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Mardi 11 février 2025, SMART BOURSE reçoit Yann Lagalaye (Managing partner du Fonds Solar Impulse de Bertrand Piccard, BNPP AM) , Vincent Guenzi (Directeur de la Stratégie d'Investissement, Cholet Dupont Oudart) , Joachim Jan (Directeur de la gestion Actions, Mansartis) et Florent Delorme (Stratégiste, M&G; Investments)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 20h30 si vous nous suivez à
00:16la télévision via vos box, émission que vous retrouvez par ailleurs chaque jour bien
00:19sûr en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes
00:24préférées. Au sommaire de cette édition ce soir, des marchés qui sont tiraillés
00:29entre Donald Trump qui continue d'inonder la zone, de saturer l'espace médiatique
00:34et politique à coup d'annonces, d'annonces tarifaires en l'occurrence puisque les classiques
00:40de la littérature trumpienne reviennent vite sur le devant de la scène, je parle de l'acier
00:44et de l'aluminium qui seront imposés aux frontières américaines à 25% à partir
00:51du mois de mars selon la promesse, le décret signé par Donald Trump ces dernières heures
00:57et puis Jérôme Powell de l'autre côté, le président de la réserve fédérale américaine
01:01qui témoigne aujourd'hui devant les membres du comité bancaire du Sénat avant de répéter
01:07cet exercice de témoignage semi-annuel devant l'une des commissions de la chambre des
01:12représentants demain, Jérôme Powell qui réaffirme à cette occasion sur le plan de
01:16la politique monétaire que la réserve fédérale américaine n'a aucune urgence à continuer
01:21de baisser ses taux, à ce stade on a vu encore des chiffres d'emploi la semaine dernière
01:26qui semblent justifier, valider cette position de pause adoptée par la réserve fédérale
01:32américaine pour plusieurs mois peut-être, discussion à suivre sur ces enjeux avec nos
01:36invités de Planète Marché sans oublier ce qui se passe en dehors des Etats-Unis
01:41sur des marchés comme les marchés européens voire des marchés asiatiques et même chinois
01:45qui sont en train de rattraper, de réduire un petit peu leur retard par rapport aux performances
01:50spectaculaires des marchés actions américains ces deux dernières années, comment ce rattrapage
01:55du reste du monde peut-il se poursuivre ? C'est la question qu'on se posera là aussi avec
01:59nos invités de Planète Marché dans un instant, la partie résultats d'entreprise qui continue
02:03d'animer la cote avec aujourd'hui une publication de Kering qui a été plutôt bien reçue en
02:09première intention à l'ouverture ce matin mais le titre Kering a vu sa hausse se dégonfler
02:14tout au long de la séance, une publication sans grand éclat et la promesse d'un point de
02:19stabilité atteint chez Kering qui demande à être confirmé sans doute pour ramener un peu de
02:27confiance de la part des investisseurs, le titre Kering qui a particulièrement souffert au sein
02:31du secteur du luxe ces dernières années. Le point bourse de Pauline Grattel à suivre qui vous
02:37apportera un peu plus de détails sur ces résultats du jour, Coca-Cola a publié également aux Etats-Unis
02:42et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, nous nous focalisons sur les enjeux du
02:46capital risque, le capital risque à impact, comment générer de l'impact quand on investit dans des
02:52entreprises prometteuses, c'est le sujet du fonds de venture Solar Impulse qui est initié par la
02:59fondation Solar Impulse bien sûr de Bertrand Piccard et géré aujourd'hui chez BNP Paribas
03:04Asset Management, le gérant du fonds de capital risque Solar Impulse sera avec nous l'invité du
03:10dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
03:22La tendance des marchés, tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse nous
03:26retrouvons Pauline Grattel qui vous apporte les infos clés du jour sur les marchés. Bonsoir Pauline,
03:30deux hommes à la une, Donald Trump d'un côté, Jérôme Poel de l'autre. Oui Jérôme Poel démarre
03:35aujourd'hui son témoignage semi-annuel de deux jours devant les membres du Sénat puis de la
03:39chambre des représentants. Il réaffirme à cette occasion que la Fed n'a pas d'urgence à baisser à
03:44nouveau ses taux d'intérêt. Aucune surprise pour les investisseurs avec un disant américain
03:48légèrement supérieur à 4,5% et un euro dollar stable à plus de 1,03. Et de l'autre côté donc
03:54Donald Trump. Oui et ça y est Donald Trump a signé le décret pour l'entrée en vigueur des droits
03:58de douane sur l'acier et l'aluminium. Les taxes seront appliquées à partir du 12 mars prochain
04:04d'où qu'ils viennent c'est 25% sans exception et pour tous les pays même ceux qui sont des
04:09partenaires économiques et qui bénéficiaient avant de dispenses comme le Mexique, le Canada ou
04:13l'Union Européenne. Bon parmi les pays qui sont les plus gros exportateurs de métaux, d'acier et
04:18d'aluminium on a le Mexique, le Canada, la Corée du Sud, le Japon également, d'autres pays asiatiques
04:23et également certains pays de l'Union Européenne comme l'Allemagne. L'Union Européenne qui a tout
04:28de suite réagi au décret signé par Donald Trump. Oui l'UE a réagi par la voix de la présidente de
04:33la commission européenne Ursula von der Leyen. Elle promet des contre-mesures fermes et proportionnées
04:39bref ces droits de douane injustifiés imposés à l'UE ne resteront pas sans réponse à tel fait
04:43savoir. Le chancelier allemand Olaf Scholz a lui aussi averti que si les Etats-Unis ne laissaient
04:48pas d'autres choix l'UE réagira ensemble. Bon malgré l'idée de cette escalade tarifaire ou de
04:53cette guerre commerciale qui reprendrait, on notera que les marchés restent particulièrement calmes.
04:59Oui aux Etats-Unis les indices ouvrent un léger repli, le MSCI World évolue autour de l'équilibre,
05:04les indices européens ne réagissent pas outre mesure, ils évoluent tous globalement autour de
05:09l'équilibre. Le CAC 40 se maintient autour de 8000 points tirés en début de séance par Kering
05:13qui gagnait 5% avant de finalement céder du terrain après sa publication. Kering qui est
05:18convaincu d'avoir atteint un point d'inflexion dans sa gestion opérationnelle. Oui le groupe
05:24Deluxe fait état d'un bénéfice net en repli de plus de 60% et d'un chiffre d'affaires qui recule
05:29de 12% en 2024. Kering reste plombé par Gucci dont les ventes baissent de 20% en 2024 mais
05:35François-Henri Pinault le PDG est convaincu qu'après une année de stabilisation en 2025
05:39l'entreprise reprendra le chemin de la croissance et de la rentabilité. Et puis
05:44autre grande entreprise européenne qui publiait aujourd'hui dans le secteur bancaire Unicredit
05:48qui voit une stabilité de sa dynamique bénéficiaire pour cette année 2025. Oui la Banque italienne fait
05:55état d'un bénéfice net ajusté record à plus de 9 milliards d'euros en 2024. Les revenus
06:00progressent de plus de 4% sur l'année à 25 milliards d'euros et donc l'an prochain Unicredit
06:05déclare viser un bénéfice stable en 2025 après une baisse attendue de ses revenus. Avec une baisse
06:11attendue de ses revenus cela ne convainc pas les investisseurs. La banque est lanterne rouge du
06:15MIB. Le titre cède 3% après un parcours spectaculaire ces dernières années. Dans le secteur de la
06:19consommation aux Etats-Unis après McDonald's hier c'est Coca-Cola qui publiait aujourd'hui ses
06:24résultats. Oui Coca fait état de vente supérieur aux attentes plus 6% au quatrième trimestre à 11,5
06:30milliards de dollars. Le bénéfice progresse de 12% sur la période. Sur l'ensemble de l'année le
06:34chiffre d'affaires s'établit en hausse de 3% sur un an à 47 milliards de dollars. Le bénéfice avance
06:40de 7% en 2024. Le titre ouvre en hausse de 3% à Wall Street. Quels seront les rendez-vous attendus
06:45demain sur les marchés Pauline ? On prendra connaissance de l'inflation américaine de janvier.
06:49Elle est attendue en hausse de 0,3% sur un mois et plus de 2,9% sur un an. En France la journée sera
06:55chargée avec la micro. On attend les résultats d'Essilor, Luxottica, Michelin et Carrefour entre
06:59autres. Tendance mon ami. Chaque soir en ouverture de Smart Bourse les infos clés du jour sur les
07:03marchés avec Pauline Grattel.
