce livre, Servir.
28:28C'est un livre magistral,
28:30comme vers l'armée de métiers.
28:32Premier phénomène,
28:33le retour des États-puissances,
28:36le retour des logiques de puissance.
28:38Et là, qu'est-ce qu'on voit en ce moment ?
28:40L'Amérique veut retrouver la Grande Amérique.
28:45La Chine veut retrouver l'Empire du Milieu.
28:49Les Turcs rêvent de l'Empire ottoman.
28:51Les Iraniens rêvent de la Perse.
28:54Et la Russie rêve de l'accès aux mers chaudes.
28:57Deuxième phénomène,
28:58le va-et-vient,
29:01le chassé-croisé plutôt,
29:04des taux de natalité entre le Nord et le Sud
29:07qui condamnent le Nord.
29:09Le Nord qui vit dans l'insouciance et l'euphorie
29:13sa probable disparition.
29:16Et le Sud qui se déverse par vagues successives
29:22dans le cadre de ce qu'on appelle l'immigration invasive,
29:24et qui va faire payer très cher au Nord
29:28le traité de Tarselias.
29:31Ce traité qui a été signé en 1494,
29:35deux ans après l'arrivée de Christophe Collot en Amérique.
29:40Ce traité au terme duquel
29:43le monde est divisé par un méridien
29:46en deux parties à conquérir ou déjà conquises
29:50entre les Portugais et les Allemands.
29:51Et c'est ça qu'on paye aujourd'hui,
29:54c'est une recolonisation,
29:58une revanche décoloniale,
30:02la revanche du Sud sur le Nord.
30:05Et le troisième phénomène qui est lié au second,
30:09c'est l'effondrement du système institutionnel.
30:14L'ONU,
30:16ils ne font plus rien,
30:18l'ACPI, l'OMC, l'OMS,
30:21tous ces organismes-là sont disqualifiés.
30:24Et qu'est-ce qu'on voit arriver ?
30:27Le Sud global, les BRICS,
30:30c'est-à-dire un nouvel ordre mondial
30:33qui se substitue à l'ordre mondial précédent.
30:36Et dans ce cadre-là,
30:39le général Pierre de Villiers, c'est son honneur,
30:42a tiré la sonnette d'alarme en disant
30:44attention, attention,
30:47pour faire une armée moderne, il faut 20 ans.
30:50Et donc le temps qu'on va perdre
30:53en faisant des coupes budgétaires
30:56pour des raisons de commodité politique immédiate,
30:59c'est un temps perdu définitivement.
31:02Voilà.
31:04Autre sujet, parce qu'on parle d'être fort
31:07contre la Russie de Vladimir Poutine-Philippe de Villiers,
31:10mais qu'en est-il du rapport de force avec l'Algérie ?
31:12On en parlait déjà la semaine dernière
31:15avec cette déclaration d'Emmanuel Macron depuis Porto
31:18où il désavoue son gouvernement
31:21et le ministre de l'Intérieur
31:24qui entendait dénoncer les accords de 1968
31:27renvoyant d'ailleurs dos à dos le régime algérien
31:30avec la communication du gouvernement français.
31:33Vous l'avez dit tout à l'heure,
31:36François Bayrou était l'invité ce matin
31:39de Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari
31:42sur l'Algérie.
31:44Nous avons des accords super privilégiés.
31:47Des accords super privilégiés,
31:50ça impose un vrai respect.
31:53Réciproque dans les deux sens.
31:56Ça commence par le respect des accords,
31:59mais il y a d'autres questions.
32:02Le gouvernement algérien a développé
32:05contre la langue française,
32:08contre la culture française
32:10un accord extraordinairement agressif.
32:13Ce n'est pas du bras de fer que nous devons chercher,
32:16mais nous devons chercher à préciser
32:19la portée des accords que nous avons
32:22et ce que ces accords signifient
32:25en termes de respect réciproque.
32:28C'est ça ce que j'ai défendu
32:31et c'est ce que je crois absolument nécessaire.
32:34Chauffroi le jeune.
32:37Vous avez compris quelque chose ?
32:40J'ai eu la chance de discuter après l'interview
32:43avec des conseillers et je n'ai pas compris
32:46toujours pas après l'explication.
32:49C'est du boulot. Pour arriver à ça,
32:52il faut 40-50 ans.
32:55Normalement, on dit quelque chose.
32:58Arriver à ne rien dire pendant presque une heure,
33:01c'est un métier.
33:04Ça fait plusieurs semaines qu'on en parle
33:07de cette affaire algérienne.
