Dans son édito du 08/03/2025, Jules Torres revient sur le replacement des premiers fidèles d'Emmanuel Macron à des hauts postes.
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00:00Oui, je ne sais pas si les Français ont vu le dernier épisode d'une série bien connue,
00:04la série de la République des Copains, vous savez, c'est ce vieux feuilleton politique
00:09multi-rediffusé mais avec un scénario qui ne bouge jamais, saison après saison, décennie
00:14après décennie.
00:15C'est le même pitch, on distribue les rôles non pas au talent ni au mérite mais à la
00:18proximité.
00:19Le générique, on le connaît par cœur, les postes clés, c'est pour les copains,
00:22les marchés publics, c'est pour les copains, les promotions, et bien c'est aussi pour
00:25les copains.
00:26Tout ça échappe, c'est dans du huis-clos, dans les coulisses du pouvoir et c'est l'entre-soi,
00:31la compétence principale.
00:32Alors attention, ce n'est pas une création originale d'Emmanuel Macron, la série date
00:36dès les années 70, Michel Pagnatowski, le conseiller historique de Giscard, il faisait
00:41déjà la critique de, vous savez, la République des Copains et des Coquins, voyant bien que
00:46l'État avait une légère tendance à se transformer en maison de famille.
00:49Bref, quelles que soient l'époque, ce sont toujours les mêmes mécaniques, ceux qui
00:52sont dans le cercle raflent la mise, verrouillent les décisions et transforment la République
00:56en club privé.
00:57Mais la saison Macron, c'est sans doute la plus dense, la plus assumée, la plus produite,
01:02avec un twist moderne.
01:03Fini la République des Copains, place à l'ancienne, à la start-up nation entre les
01:10copains.
01:11La bande des débuts, elle reste soudée, elle se serre les coudes et elle refile les
01:14postes dès qu'un strapontin se libère.
01:16Souvenez-vous, en 2022, après la grosse claque des législatives, Emmanuel Macron, depuis
01:22l'Élysée, murmurait à ses soldats déchus « Je serai toujours là pour vous parce que
01:26vous avez toujours été là pour moi ». Traduction, ne t'inquiète pas, on va recaser
01:29les copains.
01:30Et pour les fidèles du 1er cercle, la promesse du chef de l'État, elle n'est pas restée
01:33lettre morte.
01:34Promesse tenue du Président, vous nous dites, mais concrètement, qui sont ces heureux élus ?
01:38Cette semaine, trois rebondissements majeurs dans la saison Macron de la République des
01:42Copains.
01:43On peut dire que le chef d'État a soigné les siens.
01:45Richard Ferrand, l'ami fidèle, l'indéboulonnable, recasé aujourd'hui en grande pompe à la
01:50présidence du Conseil constitutionnel.
01:52Dans la foulée, Sarah El Haïry, ex-ministre déléguée à la Jeunesse, propulsée au
01:56haut-commissaire à l'enfance.
01:57Clément Bonnelui récupère le haut-commissariat au plan de François Bayrou.
02:01La boucle est bouclée, enfin, preste, parce que quel est le point commun entre ces élus ?
02:05Eh bien, simple, ils ont tous été défaits dans les urnes, éjectés, balayés aux législatives
02:11par les électeurs, dehors par la porte démocratique, dedans, par la petite porte du copinage.
02:16Voilà le vrai scénario derrière ces nominations qui font tousser un gigantesque recasage des
02:21bâtions rebranchées en douce sur les circuits du pouvoir.
02:23Et encore, ce n'est que le début du bestiaire, car jetez un oeil par exemple au gouvernement.
02:27Il y a Manuel Valls, défait aux législatives, Amélie de Montchalin, Laurence Amartin, Patricia
02:32Miralles, Patrick Mignola, tous recalés dans les urnes et recasés derrière.
02:36Vous pensiez que c'était terminé ? Bien non, la série continue.
02:40Au cabinet de François Bayrou, par exemple, le directeur adjoint de son cabinet s'appelle
02:43Louis Marguerite, député, bâtie aux législatives.
02:46Qui gère la presse ? Bruno Méliès, député, bâtie aux législatives.
02:49Et à Bercy, on a casé l'ancien député Michael Nogam, conseiller spécial.
02:53Et à la justice, Marie Guevenou, ex-députée et même ex-ministre, elle a été recasée
02:57de la même manière.
02:58Croyez-moi, la liste n'est pas exhaustive.
03:00Restez branchés, car le prochain épisode est déjà en tournage.
03:03Mais au fond, Jules, est-ce que c'est vraiment si grave ?
03:05Au fond, le plus choquant, ce n'est pas tant qu'ils aient retrouvé un strapontin.
03:09Le vrai problème, c'est surtout où est-ce qu'on les a recasés ?
03:12Richard Ferrand, d'abord, balié aux législatives de 2022, on l'a dit, et sans la moindre
03:16formation juridique qui va décrocher la présidence du Conseil constitutionnel.
03:20On parle quand même d'une institution qui fait et défait les lois et qui, depuis plusieurs
03:25années, est devenue l'épicentre du gouvernement des juges.
03:28Ensuite, Clément Beaune, battu à Paris, recasé au Haut commissariat au plan.
03:33Vous savez, ce machin qui a été relancé en 2020 par Emmanuel Macron pour recaser déjà
03:38François Bayrou.
03:39Et en quatre ans, seulement une vingtaine de notes, quelques rapports, quelques travaux,
03:43zéro mesure complète pour un Haut commissariat au plan qui est chargé quand même de la
03:47planification de notre État, le tout financé, évidemment, par nos impôts.
03:51Bref, un placard doré avec vue sur les invalides.
03:53Et comme il restait une petite place à distribuer, Emmanuel Macron, eh bien, il a créé un nouveau
03:57poste, une nouvelle agence, le Haut commissariat à l'enfance.
04:00Oui, ça ne pouvait pas être un ministère, ça.
04:02Justement.
04:03Parfait pour sa RER qui a été battue donc aux législatives.
04:05On croyait quand même que c'était Catherine Vautrin, ministre de la Santé et des Familles,
04:11qui gérait la question de l'enfance.
04:12Eh bien, non, non, il fallait une agence de plus dans un pays qui en compte déjà
04:161 200 pour 80 milliards d'euros par an.
04:19Voilà, ça, c'est vraiment le vrai mal français, des battues qui s'accrochent, des agences
04:23qui se multiplient et une République qui ressemble de plus en plus à une machine à
04:26caser les copains.
04:27Alors, à ce stade, il faudrait peut-être arrêter de faire semblant et appliquer enfin
04:31le seul programme qui vaille.
04:33Il tient en silette à Fouera.