07:15Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Vincent Genzi
07:18est avec nous, directeur de la stratégie d'investissement de Cholet-Dupont-Houdard. Bonsoir
07:22Vincent. Bonsoir Grégoire. Joachim Jean nous accompagne, directeur de la gestion actions de
07:26Monsartis. Bonsoir Joachim. Bonsoir Grégoire. Et Florent Delorme avec nous également,
07:30stratégiste chez MNG Investments. Bonsoir Florent. Bonsoir. Merci d'être là messieurs. Ravis de vous
07:35retrouver Joachim sur l'entrée en jeu de Donald Trump. On est dans la quatrième semaine
07:42d'exercice du pouvoir de Donald Trump depuis son installation à la Maison Blanche le 20 janvier
07:47dernier. Alors c'est la stratégie floute de zone, on inonde la zone, on sature aussi bien l'espace
07:54médiatique que l'espace politique et institutionnel. Ça c'est du Trump, ça ne surprendra personne,
08:01peut-être que l'intensité est un peu supérieure à ce qu'on pouvait imaginer. Mais derrière ça,
08:05on a quand même des marchés qui sont plutôt calmes et surtout une dynamique de marché qui
08:11s'est un petit peu inversée entre des Trump trades qui ont été très puissants en fin d'année
08:16dernière, hausse du dollar, hausse des tonneaux américains, surperformance des actions américaines
08:21par rapport au reste du monde. On a plutôt sur quelques semaines encore une fois le schéma inverse
08:27qui est en train de se mettre en place Joachim. C'est sûr que si on fait le bilan au bout de quatre
08:31semaines, on se dit que les quatre années vont être longues. Donald Trump prend beaucoup de place
08:37d'un point de vue médiatique. Après on voit que nous-mêmes et les marchés sommes bien mieux
08:41préparés que par rapport à 2017. On voit que les marchés gardent la tête froide par rapport à l'effet
08:48d'annonce qui peut être assez excessif. Mais on sent peut-être que la stratégie trumpienne n'est
08:53plus aussi efficace que dans le passé. En tant que gérant et investisseur, je pense qu'on a eu le temps
09:00pour se préparer au pire. Et finalement on voit que les premières annonces ne sont peut-être pas aussi
09:05dures que celles qu'on a pu anticiper il y a 3-4 mois. Maintenant la question qui se pose pour nous
09:11quand on regarde les premières annonces, typiquement il y a peu de temps hier sur l'acier et l'aluminium,
09:18on se pose aussi la question de l'impact économique sur les Etats-Unis. Nous personnellement on a
09:25regardé ça et on voit plutôt un effet sans doute négatif, notamment sur les prix à la consommation
09:32aux Etats-Unis. Donc on ne sait pas dans quelle mesure il va aller jusqu'au bout, puisqu'aujourd'hui
09:37on devrait avoir des tarifs qui rentrent en vigueur le 12 mars. Il n'a annoncé pas d'exemption,
09:43finalement on voit qu'il est déjà en train de négocier avec l'Australie. Donc quid maintenant
09:47de l'impact vraiment concret sur les marchés, sur l'économie ? Point intéressant avec l'acier
09:52et l'aluminium qui sont quand même des produits bruts, des entrants importants certes, mais qui
09:58sont très en amont du consommateur final. Quand Donald Trump annonce des tarifs de 10% sur la
10:04Chine et qu'il s'aperçoit que ça va englober également tous les petits colis à moins de 800
10:09dollars qui viennent de Chine chaque jour sur le territoire américain, comprenez les commandes
10:13Témou et Chine des Américains, là tout de suite il comprend que ça va être un sujet qui va tout
10:18de suite se voir chez le consommateur américain, donc il met une exemption sur ces petits colis.
10:23Sur l'acier et l'aluminium, on peut imaginer quand même que la perception des tarifs pourrait
10:29être un peu différente du point de vue du consommateur final, ou est-ce qu'il y a quand
10:34même quelque chose à attendre, un effet qui sera perçu ? Il y a des choses à attendre, je vais
10:39vous donner quatre exemples concrets. Le premier typiquement c'est sur les machines à laver. On
10:44l'a vu en 2018 sur les premiers tarifs sur l'acier, on a eu une hausse de 10% quasiment immédiate sur
10:50tout ce qui était machines à laver, donc là on a vraiment un impact concret sur le consommateur
10:53américain. Un autre assez anecdotique c'est le F50 de General Motors, qui est l'un des pick-up les
10:59plus vendus aux Etats-Unis. On sait qu'aujourd'hui la carrosserie est composée à 70% d'aluminium,
11:04donc quitte de l'impact sur une voiture qui est massivement vendue aux Etats-Unis, et également je
11:10peux vous donner deux autres exemples assez intéressants. On pense tout de suite à tout ce
11:14qui est fait à partir d'acier et d'aluminium, mais je vous donne l'exemple des biens plastiques. Ils
11:19sont moulés, injectés dans des moules en acier et en aluminium. Vous augmentez le prix de ces moules-là,
11:24il va y avoir une répercussion également sur les produits en plastique. Et ensuite dans la
11:29construction aussi, moi je ne vois pas comment on peut passer à côté d'un impact fort sur les prix
11:34des matériaux dans la construction. Et quand vous êtes un promoteur immobilier et que vous avez un
11:39projet massif aux Etats-Unis, vous vous posez la question de le débuter ou pas quand vous voyez
11:44des allers-retours incessants sur la communication de Trump. Avec en plus au passage un énorme enjeu
11:48de reconstruction après les méga-feux dans la région de Los Angeles, qui viennent s'ajouter
11:53au business as usual de la construction américaine.
11:57Exactement, donc maintenant on verra jusqu'où il ira. Il y a un mois à peu près quasiment pour voir de quelle manière il va essayer de négocier avec les contreparties,
12:05mais je pense que c'est plutôt un impact qui sera négatif sur le consommateur américain.
12:10Vincent, qu'est-ce que vous retenez de ces premières semaines d'exercice du pouvoir de Trump,
12:15du caractère pro-business, business-friendly, dont on crédite généralement le président américain ?
12:23C'est vrai que quand on voit les annonces sur les tarifs, un focus très fort aussi sur l'immigration, très MAGA en lien avec son électorat,
12:32ou encore l'idée de couper violemment dans les dépenses fédérales à travers le DOJ d'Elon Musk,
12:39on se dit que tout ça peut avoir quand même des effets négatifs à un moment sur la croissance américaine.
12:45C'est vrai. Ce qui est frappant, c'est la vitesse à laquelle il va.
12:49On voit vraiment qu'il était beaucoup mieux préparé et qu'il s'est entouré de personnalités qui allaient dans le même sens que lui,
12:56qui allaient relayer son désir d'action.
13:00Et puis je pense qu'il a en ligne de mire effectivement une réussite très rapide de tous ses programmes pour satisfaire son électorat
13:08et faire en sorte qu'aux prochaines élections de mid-term, les républicains gardent la majorité et s'inscrivent durablement dans le temps.
13:15Il ne faut pas oublier que si Trump a été élu, c'est parce que les républicains ont longuement étudié le moyen de reconquérir un certain nombre d'électeurs
13:24pour pouvoir gagner régulièrement des élections. Donc c'est ça le but ultime.
13:28Et aussi, bien entendu, America first again, c'est aussi que l'Amérique soit respectée pour sa grandeur, sa puissance, entre guillemets,
13:36alors qu'aujourd'hui les États-Unis finançaient beaucoup d'organisations internationales qui finalement ne renvoyaient pas beaucoup l'ascenseur.
13:42Donc il y avait une exaspération à la fois chez les politiques américaines de tous bords, mais aussi vis-à-vis d'un certain électorat.
13:49Donc il veut aller vite. Je crois que si les marchés américains se mettent à temporiser aujourd'hui, c'est parce qu'on a déjà pas mal monté depuis l'automne,
13:59que les Trump trades ont beaucoup joué et que, comme on l'a dit, il faut voir les conséquences.
14:04Si c'est pas un regain d'inflation, si c'est 0,3, 0,4 % d'inflation de plus pendant quelques mois, so what ?
14:11Si c'est beaucoup plus important, et surtout si cette avalanche d'annonces et de décrets, de reculades,
14:19fait qu'on installe, un peu comme en France, une incertitude qui fait qu'effectivement, le monde de l'économie, le business, se dit
14:26« aujourd'hui je ne sais pas où on va », donc on ralentit un certain nombre de budgets.
14:31Il ne faut pas oublier que les États-Unis ont beaucoup cru, depuis quelques années, grâce à la consommation, mais aussi grâce à l'investissement,
14:37et que cet investissement était quand même « drivé » par des programmes d'incitation, dont on ne sait pas encore s'ils vont être maintenus ou non.
14:43Et donc, s'ils ne sont pas maintenus, et qu'en plus il y a un attentisme de la part des entreprises,
14:49effectivement, on peut se poser des questions sur l'évolution de la croissance aux États-Unis.
14:53Et là, ils seraient très mal jugés.
14:55Donc effectivement, il est « business friendly », il va faire à la fois attention aux conséquences inflationnistes et à l'activité.
15:01Mais, il ne faut pas exclure des dérapages, et donc c'est un des éléments pour lesquels, moi je pense qu'on est inscrit dans un schéma de volatilité,
15:09et qu'à chaque fois que les marchés progressent beaucoup, à un moment donné, il faut qu'on revienne un petit peu en arrière,
15:14qu'on réanalyse, qu'on redissecte, et qu'on se projette un petit peu plus loin.
15:17Aujourd'hui, c'est difficile de se projeter beaucoup plus loin que les niveaux qu'on a atteints, je trouve.