33:10Est-ce que vous pensez que ce sera un tournant
33:13pour le gouvernement de François Bayrou ?
33:16Il n'y a plus que cinq semaines,
33:19parce que c'était six semaines
33:22quand il a fait sa conférence de presse.
33:25Vous imaginez si Boilem Sansalle
33:28entend ce Gallimatia ?
33:31Parce qu'on ne comprend rien,
33:34mais surtout ce qu'on comprend,
33:37c'est qu'il ne va rien se passer.
33:40Si l'accord n'est pas respecté,
33:43il sera dénoncé, ça ne peut pas être plus clair.
33:46Et le président, quelques heures après,
33:49dit qu'il n'est pas question de dénoncer cet accord.
33:52Et on a Bayrou qui vient et qui dit à Sonia Mabrouk
33:55et Laurence Ferrari,
33:58vous n'avez rien compris,
34:01le cheval blanc d'Henri IV est gris.
34:04Allons plus loin.
34:07Pourquoi ?
34:10Éliott, Geoffroy,
34:13c'est pourquoi Emmanuel Macron
34:16fait le refus d'obstacle.
34:19Pourquoi il se cabre ?
34:22Parce que,
34:25d'abord, il fait attention
34:28à Van der Leyen parce qu'il y a un accord
34:31en ce moment très important
34:34en cours de négociation entre la commission de Bruxelles
34:37qui nous commande, qui commande notre destin,
34:40il y a 20% du gaz qui vient d'Algérie
34:43et l'Algérie.
34:46Deuxièmement et surtout,
34:49il a un souvenir cuisant
34:52de ce qui s'est passé avec les émeutes
34:55de 2023 et donc il a peur de la diaspora
34:58comme l'a dit très bien Alexandre Devecchio récemment
35:01sur votre antenne.
35:04Alors pourquoi il a peur ?
35:07Parce qu'il y a un traumatisme
35:10qu'il a vécu personnellement.
35:13D'abord, on a vu
35:16qu'au cœur des émeutes,
35:19vous vous en souvenez certainement,
35:22il y a le président turc et le président algérien
35:25qui ont mis en garde le président français
35:28en disant attention à nos ressortissants sur le sol français.
35:31En d'autres termes, la France n'est plus tout à fait souveraine
35:34sur son territoire. Incroyable.
35:37Deuxièmement, les bandes
35:40de milieux dans les quartiers
35:43appelaient les forces de police des forces d'occupation.
35:46Donc on était dans une logique de conquête.
35:49Conquête de souveraineté.
35:52Et enfin, troisièmement,
35:55ce n'est pas l'État qui a arrêté les émeutes.
35:58On le sait maintenant. Ce sont les narcotrafiquants,
36:01ce sont les caïds, ce sont les grands frères.
36:04En d'autres termes, l'autorité souveraine n'est plus entre les mains de l'État.
36:07Et ça, ça l'a littéralement traumatisé.
36:10Mais moi, ce que je constate,
36:13et pour Macron, et pour la Macronie,
36:16et pour la Mélenchonnie,
36:19et pour la Bayrouerie,
36:22la Bayrouerie...
36:25En fait,
36:28tout est dans l'expression de Bayrou.
36:31Le soir de l'attentat
36:34de Mulhouse.
36:37Le fanatisme a encore frappé.
36:40Cette expression n'est pas de lui, elle est de Voltaire.
36:43Quand il voulait détruire le catholicisme.
36:46Il appelait ça le fanatisme.
36:49Et il disait, écrasons l'infâme. Il signait comme ça ses lettres.
36:52Écrasons l'infâme.
36:55Et aujourd'hui, le fanatisme, ce que ça veut dire dans la bouche d'un homme politique,
36:58ça veut dire que c'est un acte isolé d'un croyant
37:01qui échappe à sa communauté et qui est un déséquilibré.
37:04Donc c'est facile à traiter. On psychiatrise le cas.
37:07C'est-à-dire que nos hommes politiques,
37:10la caste élitaire,
37:14ne comprennent pas ou ne veulent pas dire
37:17que c'est une guerre qui nous est faite.
37:20En fait, nous sommes devant, je pèse mes mots,
37:23une branchitude avachie
37:26qui ne se sent plus capable
37:29de porter le dépôt millénaire,
37:32qui rêve d'un autre soi,
37:35qui rêve de s'abolir dans une histoire nouvelle,
37:37dans une histoire extérieure, dans une histoire virile.
