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Le documentaire "Les banlieues, c'est le paradis" est diffusé ce mardi sur France 2 à 21h10. Son auteur, Mohamed Bouhafsi, est l'invité de Amandine Bégot et Thomas Sotto.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 18 février 2025.

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Transcription
00:00L'invité du 9-10
00:02Les journalistes font des modes, la violence à l'école existait déjà
00:06Demandant des rackets, les bastons, les dégâts
00:09Les coups de patte dans les pare-brise, des tirs des instituts
00:11Akhenaton, pour vous accueillir, Mohamed Bouelbsi, bonjour
00:14Bonjour Amandine, bonjour Thomas
00:15Et bienvenue un peu à la maison quand même ici
00:18Puisque on le rappelle, on vous retrouve tous les dimanches à 13h sur RTL dans Focus Dimanche
00:22Alors ce matin, vous venez nous parler
00:23Et c'est pour ça qu'on entend Akhenaton qui témoigne d'ailleurs dans votre documentaire
00:27Donc de ce documentaire que vous avez co-réalisé et qui sera diffusé ce soir sur France 2
00:31Ça s'appelle « La banlieue c'est le paradis »
00:34C'est un peu provoque comme titre hein
00:36Non mais c'est ça l'objectif, d'être provocateur
00:39Oui c'est d'être provocateur Amandine, Thomas
00:41Parce que bien évidemment que la banlieue c'est pas le paradis
00:44Mais personne n'est jamais revenu du paradis
00:46Le paradis c'est une représentativité
00:48Vous n'avez jamais croisé quelqu'un qui vous a dit « Ouais j'étais hier au paradis »
00:51Je peux vous dire que c'était comme ça
00:52En revanche ce que je peux vous dire c'est que c'est pas l'enfer les banlieues
00:54C'est pas Tijuana, c'est pas que des riques, c'est pas que des émeutes, c'est pas que de la violence
00:58C'est ici des gens qui travaillent
01:00C'est 99% de la population qui se lève le matin pour faire tourner l'économie française
01:03Pour faire tourner la société française
01:05Et qui sont fiers de faire nation, de faire république ensemble
01:08Et puis il y a beaucoup d'affects dans cette banlieue que vous décrivez, que vous montrez, que vous nous racontez
01:12Vous nous prenez par la main et vous nous emmenez d'ailleurs dans votre banlieue
01:15Celle où vous avez grandi, en l'occurrence la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis
01:18Pourquoi avoir eu cette envie ? Pourquoi ce besoin de nous raconter votre...
01:23On pourrait dire, Mohamed Bouafi, il s'en est sorti, il est brillant, il cartonne dans sa vie professionnelle
01:27Il laisse ça derrière
01:29Alors moi je pense pas à tout ce que vous venez de dire tout d'abord Thomas
01:31Et on a toujours ce syndrome de l'imposteur qu'on retrouve dans les banlieues
01:34Mais aussi dans les territoires ruraux
01:36C'est assez fort, Akhenaton le dit, il y a beaucoup d'éléments qui nous rapprochent
01:39Entre les banlieues et les territoires ruraux
01:41Vous vous rappelez de cette phrase magnifique de Gérard Collomb
01:44Qui est prémonitoire
01:46On va vivre dans les prochaines années face à face
01:48Alors qu'avant on vivait côte à côte
01:51Je voulais un documentaire qui fédère Thomas
01:53Je voulais un documentaire qui rassemble Amandine
01:55Je voulais dire aux gens, en clair, on a des choses qui nous rapprochent
01:57C'est pas un documentaire de droite, c'est pas un documentaire de gauche
01:59On élude pas les sujets
02:01C'est un documentaire de terrain
02:03C'est un documentaire de terrain qui a pour but de décrypter
02:05Qui a pour but d'éclairer, qui a une vision fédératrice
02:07Pour répondre à votre question Thomas
02:09Je l'avais dans mon coeur depuis 3 ans, 2-3 ans ce documentaire
02:11Parce que c'est pas le premier
02:13J'ai pas l'arrogance, l'immodestie de dire que c'est le premier documentaire qui traite de la banlieue
02:16Il y en a eu plein
02:18Selon moi, en tout cas, c'est le premier documentaire
02:20Qui donne la parole à ceux qui ont un lien direct
02:22Avec la banlieue