15:21Il est prêt à accepter qu'il y a un peu de douleur ? Il l'a écrit, je crois, il y a quelques jours.
15:26Est-ce qu'il y aura de la douleur, « pain » ? Peut-être, ou peut-être pas.
15:31Ça, c'est du Trump tout craché, c'est toujours un peu normand, mais il prépare les esprits à l'idée que,
15:37oui, il y aura peut-être aussi des efforts à fournir, mais comme il l'écrit, ces efforts en vaudront la peine.
15:43Oui, c'est un peu tertulien comme discours, c'est évident.
15:46Pour une économie qui est quand même à 3% de croissance, un régime de croisière depuis des trimestres, c'est ce que je veux dire.
15:52Les États-Unis, depuis 30 ans, sont dans une croissance moyenne de 3%, mais qu'il y a une fracture qui s'est installée là-bas,
15:58entre des régions qui progressent très vite et des populations qui s'enregistrent très fort,
16:02et un électorat plus populaire qui n'envoie pas les conséquences pour son portefeuille.
16:06Et c'est ça la clientèle aussi de Trump.
16:09Donc il faut qu'il change cette perception.
16:11Il n'y a pas que la bourse qui monte, mais il faut que le pouvoir d'achat des ménages s'améliore,
16:15que ce n'est pas la difficulté à trouver des emplois, mais c'est à être bien payé et à vivre correctement, à se loger correctement, etc.
16:22Scott Bessin t'a dit, c'est le tour de Main Street.
16:25Exactement, exactement.
16:27Il y aura forcément des dégâts collatéraux.
16:32Il y aura peut-être des dégâts collatéraux aussi dans la tech.
16:35Est-ce qu'ils vont vouloir rationaliser ou réglementer un peu plus la tech ? On verra bien.
16:39Donc je pense que le marché est arrivé à un moment où il a besoin de se poser, de réfléchir, d'attendre un petit peu, de voir les prochaines conséquences.
16:47Surtout que, de toute manière, dans les semaines qui viennent, il y aura encore plein, plein, plein de désirs.
16:50Oui, dans les heures qui viennent même. Je peux vous le signer tout de suite.
16:54Florent, comment vous regardez effectivement le paradigme Trump qui est en train de s'installer ?
16:59Et puis, en miroir, comment est-ce que le monde, le reste du monde réagit ou bouge ?
17:04À commencer par les marchés, venons-en.
17:06Les marchés européens font mieux depuis le 1er janvier que les marchés américains.
17:13Après des décennies de sous-performance, il n'y a pas de sujet là-dessus.
17:16Mais il y a quand même là, visiblement, un espace au moins de quelques temps qui permet ce rattrapage du reste du monde.
17:25On l'a dit ces derniers mois, le programme de Trump est ambivalent, il est pétri de contradictions.
17:33Et donc, on a du mal encore à ce stade à voir exactement quelle va être la trajectoire
17:38puisque le projet en lui-même est contradictoire sous de nombreux aspects.
17:46Alors, il y avait des éléments dans le projet qui convenaient au marché.
17:51C'était effectivement les baisses d'impôts et la déréglementation.
17:53Et puis, à l'inverse, les droits de douane n'ont jamais eu la faveur des marchés financiers.
17:59Il se trouve que Trump commence par cette dimension-là parce que c'est la plus facile, c'est de son ressort.
18:04Là où, effectivement, sur la question des baisses d'impôts et de la déréglementation,
18:09mais surtout des baisses d'impôts, il a davantage besoin du Congrès.
18:12Donc là, on rentre dans une mécanique de négociation.
18:14Et les contradictions aussi au sein même du parti républicain vont à cette occasion réapparaître
18:20puisqu'on a des nuances assez marquées au sein du parti qui, selon les États, ont des intérêts divergents.
18:32Donc, pour l'instant, effectivement, il commence par les droits de douane,
18:35ce qui est le sujet désagréable.
18:37Il le fait de manière un peu chaotique.
18:39On aurait préféré, effectivement, une annonce un peu claire.
18:4410% pour tout le monde et c'est réglé.
18:47Comme on l'a indiqué il y a quelques instants, l'instabilité pose problème.
18:53Le marché peut surmonter un changement de paradigme sur les droits de douane,
18:59mais il faut savoir exactement où on va pour donner la possibilité aux acteurs économiques de s'adapter
19:03et aux investisseurs eux-mêmes de réfléchir à cette nouvelle donne.
19:07C'est la menace en tant que telle qu'il faut craindre déjà.
19:10C'est déjà l'incertitude qu'elle génère.
19:14Ce qui est ennuyant, c'est ce stop and go.
19:18Effectivement, il y a des effets d'annonce qui sont démentis 48 heures plus tard.
19:24On ne sait pas bien quelle va être sa trajectoire.
19:27C'est vrai qu'on est tenté d'attendre que la poussière retombe,
19:31de voir un petit peu où on va en venir.
19:37La question, c'est est-ce qu'il va persister pendant très longtemps à jouer avec ces droits de douane,
19:44ou est-ce que dans trois mois cette histoire-là est réglée ?
19:48Il serait mieux qu'on puisse passer rapidement à autre chose.
19:51Pour l'instant, le marché lui fait crédit de changer assez rapidement de sujet.
20:00Ces débats ont commencé très récemment.
20:04Mais ça ne pourra pas durer pendant des mois.
20:07Si le marché ne surréagit pas aujourd'hui sur cette question tarifaire,
20:10c'est parce qu'il imagine que Donald Trump passera à d'autres thèmes et d'autres sujets assez rapidement ?
20:17Nous le croyons.
20:18D'une part, il passera à d'autres sujets.
20:20Et d'autre part, le marché fait le pari d'un certain pragmatisme de l'administration américaine,
20:27et de Trump en particulier.
20:29C'est-à-dire qu'il faut quand même satisfaire un électorat qui souhaite avoir de la croissance et peu d'inflation,
20:37de l'emploi et pas d'inflation.
20:40Et effectivement, ça sous-entend quand même qu'on ne peut pas aller trop loin sur les droits de douane pendant trop longtemps.
20:46Donc le marché est dans cette idée qu'on va passer à une séquence nouvelle assez rapidement.
20:53On sera fixé dans quelques temps sur ces nouveaux droits de douane,
20:58et que le résultat final ne devrait pas être trop douloureux.
21:02C'est un peu ça la thématique pour l'instant.
21:04Et c'est assez vraisemblable.
21:07Après, le gros morceau, c'est quand même les réductions d'impôts.
21:10C'est quand même ce qui fait dire à tout le monde que Donald Trump et son administration sont pro-business.
21:20Cet encouragement à l'activité économique, à une fiscalité pas trop pénalisante.
21:27Donc c'est là où le vrai sujet va apparaître, on l'espère, assez vite.
21:34Mais de notre point de vue, effectivement, les attermoiements de l'administration américaine et de Trump sur les droits de douane depuis quelques semaines
21:41ne remettent pas à ce stade en cause la thématique d'investissement aux Etats-Unis.
21:44On reste quand même sur l'idée que ce qui nous intéresse dans son programme, c'est les baisses d'impôts, la déréglementation.
21:51À ce stade, il y a encore cette idée que ce sera déployé d'une manière ou d'une autre.
21:56Et puis, il ne faut pas perdre de vue aussi que l'économie américaine, ce n'est pas uniquement les programmes, les mesures politiques.
22:06Il y a un intérêt intrinsèque de l'économie américaine.
22:11Ça reste une économie extrêmement productive, extrêmement innovante.
22:15Il y a un secteur privé qui est allant.
22:17Qui a une certaine autonomie, en réalité, au regard du politique.
22:21Et on fait d'abord le pari de cette force incroyable de l'écosystème économique américain
22:29qui pèse de tout son poids dans cette dynamique économique, au-delà du bruit que peut causer la classe politique américaine.
22:39Quand on considère justement cette force naturelle intrinsèque de l'économie américaine à travers son secteur privé,
22:45qu'est-ce que ça implique pour la réserve fédérale américaine ?
22:48Alors, on peut spéculer sur ce que Trump fera demain,
22:51mais si on regarde juste le chemin naturel d'une économie comme l'économie américaine,
22:55est-ce que ça nous amène à l'idée que la Fed pourrait rester en pause plus longtemps que ce qu'imagine le marché aujourd'hui ?
23:04C'est fort possible, puisqu'on voit que les taux directeurs élevés et les taux longs,
23:10qui eux-mêmes sont encore à des niveaux importants,
23:13ne semblent pas trop pénaliser l'économie américaine contre toute attente.
23:17Il faut bien reconnaître qu'on a cru au démarrage de la séquence des hausses des taux courts
23:22que la persistance de ces taux courts élevés allait finir par mettre à terre.
23:26La durée était importante. La durée de maintien des taux à ces niveaux-là était quelque chose de très regardé et avec inquiétude.
23:33Plus on maintenait longtemps ces taux à ces niveaux-là, plus on prenait le risque d'abîmer ou de mordre sur l'économie.
23:40Cette équation est moins solide aujourd'hui.
23:43Exactement. Cette thèse-là est un peu battue en brèche.