37:40C'est-à-dire qu'en fait, sourdement,
37:43les âmes veulent,
37:46cherchent un nouveau maître.
37:49Le nihilisme occidental
37:52prenant congé
37:55de la chrétienté flageolante
37:58s'exerce
38:01à
38:04une fascination étrange
38:07avec une religion forte
38:10qui permet de renouer
38:13avec la différenciation sexuelle,
38:16le combattant au feu et la femme au foyer.
38:19En d'autres termes,
38:22et c'est une curiosité de notre temps,
38:25je pèse mes mots,
38:28l'hédonisme consumériste
38:31va finir sa trajectoire
38:34en venant par une sorte de ruse hypnotique
38:37ou un exact contraire.
38:40Vous avez parlé à l'instant des émeutes de 2023
38:43qui ont eu pour genèse
38:46la mort de Naël.
38:49Et dans l'actualité cette semaine, Philippe Devilliers,
38:52il y a la colère des policiers après les réquisitions du parquet de Nanterre
38:55du renvoi pour meurtre du policier ayant tiré
38:58mortellement sur Naël en juin 2023.
39:01Je vous propose qu'on écoute ensemble
39:04le maître Laurent-Franck Liénard
39:07du policier qui est renvoyé
39:10devant la cour d'assises pour meurtre.
39:13Je n'ai pas été surpris parce que je m'y attendais.
39:16En revanche, très déçu par ces réquisitions
39:19qui sont lunaires, un argumentaire
39:22qui est vide de sens.
39:25Je suis très déçu qu'on traite mon client de cette manière.
39:28S'agissant de la simple qualification de meurtre,
39:31bien sûr elle est inadaptée.
39:34Mon client n'a jamais voulu tuer personne,
39:37les expertises ont bien démontré
39:40que c'est la poussée du véhicule qui dévie la trajectoire du tir.
39:43Donc pourquoi le renvoyer pour meurtre ?
39:46Le parquet lui-même, qui fait l'analyse des éléments à charge
39:49et à décharge, a plus d'éléments à décharge qu'à charge.
39:52Et le seul élément à charge, et c'est un peu grotesque,
39:55c'est de dire que mon client n'a pas été prudent
39:58dans l'utilisation de son arme.
40:01Mais ne pas être prudent dans l'utilisation de son arme,
40:04ça ne veut pas dire qu'on a voulu tuer.
40:07Pourquoi ?
40:10Si vous saviez le nombre de lettres que je reçois
40:13de policiers et de gendarmes, c'est hallucinant.
40:16Toutes les semaines, ils sont désespérés.
40:19Donc il faut leur donner une parole d'espoir,
40:22mais il faut avoir l'esprit de vérité.
40:25En fait, cette décision du parquet,
40:28c'est la défaite de l'autorité
40:32et la victoire des racailles.
40:34C'est la défaite de l'autorité,
40:37et c'est grave.
40:40Pourquoi ? Parce que c'est
40:43la fin de la présomption d'innocence pour les policiers,
40:47c'est le début de la présomption de culpabilité.
40:50C'est-à-dire que c'est un renforcement complet
40:53sur le plan juridique et sur le plan psychologique.
40:56C'est aussi la fin de la légitime défense.
40:59Quand on se sert de son arme de service psychologique,
41:01quand on se sert de son arme de service,
41:04puisque la définition du meurtre,
41:07c'est donner la mort volontairement.
41:12Donc là, le parquet,
41:15c'est comme si le policier avait donné la mort volontairement.
41:19Alors qu'il y a une vieille expression du maréchal Delatte,
41:23à la guerre, on ne tue pas, on met hors d'état de nuire,
41:26c'est autre chose.
41:29Et enfin, l'autorité, c'est le parquet.
41:33Le parquet, c'est la société.
41:36Le ministre de la Justice aurait dû démissionner.
41:40Non pas à la suite d'une défaillance personnelle,
41:45mais pour protester, pour marquer le coup.
41:49Il n'y a pas eu un mot, en fait.
41:54Bayrou, rien.
41:56Macron, rien.
41:59Le parquet, c'est la société.
42:02Mais le parquet, c'est le gouvernement.
42:05Dire que le parquet n'a pas de lien avec le gouvernement,
42:08dans cette affaire, comme dans l'affaire Marine Le Pen,
42:11on sait très bien, c'est comme si on nous disait
42:14que Richard Ferrand, le président du Conseil constitutionnel,
42:17n'est plus l'ami d'Emmanuel Macron.