02:24Avec votre caméra subjective, parce que c'est votre regard à vous
02:26Parce que c'est mon regard, j'aurais pu l'appeler
02:28Ma banlieue, c'est le paradis
02:30J'aurais pu l'appeler de cette manière là
02:32Mais mon histoire, c'est subtile
02:34Par rapport à l'histoire de tous ces gens
02:36Et d'ailleurs, dans ces 40 témoignages qu'on a
02:38Amandine, ce qui était le plus fou
02:40C'est que je discutais avec Sofiane Zermani
02:42Fianso, avec Franck Gastambide, avec Sabrina Ouaziani
02:44Ils me disaient, mais moi aussi j'ai vécu ça
02:46Moi aussi j'ai vécu ça
02:48Et donc on avait les mêmes arches narratives
02:50Les mêmes histoires à raconter
02:5298, les meubles de Zia et des Bouna, on a les mêmes anecdotes
02:54Dans nos victoires et dans nos douleurs
02:56Alors, il y a ces témoignages dont vous parlez
02:58Et puis il y a les anciens présidents
03:00L'actuel président aussi
03:02Et notamment
03:04Emmanuel Macron, que vous emmenez sur les lieux
03:06Et puis Nicolas Sarkozy
03:08Qui revient sur cette expression
03:10Qui l'a marqué au fer, j'allais dire
03:12Le Karcher, écoutez-le
03:14Le terme nettoyer au Karcher
03:16C'est un terme que ça s'impose
03:18Parce qu'il faut nettoyer cela
03:22Il ne regrette pas ce mot-là
03:24Il explique, il dit, j'ai pu
03:26Commettre des maladresses, avoir des gros problèmes
03:28Mais celui-là, il ne le regrette pas sur le Karcher
03:30Est-ce que vous lui en avez voulu
03:32Ou vous lui en voulez de cette expression
03:34Nettoyer les banlieues au Karcher
03:36Parce qu'on parle d'humains, et c'est ce que vous montrez dans votre doc
03:38On parle de gens qui vivent là
03:40On ne parle pas d'un mur à nettoyer
03:42On ne parle pas de déchets
03:44Vous avez raison Thomas, on ne parle pas de déchets
03:46J'ai pas à lui en vouloir ou pas
03:48Quand j'étais plus jeune, j'ai juste constaté
03:50Que cette phrase, elle avait divisé
03:52Moi je me souviens de micro-trottoirs
03:54Parce que c'est quand même une habitude de journaliste
03:56Les micro-trottoirs, j'en fais encore aujourd'hui
03:58Des micro-trottoirs qui donnaient la parole à des habitants
04:00D'autres régions, d'autres coins de France
04:02Qui disaient, mais attendez s'il faut nettoyer au Karcher
04:04Ça veut dire que c'est des déchets en face
04:06Mais les habitants de ces Karchers
04:08Lui en ont voulu, vous dites moi je ne lui en veux pas
04:10Moi je ne lui en veux pas, mais j'entends la colère
04:12J'entends le sentiment d'humiliation
04:14De ces gens là
04:16Comme Sabrina Ouazani qui le dit, mais on n'est pas des déchets
04:18On n'est pas des cafards
04:20J'ai vu aussi, j'ai constaté l'amalgame
04:22Que ça a pu créer chez ces Français
04:24Le sentiment de se dire, mais nous
04:26On n'est pas des délinquants
04:28Vous savez Thomas Amandine, il n'y a pas une mère
04:30Qui se lève le matin dans les quartiers difficiles
04:32Qui se dit, youpi, mon fils va être délinquant ce soir
04:34Les mères, elles travaillent
04:36Elles ont parfois des doubles services
04:38Ces dernières années, on a parlé
04:40De la situation des familles monoparentales
04:42Parce que vous, on l'entend aussi
04:44Et on doit mettre la responsabilité sur ces pères
04:46P-E-R-E-S, qui quittent les foyers
04:48Mais il n'y a pas une mère qui se lève le matin en disant
04:50Super, mon fils va devenir délinquant
04:52Il va faire du trafic de drogue, il va faire des braquages
04:54Et donc c'est génial
04:56Mais donc ces gens là, ils veulent donner le meilleur
04:58Moi j'ai une maman qui a été exceptionnelle, qui a tout donné
05:00Qui est dans le documentaire, c'est la première que vous allez voir
05:02Au début du film, vous commencez, tiens on va avoir quelqu'un que je connais bien
05:04C'est ma maman
05:06Nassira
05:08Elle vous écoute Thomas Amandine, vous avez la pression
05:10Eh bien bonjour Nassira
05:12Vraiment exemplaire, et qui raconte
05:14Comment elle gérait notamment l'époque