23:46On a évoqué, pour l'expliquer, le fait que l'État américain, l'État fédéral a beaucoup dépensé sous l'ère Biden.
23:56Cela a effectivement contribué à soutenir l'économie américaine, en théorie touchée par l'environnement de taux plus élevés.
24:03Là, on s'oriente vers une séquence peut-être moins dépensière de l'État américain.
24:08Mais on a le sentiment que la vigueur de l'économie américaine encaisse des niveaux de taux un peu plus élevés.
24:15Donc oui, la Fed, à ce stade, compte tenu des éléments du marché de l'emploi, n'a pas de raison, comme elle le dit elle-même,
24:22de baisser rapidement les taux.
24:25Donc peut-être une à deux baisses de 25 points de base en 2025.
24:29Mais il n'y a pas d'indicateur qui semble militer pour une baisse rapide et urgente.
24:36Tu es d'accord avec cette idée que le cycle de baisse des taux de la Fed est un cycle assez anormal, en tout cas assez atypique,
24:45par rapport à ce qu'on peut voir dans des cycles où les baisses sont faites de manière beaucoup plus régulière, automatique, etc.?
24:51Oui, c'est vrai. Mais on a eu aussi un cycle qui précédait, qui était très atypique.
24:56Cette flambée de l'inflation pour des raisons exogènes, on l'avait vu dans les années 70.
25:00Mais donc il a fallu réagir très vite. Et effectivement, devant une telle montée des taux, on pouvait se dire ça va faire mal à l'économie.
25:06Sauf que derrière, tant que le marché du travail n'était pas équilibré, tout le monde trouvait du boulot.
25:12Il y avait une hausse des salaires. Donc ça n'a pas mordu sur l'activité,
25:17d'autant que ce n'était pas un excédentaire chez les ménages, qu'il y avait des plans de soutien à l'investissement de Biden.
25:23Donc tout ceci explique que l'économie soit restée extrêmement résiliente.
25:26On arrive peut-être quand même à la charnière aujourd'hui parce que le marché du travail reste fort.
25:31Mais quand on regarde à l'intérieur d'un certain nombre d'indicateurs, que regarde aussi la Fed, on voit qu'il y a quand même un rééquilibrage qui s'est fait.
25:38Il y avait un taux de démission qui était très important parce que les gens pouvaient retrouver très facilement un boulot.
25:43Ce taux de démission a commencé à diminuer. Les ratios entre les emplois fournis et les chômeurs sont également en train de changer un petit peu.
25:53Je pense que l'économie domestique américaine est sans doute un tout petit peu plus fragile qu'on ne le croit,
26:02en ce sens qu'elle est peut-être aujourd'hui plus sensible aux impacts négatifs que pourrait avoir la politique de Trump.
26:08La couche Trump qui viendrait s'ajouter pourrait accélérer la fragilisation de l'économie américaine.
26:14Je ne veux pas préjuger de ce que fera Powell, mais il est évident qu'il a sa fonction de réaction.
26:20Il est toujours data-dependent et s'il faut baisser plus vite, il rebaissera.
26:23Mais on est plutôt dans le sens d'un prochain mouvement qui soit une baisse, toujours, à ce stade.
26:27Toujours, mais ça peut durer un certain temps, tant qu'il n'a pas des signaux plus convaincants,
26:32qu'à la fois l'activité est un peu moins forte, mais que du coup l'inflation peut aussi reprendre une trajectoire de désinflation,
26:39il ne va pas non plus se précipiter.
26:41Donc il faut être un peu attentif, c'est pragmatique.
26:45De toute manière, on voit bien qu'en ce moment, les marchés regardent aussi un petit peu plus les taux longs que la Fed.
26:51Et les taux longs, ils sont aussi fonction des risques de dérapage budgétaire ou non.
26:55Donc le travail que fait Musk, même s'il est très décrié, mine de rien, il contribue aussi à rééquilibrer un petit peu les choses.
27:02S'il arrive à faire des économies, ce sera au temps de récupérer.
27:06Donc il y a tout ça qui doit se mettre en route et qui, encore une fois, justifie qu'à la fois les investisseurs,
27:12mais aussi les acteurs économiques peuvent être un petit peu plus attentifs.
27:16On le voit, on en discutait avant l'émission, mais c'est vrai que le Russell 2000, l'indice des small caps américaines,
27:23pour le caractériser, qui était vu comme un des grands Trump trades,
27:28n'a peut-être pas délivré autant que ce qu'on pouvait imaginer de ce point de vue-là.
27:33Il a eu sa phase de rattrapage et maintenant, je pense qu'il est obligé d'attendre un petit peu.
27:37Et voilà, cet attentisme, il se voit sur ce marché domestique américain.
27:41Joachim, parlons un peu de l'Asie, ça fait partie de vos grands domaines d'expertise.
27:45Vous, spécifiquement chez Mansartis, dans l'équipe Action, que vous dirigez sur la Chine.
27:51Qu'est-ce que vous comprenez de la manière dont la Chine est tentée de réagir ou de s'adapter à Trump ?
27:59Et puis, parlons aussi du marché chinois, qui est un peu comme le marché européen,
28:05connaît peut-être une phase de soulagement aujourd'hui.
28:09Exactement. Il y a trois choses intéressantes concernant le marché action chinois.
28:15La première, c'est que le rebond qu'on vit actuellement depuis le début de l'année
28:19se fait principalement sur des facteurs microéconomiques, plutôt que macroéconomiques.
28:23Mais je reviendrai peut-être sur la partie économie.
28:25Le deuxième, c'est qu'on voit que le marché chinois est assez perméable pour le moment aux annonces trumpiennes.
28:33Je me répète, mais j'estime que nous sommes mieux préparés.
28:37Alors, on est beaucoup moins nombreux aujourd'hui sur le marché chinois qu'en 2017.
28:41Et les sociétés chinoises sont bien mieux préparées qu'en 2017.
28:45Imperméables, c'est ça. Non perméables aux annonces trumpiennes.
28:47On avait compris le sens.
28:49Et les sociétés chinoises sont bien mieux préparées.
28:51Elles ont eu huit ans aujourd'hui pour relocaliser leurs chaînes de production en dehors de la Chine.
28:57Donc ça, c'est le deuxième point.
28:59Et le troisième point, c'est qu'on voit un élément plus qu'intéressant.
29:03C'est que la Chine devient très démonstrative d'un point de vue technologique.
29:07Alors, je ne reviens pas sur l'effet d'annonce DeepSea, que j'imagine que ça a été amplement commenté ici.
29:13Mais je vais noter deux autres choses qui sont un peu passées à l'as.
29:17Le premier, c'est sur la partie véhicule électrique.
29:21Vous avez dû le voir, BYD a fait une annonce très intéressante
29:25sur son système de conduite autonome et intelligente
29:31qui aujourd'hui pourra être intégré quasiment dans toute sa gamme
29:35avec un début d'entrée de gamme à 10 000 dollars.
29:39Et ça, c'est assez considérable.
29:41C'est la possibilité notamment de ce constructeur-là
29:43à avoir une technologie quasiment aussi efficace que l'America Testa
29:47mais de pouvoir l'intégrer même dans des voitures beaucoup moins chères
29:50grâce à des effets d'échelle considérables.
29:52Et le troisième élément, puisqu'on voit aussi un virage d'avenir technologique,
29:57c'est toute la partie robotique humanoïde.
29:59Donc là aussi, on a eu des effets d'annonce assez intéressants.
30:02La nouvelle frontière, c'est ce que dit le patron de Nvidia.
30:05C'est la nouvelle frontière, l'IA physique.
30:07Les effets d'annonce étaient plus liés aux Etats-Unis et à Tesla notamment.
30:12Et on a eu quelque chose d'assez intéressant pendant le nouvel an chinois.
30:15C'est cette vidéo qui a fait plus d'un milliard de vues.
30:18Je vous invite à la regarder.
30:20C'est les robots chinois qui dansent sur scène
30:23et qui montrent cette capacité pour les acteurs chinois
30:26d'être aussi en avance sur la partie robot-humanoïde.
30:29Là où on pense que c'est réservé parfois à la technologie américaine,
30:32on voit les Chinois beaucoup plus concurrentiels.
30:34Donc ils sont beaucoup plus agressifs d'un point de vue effet d'annonce technologique.
30:39Et donc ça, ça porte les marchés.
30:41Maintenant, d'un point de vue macroéconomique,
30:43c'est là où c'est encore un peu plus fragile.
30:46On le voit avec une croissance assez fragile,
30:48une déflation qui menace quand même,
30:50et un consommateur qui est encore un peu à la traîne.
30:53Un point qu'on m'a expliqué, certains de vos confrères,
30:56je dis ça parce que vous connaissez aussi très bien le marché japonais,
30:58et qu'on a déjà beaucoup discuté de ce point-là avec vous,
31:01la capacité des entreprises chinoises à se tourner un peu plus vers leur partie prenante,
31:08les actionnaires, on fait attention à la gestion du cash,
31:12on fait attention à l'allocation des ressources,
31:15on essaye de traiter les actionnaires de manière un peu meilleure.