42:20On sait comment ça marche.
42:23Et je dis, c'est la victoire des racailles. Pourquoi ?
42:26Et quel est ce message ?
42:29Ce message, c'est le privilège victimaire,
42:33protégé par le président de la République,
42:36qui avait dit, c'est une faute inexcusable, en parlant du policier,
42:39protégé par l'agence France Presse, qui est la pravda française,
42:42et qui a dit, voilà, c'est la violence policière.
42:45En d'autres termes, on est devant
42:49une démoralisation du corps social
42:52qui a pour mission d'être le dernier rempart
42:55de nos libertés, de notre sécurité.
42:58Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, ce matin,
43:01s'est dit stupéfait de ce réquisitoire, et a rappelé
43:04que c'était qu'un réquisitoire,
43:07et qu'il était évidemment présumé innocent,
43:10et qu'il attendait de voir la décision.
43:12Mon père me disait toujours, Philippe,
43:14quand les policiers sont décontents, attention,
43:16ça a été la fin de la 4ème République.
43:18Votre apologue ce soir est particulier, Philippe de Billier,
43:21car il revient sur une polémique
43:24de la basilique Saint-Denis.
43:26Une exposition plaçant des femmes voilées
43:30à côté des tombeaux des reines de France.
43:33Alors, pourquoi souhaitiez-vous nous traiter
43:38ce sujet à travers un apologue ?
43:40Alors, c'est un apologue particulier.
43:42Quand j'ai vu ces images,
43:46je suis tombé de l'armoire,
43:52et je me suis dit,
43:54on voyage ensemble avec Eliott et Geoffroy,
43:58et on embarque...
44:00Le million de téléspectateurs ?
44:02Le million de téléspectateurs.
44:04C'est à vos frais !
44:06Et on arrive dans la nécropole,
44:09tous ensemble,
44:11on passe sous l'arbre de Jessé,
44:13et les rois d'Israël,
44:15et on passe à côté du gisant d'Agobert,
44:19du quai Clun, etc.
44:22Les rois, les reines.
44:26Et là, on pense
44:29à l'histoire millénaire de la France.
44:34Saint-Denis,
44:36l'évêque martyr,
44:39et puis,
44:41la signification de tous ces gisants, c'est quoi ?
44:44C'est la matrice de la France.
44:46C'est-à-dire le lien
44:48bimillénaire
44:50entre
44:52le pouvoir
44:55et la famille.
44:57On invente
44:59l'idée de dynastie pour lutter contre l'instant,
45:03pour embrasser le temps long.
45:07Et ensuite,
45:09le lien entre le pouvoir
45:11et le sacré.
45:13D'où l'idée du synchronisme.
45:16C'est-à-dire,
45:18sortir
45:20l'homme ou la femme
45:22du milieu où ils se trouvent
45:24et l'élever
45:26au rang du mystère
45:28pour que le pouvoir
45:30suscite
45:33une obéissance d'assentiment.
45:39Ça, c'est le premier temps
45:41de notre voyage
45:43dans le temps,
45:44dans le même lieu.
45:46Et tout à coup,
45:48on voit des pierres dispersées qui évoquent
45:51la profanation.
45:53C'est-à-dire qu'il fut un temps où
45:56la Révolution française
45:59a donné l'ordre
46:01d'écrire de la Convention
46:03tout détruire.
46:06La table rase,
46:08la profanation des tombes,
46:11c'est la barbarie.
46:13La profanation des tombes, pourquoi ?
46:15Parce qu'on installe une nouvelle religion,
46:17la religion du nouvel homme nouveau.
46:20À partir de la phrase de Robespierre,
46:23quand j'ai vu à quel point
46:25l'espèce humaine était dégradée,
46:27je me suis convaincu moi-même
46:29de la nécessité
46:31d'un recommencement absolu
46:33de l'humanité.
46:35C'est-à-dire que c'est une annonciation
46:37de type eschatologique.
46:39On détruit les tombes
46:40pour pouvoir détruire la mémoire
46:42ou ce qu'il en reste.
46:44C'est la régénération
46:46au sens de Robespierre.
46:48La dernière fois que le mot a été utilisé,
46:50c'est par Saint-Paul.
46:52La régénération par le baptême,
46:54la régénération par la profanation.
46:57Mais il y a un troisième temps
46:59sublime.
47:03Tout à coup, on aperçoit un homme
47:05seul,
47:07qui pleure.
47:09Il est prostré.
47:11Il pleure sur la bataille de Sedan,
47:13sur la défaite de Sedan.