05:16Des émeutes en 2005, comment elle se comportait avec vous
05:18Moi les jeunes, elle allait brûler
05:20Des poubelles, elle allait brûler
05:22Des carcasses de voitures
05:24C'est sauvage tout ça
05:26Et je me dis que les mamans sont beaucoup
05:28Responsables, parce que moi je
05:30Fermais à clé, et j'enfermais mes enfants
05:32Moi ils ne sortaient pas, il n'y en a pas
05:34On n'est pas question
05:36Donc quand même, nous les mamans, on a un pouvoir sur nos enfants
05:38Nous les mamans, on a un pouvoir
05:40Sur nos enfants, plus que jamais
05:42Dans ces quartiers là, c'est aussi un appel
05:44Qu'elle lance dans ce témoignage là
05:46Je suis toujours très ému quand j'écoute ma maman
05:48Parce qu'elle parle assez peu ma maman
05:50En dehors de mes messages sur Whatsapp ou sur
05:52Mon téléphone
05:54Et pourtant on sait qu'elle sait ce qu'elle veut
05:56Dans le documentaire, elle voulait que je travaille à l'école
05:58C'est ça qui vous a sauvé d'ailleurs, ce que vous dites
06:00Et c'est des témoignages qu'on entend régulièrement
06:02L'école m'a sauvé
06:04Comme le dit si bien Abdelmalik, moi j'ai croisé des professeurs dans ma vie
06:06Qui m'ont dit, t'es beau Mohamed, t'es intelligent
06:08Continue, bats-toi
06:10Ma mère m'a toujours dit, 18h tu vas au foot
06:1218h tu rentres, une petite lecture
06:14La douche et tu vas au lit
06:16Ma mère m'a sauvé, à 13 ans elle nous a enfermés
06:18J'ai 13 ans à l'époque, des émeutes dramatiques
06:20Terribles de Zied et Bouna
06:22Et vous vous souvenez de tout ce qui s'est passé
06:24Après les émeutes de Naël
06:26On dit souvent, oui les banlieues ont brûlé après Naël
06:28Non c'est faux, ce ne sont pas les banlieues
06:30Qui ont brûlé après l'affaire Naël
06:32Après le drame de Naël
06:34La mort du jeune homme Naël
06:36Ce sont les petites villes
06:38C'est Mentargie qui a brûlé, c'est Laval
06:40C'est Quimper
06:42C'est Vernon dans l'heure
06:44Parce que c'est des quartiers prioritaires où il n'y a pas de banlieue
06:46Mais à l'époque, on a vu des mères
06:48Cette vidéo elle est incroyable, d'une mère de famille
06:50Qui va chercher son fils, qui lui dit
06:52Tu rentres à la maison, tu ne traînes pas
06:54Ces mères, il faut les accompagner, il faut les aider
06:56Parce que ces mères-là, elles sauvent notre république
06:58Ces mères-là, elles se disent qu'on est fier d'être français
07:00Et moi, ma mère, elle m'a toujours dit
07:02La France te donne à travers la sécurité sociale
07:04À travers les études, à travers tout ça
07:06Faut lui rendre, même si parfois
07:08Il y a des moments difficiles
07:10Elle est heureuse là-bas, votre maman, parce qu'elle y vit toujours
07:12Oui elle y vit toujours à Saint-Denis
07:14Elle a sa copine, sa meilleure amie Aïda
07:16Elle a la coiffeuse qui n'est pas très loin
07:18Elle est heureuse là-bas, et quand je reviens, vous savez
07:20Thomas Amandine, les gens me disent tous la même chose
07:22Nous on a fait des erreurs, toi, va là-bas
07:24Travaille à la télé, va dans les médias, travaille sur RTL
07:26Construis ton avenir et juste
07:28Ce qu'on dit chez les jeunes
07:30Trouve de l'inspiration, donne de l'inspiration
07:32Aux plus jeunes du quartier, parce qu'ils ont tous envie
07:34D'une chose ces gens-là, c'est de s'en sortir
07:36Et parfois c'est plus difficile qu'ailleurs, mais pas plus difficile
07:38Que cette phrase est très importante
07:40Thomas Amandine, je me permets juste de la dire
07:42C'est pas plus difficile de s'appeler Mohamed
07:44Ou Mamadou, et de vivre à la Courneuve ou à Saint-Denis
07:46Que de s'appeler Axel
07:48Ou Alex et de vivre au fin fond de la Corrèze
07:50Ou du Cantal. Je veux juste réagir sur un point
07:52Vous dites, ils veulent tous s'en sortir
07:54Mais la vérité c'est qu'ils ne veulent pas tous en sortir
07:56Moi j'ai grandi dans une banlieue, la Caravelle
07:58La Villeneuve-la-Garenne, qui est tout près de Saint-Denis
08:00Je connais bien les frontières, le lutte, etc.