31:21On en a beaucoup parlé au Japon,
31:24beaucoup de cash dans les entreprises mal allouées,
31:28et à un moment, les autorités japonaises mettent le doigt dessus,
31:32et les choses bougent.
31:33Est-ce qu'en Chine, on observe ça aussi de la part des entreprises chinoises,
31:36qui ont besoin d'être attractives vis-à-vis du reste du monde ?
31:39C'est le troisième grand pays asiatique,
31:41parce qu'on a eu le Japon, on a eu la Corée aussi,
31:44et maintenant on a la Chine,
31:46et donc on voit le gouvernement passer par là,
31:48demander aux grandes entreprises chinoises
31:50de faire plus attention aux actionnaires,
31:52et ça fait d'autant plus de sens qu'aujourd'hui,
31:54les niveaux de valorisation des actions chinoises sont extrêmement faibles,
31:58et donc ça fait beaucoup plus de sens,
32:00en termes d'allocation du capital,
32:02pour un management d'une entreprise chinoise,
32:04par exemple, de racheter des actions sur ces niveaux de valorisation-là,
32:07en prenant en compte des perspectives long terme,
32:09là où parfois l'investisseur est plutôt sur des perspectives court au moyen terme.
32:13Donc nous, on salue ces initiatives
32:16qui font du sens dans la création de valeur au niveau de l'entreprise.
32:19Sur le plan de l'investissement,
32:21Florent, quelle est la ligne de conduite que vous avez aujourd'hui chez M&G Investments ?
32:25Est-ce que c'est un bon moment pour se redéployer un peu, en partie,
32:30en dehors du dollar, du marché américain,
32:33qui reste bien sûr incontournable,
32:35mais est-ce que c'est un bon moment pour se redéployer ailleurs dans le monde ?
32:38Oui, on a une vision plutôt constructive pour 2025.
32:42On pense que les marchés américains,
32:45qui sont effectivement un peu tendus en termes de valorisation,
32:48ne sont pas pour autant valorisés de manière délirante.
32:53Il y a quand même la thématique de l'intelligence artificielle qui, avec...
32:58Donc il ne faut pas enterrer le marché américain ?
33:00Non, pas du tout.
33:02Avec les prouesses qu'on vient d'évoquer,
33:04qui justifient aussi qu'on ait des valorisations assez exceptionnelles,
33:07certes peut-être un peu trop élevées là, temporairement,
33:10mais en tout cas, il y a quand même un sous-jacent tout à fait tangible
33:15et une technologie sur laquelle le monde entier se concentre
33:20parce qu'effectivement, les enjeux géopolitiques
33:24vont tourner autour de l'intelligence artificielle.
33:27Donc le marché américain, ça reste quand même le cœur d'une allocation,
33:32même si on est bien d'accord pour dire qu'il faut se diversifier
33:38afin de ne pas prendre le risque d'être pris à revers par l'administration Trump
33:45qui déjouerait tous les scénarios de pragmatisme
33:48et se montrerait un peu trop excessif.
33:51Donc qu'est-ce qu'on va chercher en dehors des actions américaines ?
33:54D'abord de la duration.
33:57Il nous semble qu'effectivement, le niveau des taux d'intérêt,
34:00de la dette souveraine sont tout à fait en ligne
34:03avec les projections d'inflation relativement maîtrisées
34:06qu'on a pour la décennie qui vient.
34:09Donc on va acheter de la duration un peu partout dans le monde,
34:13aux Etats-Unis, mais également en Angleterre par exemple
34:19et dans la sphère émergente.
34:22On pense que la dette émergente a été assez délaissée,
34:26c'est le moment d'y aller.
34:28Ça avait été un facteur plutôt pénalisant, la duration, ces dernières années.
34:31Là, vous dites, c'est le moment d'augmenter ce facteur-là.
34:36Y compris sur les taux américains.
34:39On a avoisiné les 5% sur le 10 ans américain.
34:42Pour nous, c'est un niveau qu'on ne dépassera pas.
34:46On ne voit pas les taux 10 ans aller au-delà du 5%.
34:50Dans la zone 4-50-5%, on peut progressivement constituer des positions.
34:55La duration sur la dette souveraine est clairement un axe de diversification pour nous.
35:01En termes d'action, au-delà des Etats-Unis,
35:04on pense que l'Europe conserve un intérêt,
35:08puisque les multinationales européennes, on investit plutôt sur les grandes valeurs.
35:13On a une activité qui n'est pas exclusivement dépendante de l'activité dans la zone euro,
35:19c'est plutôt l'inverse.
35:21Les multinationales, dont le chiffre d'affaires est à 60% dans le reste du monde,
35:27et dont les implantations industrielles sont souvent aux Etats-Unis,
35:33sont peu sujettes aux facteurs des droits de douane.
35:39L'Europe constitue le deuxième bloc de l'allocation action.
35:45Ensuite, on va compléter par la Corée,
35:49qui, pour nous, est un grand pays développé.
35:53Défenseur des actions asiatiques, je ne m'imaginais pas aller jusqu'à la Corée aujourd'hui.
36:01Émergeant dans les indices, mais développé quand même.
36:05Pour nous, c'est un point d'accès à l'économie asiatique assez confortable,
36:13puisqu'on a une économie développée, un cadre réglementaire et juridique tout à fait rassurant.
36:19Donc on va jusqu'à aller chercher la croissance en Asie via ce marché-là.
36:23Il y a une seule classe d'actifs qui nous laisse plus sceptiques, c'est le crédit,
36:29où les spreads sont relativement serrés.
36:35On a un peu d'allocations crédits, investissements de gré D.I. yield,
36:39mais c'est la prudence qui domine.
36:43Beaucoup moins de high yield qu'on a pu en avoir.
36:47Après deux années exceptionnelles, il est temps peut-être de...
36:51Oui, on rebascule les allocations à la dette émergente.
36:55Le spread high yield américain est au plus bas.
36:59Les primes de risque sont au plus bas sur ces marchés de dette d'entreprise à haut rendement.
37:05Alors que sur la dette émergente, on a des rendements assez significatifs,
37:09des devises qui se sont dépréciées.
37:13On peut l'acheter en devise locale pour bénéficier à la fois du retour à meilleure fortune des devises locales
37:19et des rendements nets d'inflation qui sont bien supérieurs à ce qu'on peut avoir dans les pays développés.
37:25Quelle chance pour les autres marchés en dehors des Etats-Unis, Vincent,
37:29comme vous regardez l'affaire, notamment le marché européen.
37:33Est-ce que c'est une bonne manière de jouer la dynamique américaine et Trump
37:37à travers des entreprises européennes qui pourraient en profiter ?
37:41Est-ce que c'est déjà une première stratégie qui fonctionne ?
37:45Je pense que ça reste un petit peu compliqué.
37:49Comme on ne connaît pas toutes les conséquences, je n'irai pas me lancer dans des choix très drastiques.
37:53Ça reste un pari.
37:55Je crois qu'il faut être blent, il ne faut pas prendre des paris trop importants.
37:59On est assez constructif aussi sur les marchés cette année, mais on n'y voit quand même pas des potentiels énormes.
38:05Je ne suis pas certain qu'entre la classe action et obligataire, il y ait de grosses différences cette année.
38:11D'une part parce qu'aux Etats-Unis, les marchés sont relativement chers,
38:14qu'en Europe, on a encore un petit peu d'incertitude sur la gouvernance et sur les choses qui vont se mettre en place.
38:22Et sur la partie taux, c'est vrai qu'il y a du portage aux Etats-Unis,
38:26qui est un peu compensé par une évolution du dollar, dont on ne sait pas très bien.
38:30Le Trump Trade a déjà joué à plein sur le dollar, donc on peut facilement reperser 4-5% sur le dollar.
38:35Si vous voulez vous couvrir, vous arrivez à peu près sur des rendements qui ne sont pas très différents de ce que l'on trouve en Europe.
38:40Il faut aller chercher du portage.
38:42Pour ceux qui veulent rester sur du dollar aux Etats-Unis, on le trouve aussi sur de l'émergent en devise forte.
38:50Effectivement, cette classe d'actifs reprend un petit peu une meilleure allure.
38:56Les pays émergents ont beaucoup souffert.
38:58Je pense que comme l'Europe bénéficie des rééquilibrages que l'on voit en ce moment,
39:02et des phases de rattrapage qui ne sont peut-être pas terminées,
39:05c'est mon gros point d'interrogation.
39:08En fait, on n'a pas nous spécialement vendu d'Europe.
39:10On a gardé beaucoup de positions européennes, mais on a la chance d'avoir pas mal.
39:14Aussi des actions américaines qui nous ont beaucoup aidé l'année dernière,
39:17et qui cette année, depuis le début de l'année, pèsent un petit peu,
39:20mais à moyen terme, il n'y a pas de raison de remettre en question ce leadership.
39:24Mon point, c'est plutôt l'incertitude du moment, parce que le marché...
39:28Moi, dès octobre-novembre, je me disais, de toute façon, Trump va être pragmatique,
39:32donc je n'avais pas spécialement peur.