47:15On est en 1870-71.
47:17Cet homme, c'est un instituteur.
47:19Il vient de l'Est,
47:21d'Alsace.
47:23Il pleure sur la France.
47:25Et il se dit, dans un soliloque
47:27touchant,
47:29il n'y a plus de Saint-Crème,
47:31il n'y a plus de fédérateur,
47:33il n'y a plus de lien entre les Français.
47:35La nation, c'était un lien amoureux.
47:36Comment refaire un lien amoureux ?
47:38L'évangile des droits de l'homme,
47:40hélas, ne suffit pas
47:42à étancher la soif
47:44des âmes
47:46en manque,
47:48des
47:50mémoires
47:52palpitantes,
47:54appelantes.
47:56Il faut donc un Saint-Crème
47:58de substitution.
48:00Il faut un fédérateur de substitution
48:02pour que la France renaisse,
48:04pour que les petits Français
48:06renaissent.
48:08Et là, au moment où il invente
48:10le roman national,
48:12il se dit, ah,
48:14en allant vers les Gisans,
48:16ben voilà,
48:18je vais prendre tous les Gisans
48:20qui sont ici
48:22et qu'ont touché au Saint-Crème.
48:24Qui a touché au Saint-Crème ?
48:26Jeanne d'Arc, évidemment.
48:28Donc Charles VII,
48:30il est là, sa tombe est là.
48:32Et Saint-Louis,
48:34qui a touché au Saint-Crème,
48:36et
48:39il définit,
48:41il écrit,
48:43avec tous les historiens républicains
48:45qui prononcent le mot de Péguy,
48:47la République,
48:49notre Royaume de France.
48:51On retrouve la continuité française
48:53et capétienne.
48:55La France n'est pas un régime.
48:57La France
48:59est une nation,
49:01c'est-à-dire un drame moral
49:03qui revit sa continuité.
49:04Ça donne le 14 en 40,
49:06ça donne les maquis,
49:08ça donne la résistance,
49:10ça donne le serment de 14,
49:12ça donne la tranchée des baïonnettes,
49:14ça donne les roses et les seins.
49:16Et puis, le dernier temps,
49:18on est en train de le vivre.
49:20Vous venez de l'évoquer, Eliott.
49:22Le dernier temps
49:24qui passe inaperçu
49:26dans la nécropole,
49:28dans la basilique,
49:30devant les rennes
49:32clôtildes
49:34d'Autriche,
49:37Blanche-du-Castille,
49:39devant toutes les rennes
49:41de France,
49:43il y a d'autres rennes,
49:45des rennes voilées.
49:47Et ces rennes voilées
49:49sont d'Aubervilliers,
49:51sont de Saint-Denis,
49:53ce sont des rennes
49:55qui ne sont pas indifférentes.
49:57Le voile est un instrument,
49:59le voile est un signe.
50:01Et comme le dit très bien
50:02Mme Bergeau-Blacler,
50:04le hijab
50:06est le fondement
50:08d'une société gouvernée
50:10par la loi islamique.
50:12Et quand on voit
50:14une renne voilée
50:16devant la tombe de Charles Martel,
50:19ça signifie quelque chose,
50:21ça signifie qu'on va gagner.
50:23C'est en fait la prophétie
50:25de El-Karadaoui,
50:27le télécoraniste,
50:29un homme très connu
50:30dans le monde.
50:32Il leur parle à l'oreille
50:34et il leur dit ceci,
50:36nous avons quitté l'Europe
50:38en 1492
50:40après Grenade
50:42et en 1683
50:44après Vienne.
50:46Mais nous allons y revenir,
50:48mais pas de la même manière,
50:50non pas par une conquête
50:52par les armes,
50:54nous allons y revenir
50:56par le prosélytisme
50:58en utilisant
51:00la servitude
51:02pour ne pas dire la dimétude
51:05des Français et des Européens.
51:07Nous y sommes.
51:09Et moi je vous dis,
51:11et je dis à tous les Français qui nous regardent,
51:13je m'adresse
51:15aux gisants
51:17de la basilique Saint-Denis
51:19et je dis à Charles Martel,
51:22Charles Martel, réveille-toi,
51:24ils sont devenus fous.
51:25Philippe Devilliers et Geoffroy Lejeune,
51:27merci à tous les deux.
51:29On se retrouve la semaine prochaine
51:31comme chaque vendredi soir
51:33de 19h à 20h
51:35et dans un instant c'est l'heure des pros.
51:37Merci.