39:34En revanche, quand on voit la manière dont les marchés ont remonté aujourd'hui,
39:37certes, parce qu'on était très peu cher, qu'on avait tiré l'élastique vers le bas,
39:41qu'on a eu des résultats qui étaient un peu meilleurs sur quelques titres très emblématiques,
39:45ça a beaucoup aidé les indices.
39:47Mais enfin, il n'y a pas eu non plus un rattrapage extraordinaire
39:50sur tout ce qui est Small Limit Cap, par exemple.
39:52Donc, là aussi, il y a des questions.
39:54Et donc, une de mes questions aujourd'hui, c'est de voir si le marché ne va pas un peu trop vite.
40:02On a vu les réactions du Canada et du Mexique.
40:06Donc, tout le monde s'est dit, tout le monde doit faire la même chose.
40:09On va voir.
40:10Quand j'entends les propos de Madame van der Leyen,
40:13le risque, le vrai risque pour les marchés et pour l'économie, c'est la guerre commerciale.
40:17Et pas forcément du fait de Trump.
40:19C'est lui qui tire en premier.
40:20Mais si derrière, il y a une confrontation qui se met en place, voilà.
40:23L'Europe n'a pas tout à fait le même statut que le Mexique et le Canada.
40:28Du point de vue des États-Unis et encore plus du point de vue des États-Unis de Donald Trump.
40:32Oui, et puis à côté de ça, on n'a pas envie de se laisser marcher sur les pieds complètement.
40:36Il n'est pas exclu qu'il y ait un tout petit peu de tension plus durable que les 24 heures
40:41qu'il y a eu entre l'annonce des droits sur le Mexique et la réaction des dirigeants canadiens et mexicains.
40:46Donc, moi, à très court terme, je suis quand même un petit peu prudent.
40:50Je trouve qu'on a pas mal monté, qu'on a vraiment besoin de souffler.
40:52On ne va certainement pas retracer toute la hausse qu'on a connue.
40:56Mais moi, je serai plus acheteur si le marché consolidait un tout petit peu
41:01pour redonner un peu de potentiel sur les perspectives sur la fin d'année.
41:05Un point important de cette année 2025, si Donald Trump, parmi toutes ses annonces, arrive à délivrer,
41:12passez-moi l'expression, sur l'idée d'un cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine,
41:18dans quelle mesure c'est positif pour les marchés d'action en Europe, pour l'Europe en tant que telle ?
41:24Ça permettra de faire baisser un peu la prime des risques européennes, certainement.
41:29Surtout qu'il peut y avoir aussi un peu de baisse des tensions sur tout ce qui est pris de l'énergie en parallèle.
41:35Il faudra certainement changer les valeurs de défense pendant quelques temps.
41:39Il peut y avoir des contre-coups aussi.
41:42Mais c'est sûr, les valeurs de défense aujourd'hui ne sont pas assez pour l'influer.
41:46Il faut faire très attention à ça.
41:48Je crois qu'aujourd'hui, c'est compliqué d'acheter.
41:51On peut peut-être encore les conserver, mais en acheter aujourd'hui, c'est quand même...
41:56C'est quand même pas gagné cette affaire.
41:58Il a dit 100 jours pour réunir, pour arriver à cesser le feu.
42:03Le marché n'anticipe... Il n'y a pas d'anticipation spécifique du marché sur cette idée-là ?
42:08Bah si, je pense que ça joue un peu...
42:10Dans le rattrapage global de l'Europe, quoi ?
42:12Je pense que ça joue un petit peu quand même.
42:14Les primes de risque n'ont pas beaucoup, beaucoup baissé.
42:16Parce que les earnings...
42:18Non, il n'y a pas eu de révision à la hausse des earnings.
42:20C'est plutôt le calme sur le sil.
42:22Il y a eu un petit peu de baisse de la prime de risque, j'imagine.
42:24Donc ça a dû y contribuer quand même.
42:26Mais je pense que ça ne va pas se faire du jour au lendemain.
42:29On a quand même deux adversaires qui ne veulent pas perdre.
42:33Trump ne veut pas se dédier vis-à-vis de son opinion.
42:36Donc il veut réussir la paix.
42:38Et Poutine ne veut pas reculer.
42:40Donc ce n'est pas gagné.
42:42Ça fait partie aussi des points d'incertitude pour les prochains mois.
42:45Sur le marché européen, Joachim,
42:47quelle est la manière d'aborder l'investissement en actions chez nous, en Europe, là, aujourd'hui ?
42:53Oui, alors je rajouterais peut-être deux choses aussi
42:55dans ce qui peut réconforter les investisseurs par rapport à l'Europe.
42:58Donc il y a éventuellement...
43:00C'est l'ABCE.
43:01Voilà, il y a l'ABCE, bien évidemment.
43:03Il y a les élections en Allemagne aussi
43:05qui peuvent peut-être aboutir sur une relance un peu fiscale et budgétaire en Allemagne.
43:10Et puis...
43:11Mais c'est plutôt encore un risque de surprise positive.
43:13Parce qu'on en parle depuis déjà 3-4 mois des élections en Allemagne,
43:16depuis qu'elles ont été déclenchées.
43:18Mais il y a quand même toujours au bout du chemin
43:20l'idée que ça peut être une surprise encore positive pour le marché.
43:23En tout cas, pas une surprise négative.
43:25Voilà, exactement.
43:26Puis la dernière peut-être surprise positive qui peut surprendre le marché,
43:30c'est peut-être le réveil chinois aussi,
43:32qui peut être un catalyseur assez important pour ces pays-là.
43:36Maintenant, on garde en tête quand même des choses un peu plus structurelles.
43:39On le voit, la politique en France.
43:41On le voit aussi, l'économie plutôt industrielle vieillissante allemande
43:47qui peut prendre du temps à se reconvertir.
43:49Maintenant, à court terme, nous on estime que le rattrapage est assez tactique.
43:54On le voit notamment sur les publications de résultats.
43:56Mais encore une fois, notre métier fait du sens sur cette zone géographique-là.
44:02On le voit par exemple dans des secteurs dans le luxe
44:04où il faut à notre sens être très sélectif, faire des choix entre Hermès, Kering, etc.
44:09Plutôt choisir Hermès.
44:11Voilà.
44:12Enfin jusqu'à aujourd'hui.
44:14Peut-être qu'aujourd'hui il faut choisir Kering.
44:16Je n'en sais rien pour les prochains mois.
44:18Kering, visiblement, nous vend l'idée d'une stabilisation de son business.
44:23J'ai l'impression que le marché veut voir des preuves tangibles
44:28de cette stabilisation des activités de Kering.
44:32Un mot sur l'ABCE peut-être.
44:34Florent, effectivement, si l'ABCE est en pause
44:37ou ne délivre qu'une ou deux baisses de taux cette année,
44:39ça n'empêche en rien la Banque Centrale Européenne de tracer sa route, son chemin.
44:46Est-ce qu'il n'y a plus de sujet de dépendance de l'ABCE
44:50par rapport à ce que ferait la Réserve fédérale américaine côté américain ?
44:54Ou c'est quelque chose qui peut revenir ?
44:56Il n'y a quand même pas une autonomie complète
44:58puisqu'il y a quand même la parité euro-dollar en toile de fond.
45:02Il est clair que l'ABCE va être plus offensive que la Réserve fédérale
45:08compte tenu de la morosité de l'économie européenne.
45:12Jusqu'à un certain point, effectivement, les modèles ne donnent pas de chiffres très précis.
45:20À partir de quel moment l'euro s'affaiblit trop
45:24et devient donc lui-même source d'inflation ?
45:26C'est ça le critère.
45:28Je pense que là, on avance un peu à vue.
45:32Mais en tout cas, l'ABCE est engagée dans un cycle de baisse
45:36parce que sa priorité là, ça reste quand même de faire redémarrer l'économie européenne.
45:42Et si c'est source de regain d'inflation, elle devra faire une pause.
45:48C'est à peu près ça le scénario de décision.
45:54On verra le 6 mars prochain.
45:56On attend quand même toujours 25 points de base
45:58pour la prochaine réunion de la Banque Centrale Européenne.
46:00Merci beaucoup messieurs.
46:02Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:04Florent Delorme, stratégiste chez M&G Investments.
46:06Joachim Jean, directeur de la gestion actions de Mansartis.
46:08Et Vincent Genzy, directeur de la stratégie d'investissement de Cholet-Dupont-Houdard.
46:24Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:27Le thème ce soir, c'est celui du capital risque et plus précisément du capital risque à impact.
46:32Nous en parlons avec Yann Lagalai, qui est à mes côtés en plateau,
46:35managing director du fonds Solar Impulse chez BNP Paribas Asset Management.
46:40Yann, bonsoir.
46:41Bonsoir.
46:42Merci beaucoup d'être là.
46:43C'est un fonds qui a été monté au cours de l'année 2022, c'est ça Yann ?
46:46Exactement.
46:47Si je ne dis pas de bêtises.
46:49Racontez-moi la rencontre, parce que deux belles franchises.
46:51BNP Paribas Asset Management d'un côté,
46:53et puis la franchise Bertrand Piccard Solar Impulse.
46:56À travers la fondation Solar Impulse,
46:58il y a l'idée d'avoir construit et géré, grâce à vous,
47:02ce fonds de venture, comme on dit, de capital investissement, de capital risque,
47:06dédié à l'impact et à la transition écologique au sens large.
47:10Mais moi, je veux bien que vous nous racontiez la rencontre des deux franchises, si je puis dire Yann.
47:14Bien sûr.
47:15Pas de problème.
47:16Alors nous, on n'a pas commencé avec la fondation Solar Impulse,
47:18c'est-à-dire que la banque, dès la COP21,
47:21nous a confié 100 millions d'euros pour investir avec le capital de la banque.
47:25Ça, c'est le début de l'histoire.
47:26Et c'est en 2015-2016.
47:27On commence à faire un petit bout de temps.
47:29On était trois dans l'équipe à l'époque, Laura Virstel, Olivier Varnon et moi-même.
47:33Et donc, on a fait nos marques dans ce venture capital, dans ce monde de la transition,
47:38qui d'ailleurs, pour nous, était une transition énergétique qu'on a voulu élargir à la transition écologique.
47:43Et c'est important d'avoir cet angle-là, parce qu'on parle de biodiversité dans notre nouveau fonds,
47:47on parle d'écologie, d'agtech, foodtech.
47:49Enfin voilà, le problème de la transition écologique, il est vaste.
47:51Il n'est pas seulement sur l'énergie et le carbone.
47:53Sur l'énergie et le carbone, oui, on est d'accord.
47:55On a eu des rencontres avec la Fondation Solar Impulse.
47:57D'abord, elle est historique avec la banque, parce que la Fondation Solar Impulse, en elle-même,
48:02on a aidé à la créer avec la banque depuis six ans,
48:05depuis la fin de l'aventure de Bertrand Piccard, qui est connu pour avoir fait le tour du monde.
48:10Et je précise d'ailleurs qu'il est en train de travailler un projet.
48:12Il en fait d'autres, oui.
48:13Non, il travaille un projet pour le faire en hydrogène,
48:15pour démontrer qu'avec l'hydrogène, on peut aussi faire le tour de la planète.
48:18Voilà, c'est un personnage incroyable.
48:20Force à lui.
48:21Et d'une force de persuasion absolument incroyable.
48:23Donc oui, on a la chance de partenariser avec la Fondation,
48:25qui elle-même cherchait à aller plus loin que ce qu'elle fait aujourd'hui, qui était le label.
48:29Donc en fait, ils ont fait un appel à la candidature.
48:31Et voilà, on a été choisis de par notre expérience
48:34et de par les affinités qu'on avait avec la Fondation Solar Impulse.
48:38Donc maintenant, c'est un partenaire.
48:39Donc c'est important pour nous, parce que ça nous permet d'avoir une vision un peu secondaire,
48:44un label qui accrédite notre vision de l'impact de la solution,
48:48mais aussi de sa viabilité.
48:50L'idée d'un thème qui est cher à Bertrand et à la Fondation, c'est de dire
48:53est-ce que ces solutions, elles peuvent remplacer l'existant de manière économiquement viable ?
48:57Et donc il y a cet aspect-là aussi qui est très important dans le label.
48:59Donc c'est important pour nous, c'est des partenaires.
49:01Mais voilà, quand on fait notre investissement,
49:03on le fait avec notre expérience, avec les practices de BNP Paris Basset Management.
49:08Et voilà, on le fait en Amérique du Nord, en Europe.
49:11Mais vous investissez.
49:13Il faut expliquer cette histoire de label, parce qu'on ne sait pas bien.
49:16Des labels, il y en a partout.
49:17Mais c'est quoi la spécificité du label Bertrand Piccard ou du label Solar Impulse, Yann ?
49:24Parce que c'est une des promesses que vous faites à travers ce fonds,
49:29c'est d'investir dans des entreprises qui sont des scale-up,
49:31vous allez nous expliquer effectivement,
49:32mais qui ont avant tout ce label Solar Impulse.
49:35C'est vrai, c'est vrai.
49:36Donc le label consiste en fait à un dossier qui est rempli par les sociétés.
49:40Une solution est choisie parmi toutes les solutions qu'il peut y avoir dans la société.
49:43Et la Fondation, à travers des experts indépendants,
49:46monte ce dossier, aide à monter ce dossier.
49:48Et il y a trois critères.
49:49Un sur la technicité, un sur l'impact environnemental et un sur la viabilité économique.
49:53Et si les experts extérieurs, ils sont au nombre de 3 votes, 2 sur 3,
49:57le label est accordé.
49:58C'est un label qui est reconnu par la Commission européenne, par l'UNSDI.
50:01D'accord.
50:02Et pertinent du point de vue de l'investisseur.
50:04Et qui est pertinent d'un point de vue de la fiabilité et de l'impact.
50:08Nous, en fait, on fait nos profs du diligence technologique, commercial, etc.
50:13À part.
50:14Mais c'est comme quelque chose qui garantit l'indépendance de cette vision-là.
50:18On n'a pas menti, en tout cas, sur l'impact environnemental de la solution.
50:21Et c'est important de se poser deux fois la question sur ce sujet-là.
50:23Parce qu'on sait à quel point c'est controversé.
50:26Et ce qui fait qu'on est aussi un fonds SFDR9.
50:28Ça nous aide aussi à remplir ces critères-là.
50:30Article 9.
50:31Donc on est au maximum de ce qu'on peut afficher.
50:34Alors, ils n'ont pas inventé un SFDR10.
50:36Je ne connais pas.
50:37Non, mais voilà.
50:38Au maximum de ce qu'on peut afficher avec l'intention et la volonté.
50:41Et même l'obligation de délivrer sur l'impact.
50:45Bon, concrètement, qu'est-ce qu'on fait dans ce fonds de venture et de capital risque à impact, Yann ?
50:51Notre angle, d'abord, c'est d'aider des sociétés qui ont déjà démontré qu'elles avaient quelque chose de pertinent dans une solution existante.
50:57Donc on ne fait pas du CID, comme dans le capital risque.
51:00On n'investit pas sur des slide decks.
51:02Non, on investit sur des technologies qui ont été prouvées et qui commencent à avoir des clients.
51:06En général, plutôt un million d'euros.
51:08Mais ça dépend des types de technologies.
51:10Et on investit en Amérique du Nord pour un tiers et en Europe pour deux tiers.
51:16Parce que c'est là où se retrouvent les marchés de l'innovation aujourd'hui.
51:20Et on investit sur des scale-up qui sont en divers types de secteurs.
51:24Énergie, mobilité, comme je disais au début.
51:26Smart city, hacktech, foodtech, circulaire, économie.
51:29On a même une thématique biodiversité.
51:31Et c'est peut-être là-dessus que je peux commencer.
51:33Bien sûr.
51:34Notre premier deal est là-dessus.
51:35Naturemetric, c'est une boîte UK qui travaille sur la mesure de biodiversité.
51:40Un sujet hyper important.
51:42On a eu beaucoup de boîtes qui ont travaillé sur la mesure carbone.
51:45Je ne dis pas que c'est réglé.
51:47Mais c'est déjà un problème à adresser.
51:49C'est facilement quantifiable, le carbone.
51:51Exactement.
51:52Et on a déjà des marchés là-dessus.
51:53Mais il y a des marchés de biodiversité qui sont en train de se mettre en place.
51:55Et c'est un sujet qui est très cher à BNP Paribas.
51:57Parce qu'on a participé aussi à la Transforce pour Natural Disclosure.
52:00Et donc le capital naturel va devenir un actif qu'on va devoir pricer devant.
52:05Le capital naturel, c'est les forêts, les océans.
52:08C'est tout l'environnement.
52:10Tout ce qu'on surconsomme aujourd'hui.
52:12Un des sujets de la transition écologique, c'est comment on fait avec les ressources qu'on a.
52:15Et je pense qu'on ne se pose pas beaucoup la question en réalité de qu'est-ce qu'on fait avec les ressources qu'on a.
52:19On pense qu'elles sont infinies.
52:20Elles ne sont pas infinies aujourd'hui.
52:22Donc il faut pouvoir calculer l'impact des activités humaines.
52:25Que ce soit des corporate, que ce soit des industriels.
52:30Il faut comprendre quel impact ils ont sur la nature.
52:33Et ça, ce n'est pas facile à mesurer.
52:34Et cette boîte a développé des technologies e-DNA très spécifiques qui permettent de mesurer ça dans le temps à un low cost.
52:40Ce n'est plus des gens que vous envoyez pendant 6 mois à prendre des photos d'animaux.
52:45De la moindre parcelle, etc.
52:47C'est plus exhaustif.
52:48Ça se met sur des traces d'ADN.
52:50Et ils ont compilé ça aujourd'hui avec d'autres types de vecteurs qui peuvent être satellitaires ou même des bruits, etc.
52:55Donc ils compilent tout ça pour permettre aux entreprises d'analyser quels sont leurs actifs
53:00ou quelles sont leurs activités qui peuvent mettre en risque la biodiversité.
53:02Mais vous êtes client de cette boîte alors ?
53:04D'une certaine manière, certaines parties de la banque regardent comment il s'appelle.
53:10Naturemetrics.
53:11C'est assez unique.
53:12Donc ça, c'est la première boîte.
53:13La deuxième boîte dans laquelle on investit est plus classique et connue, je pense, de pas mal de Français.
53:18Ça s'appelle Phénix.
53:19Donc là, on est dans l'anti-gaspillage.
53:20Au départ alimentaire, on a pris Phénix avec une stade relativement avancée.
53:23Quand on est fou, on investit dans des boîtes matures.
53:25Mais la prochaine étape, c'est de faire naître de Phénix d'autres activités.
53:29On fait du gaspillage pas seulement sur la nourriture.
53:31On en fait aussi sur le non-food.
53:33Et donc voilà, la boîte, aujourd'hui, on est très contents.
53:36Elle est devenue profitable.
53:37Et on est pour l'aider à aller aux étapes suivantes.
53:41Donc ça, c'est Phénix sur l'anti-gaspillage.
53:43Économie circulaire, gaspillage.
53:45La troisième boîte dans laquelle on investit est dans l'agriculture.
53:49C'est Axioma.
53:50Donc là, on est dans les biostimulants agricoles.
53:52Un secteur qui est difficile à déplacer, je le dis,
53:54mais un challenge hyper important pour nous passer des produits phytosanitaires.
53:58Pour expliquer ce qu'il y a de très, très simplement,
54:01c'est donner des vitamines aux plantes pour qu'elles se défendent elles-mêmes
54:03contre les mauvaises choses qui peuvent arriver.
54:05Donc ça, c'est Axioma.
54:07Je vous déroule tout de suite.
54:09Il y en a quoi ?
54:10On ne fera peut-être pas les six, mais...
54:12Je parlais d'Elloat.
54:14Allez-y.
54:16C'est un peu inhabituel pour nous.
54:18C'est du B2C.
54:19Et Elloat, ça permet à des gens...
54:21Je vous invite d'ailleurs à downloader l'application.
54:22Parce que si vous avez chez vous de la consommation diétique,
54:25vous avez déjà Elloat.
54:26Je crois.
54:27Je vais vérifier derrière.
54:29Donc ça aide.
54:30En fait, pour moi, c'est un intermédiaire de confiance.
54:32Aujourd'hui, il y a beaucoup de débats sur des arnaques
54:35autour de la MaPrimeRénov' et des choses comme ça.
54:38Eux, c'est des acteurs, c'est des relais de confiance.
54:40D'abord parce qu'ils vous recommandent gratuitement
54:42comment faire pour économiser l'énergie.
54:44Ils vous permettent après de faire tout type de travail,
54:46que ce soit du PV, de l'isolation,
54:48de l'installation de pompes à chaleur.
54:50Et ils le font avec des tiers de confiance qu'ils ont sélectionnés.
54:53Et ils prennent tout le risque.
54:56J'entends bien.
54:57Donc ça, c'est Elloat.
54:58Et ça, ça a explosé pendant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
55:01J'imagine que c'est le genre de business qui a dû...
55:03Ils ont un business qui est incroyable.
55:04Parce que, comme on dit, c'est une boîte boost trapée.
55:06Donc c'est des jeunes. Ils sont sortis de Centrale.
55:07Donc ils n'ont pas jamais levé de capital.
55:09Ils sont arrivés à des... Je ne peux pas dire...
55:11Donc c'est des gens...
55:12Sans lever de fond, quoi.
55:13Ils n'ont pas levé de fond.
55:14Et on est arrivés, nous et Starquest,
55:16on est arrivés il y a un an pour les aider
55:18à passer à la prochaine étape.
55:19Mais c'est deux personnes extraordinaires.
55:21Il faudra les inviter sûrement.
55:23Ils sont peut-être déjà venus dans une émission
55:25qui s'appelle Smart Impact chez nous,
55:27qui traite de ce genre de sujet.
55:29Yann, il nous reste quelques minutes.
55:31Je voulais que vous nous racontiez
55:33comment vous avez levé des fonds.
55:35Parce que vous avez levé plus de 170 millions d'euros, c'est ça ?
55:37172, précisément.
55:38172. Et oui.
55:39Les deux millions sont aussi importants que les autres.
55:42Exactement. Ils sont tous aussi importants que les autres.
55:45Mais qu'est-ce que ça nous dit ?
55:47Parce que vous le dites avec un sourire.
55:49Il y a une fierté derrière cette levée de fonds.
55:52Parce que lever des fonds pour ce type d'investissement en 2022,
55:56ce n'était pas si évident que ça, Yann ?
55:59Non, ce n'est pas évident.
56:00Parce que malgré toutes les bonnes choses qu'on peut penser
56:03de la nécessité de faire quelque chose pour le climat,
56:05pour la plupart des acteurs, d'investisseurs privés,
56:08la classe d'actifs capital risque reste une classe d'actifs risquée.
56:11On ne peut pas dire le contraire.
56:12C'est plus risqué que le private equity,
56:14c'est plus risqué que l'infra.
56:15Mais par contre, c'est absolument nécessaire
56:17pour faire naître des technologies qui vont nous permettre
56:19derrière de faire des choses.
56:21Nous, on a vocation à dire que l'impact qu'on véhicule
56:24n'est pas du tout opposé à du return.
56:27On assume ça.
56:29Je pense que pour qu'un impact soit quantitatif,
56:32il faut qu'il y ait du return, surtout pour qu'il vive plus loin.
56:34Je pense qu'on a réussi à convaincre,
56:36de part les années qu'on a passées d'apprentissage,
56:39on n'est pas venu en short en disant qu'il fallait faire ça.
56:42Ça fait plusieurs années qu'on fait ça.
56:45La spécificité de la fondation Solar Impulse,
56:48le fait que la banque, avec son capital,
56:50investisse dans les fonds du marché
56:52pour qu'on soit aussi dans un écosystème,
56:54c'est important.
56:55On ne travaille pas dans du mageau dans le monde du venture capital.
56:58On a rarement raison tout seul.
57:00Il faut être dans cet écosystème pour aider les startups,
57:03leur éviter de faire des erreurs,
57:05leur permettre d'embaucher les bons talents.
57:07C'est ça qu'on fait aujourd'hui,
57:08les mettre en face des clients qui ont besoin de changer,
57:10de transformer pour qu'on réussisse cette transition.
57:12Est-ce qu'il y a un vrai risque de setback
57:14sur ces grandes thématiques d'investissement ?
57:17Au départ, transition énergétique,
57:19mais transition écologique aujourd'hui.
57:21Je vous passe le bruit politique du moment,
57:25mais qui s'ajoute aussi ?
57:27On a vécu l'envolée des valorisations
57:29dans cette thématique d'investissement,
57:31et puis il y a un net recul derrière
57:33qui a pu refroidir certains esprits.
57:37Est-ce qu'il y a un vrai risque de setback
57:39ou est-ce que vous ne le percevez pas du tout
57:41dans l'écosystème et l'univers dans lequel vous naviguez ?
57:43Je ne crois pas.
57:44On a démontré déjà que les renouvelables,
57:46qui plus est associés à du stockage,
57:48c'est l'énergie la moins chère.
57:50On a des problèmes maintenant des déploiements
57:52parce qu'à chaque fois il y a des réticences,
57:54comme dans toutes les transformations.
57:56Mais les nouvelles énergies qui sont mises en place aujourd'hui,
57:58c'est à 95% du renouvelable.
58:01On investit plus dans le renouvelable
58:03que dans le fossile aujourd'hui dans le monde.
58:05Je le rappelle, parce qu'on a parfois l'impression
58:07qu'il faut avoir les ordres de grandeur en tête.
58:10Non, il faut être patient parce que les choses sont très lentes.
58:12C'est ça que les gens ne perçoivent pas.
58:14Je pense qu'il faut aussi véhiculer des idées positives
58:16par rapport à tout ça.
58:17On est là pour créer des solutions plus efficientes,
58:19y compris pour les industriels, pour les clients,
58:21et pas forcément là pour punir.
58:22Il y a une image à public qui n'est pas la bonne, je pense.
58:25Ce n'est pas punitif, c'est l'efficacité.
58:27Et l'efficacité, comme le dit si bien Bertrand Piccard,
58:29c'est ce vers quoi on doit aller pour utiliser
58:31le moins de ressources possibles pour tout ce qu'on a à faire.
58:33Chaque année, il y a plus d'investissements
58:35qui sont faits dans les transitions écologiques,
58:38mais tout ça ne va pas encore assez vite.
58:40C'est ce que je veux dire.
58:41Il y a des problèmes de vitesse,
58:42mais il y a plein de choses à faire pour que ça aille plus vite.
58:45Je pense que la tendance est profonde et ancrée,
58:48et il y aura des bumps.
58:49Ce n'est pas une ligne courbe,
58:51mais de facto, on n'a pas le choix.
58:53Merci beaucoup Yann.
58:54Yann Lagalai, managing partner du fonds de venture Solar Impulse,
58:59en partenariat entre BNP Paribas Asset Management
59:02et la fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard,
59:05qui était l'invité de notre dernier quart d'heure.
59:07Dans Smart Bourse ce soir.

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