08:02Et je vais vous dire la vérité
08:04Quand on grandit là, on se dit
08:06Maintenant il faut bien travailler à l'école, comme ça tu vas aller vivre ailleurs
08:08C'est ce que j'ai fait, c'est ce que vous avez fait
08:10Et c'est là qu'on peut se dire
08:12Est-ce qu'il n'y a pas une vision parfois un peu idéalisée
08:14Voire romantique de la banlieue
08:16Parce que vous dites, oui il y a de l'affect, ou il y avait de l'affect
08:18Oui il y a des liens
08:20Entre les voisins, entre les gens
08:22Ce qui n'est pas toujours vrai
08:24En vrai, aujourd'hui
08:26Mais est-ce que la vérité c'est que
08:28Quand on est en banlieue, le premier objectif qu'on a c'est d'en sortir
08:30Quelle que soit la vie qu'on a pu avoir
08:32Et l'éducation parfaite qu'on a pu recevoir
08:34L'implication des enfants, les bons professeurs
08:36Les bons éducateurs, on en a tous connu
08:38Vous avez raison sur deux points
08:40Tout d'abord, la vision idéalisée
08:42Dans le documentaire, je le répète
08:44Il n'est pas de gauche, il n'est pas de droite
08:46On évoque les rixes, on évoque les émeutements
08:48Vous l'avez vu, on n'élude aucun sujet
08:50On parle de tous ces sujets qui ont traîné des crises dramatiques
08:52Vous parlez du départ de la banlieue
08:54Mais c'est ce qu'on explique aussi
08:56Au départ, ça a été créé comme des logements transitoires
08:58Ça a été créé comme des logements
09:00Non mais ça a été
09:02C'est-à-dire que les années
09:04Marcel Diebold, qui est le préfet de la Seine à l'époque en 58
09:06Dit, il faut accueillir en grand par des grands paquets
09:08Il faut que ces ensembles soient parfois
09:10Des ensembles de grands transitoires
09:12Et on l'entend dans le documentaire
09:14Vous avez raison, Philippe Martinez
09:16C'est à partir de 1973 qu'il y a un problème
09:18C'est la crise pétrolière
09:20Et les gens qui y passaient
09:22Pour se construire et pour repartir
09:24Ils sont restés parce qu'ils n'avaient pas d'autre endroit
09:26Et que ceux qui pouvaient partir
09:28Comme vous, Thomas, et comme moi, on a pu partir de ça
09:30Le problème, c'est qu'on a paupérisé
09:32On a paupérisé et on a entraîné la fin
09:34De la mixité et de la ghettoisation
09:36Et du repli sur soi et du communautarisme
09:38Juste un mot, Philippe Martinez
09:40Je vous disais ça parce que j'ai un copain
09:42Qui s'appelle Rachid Boaly
09:44Qui est comédien
09:46Et qui explique dans son spectacle
09:48Que quand ses parents algériens ont quitté le bidonville
09:50Et qu'ils ont été dans une cité HLM
09:52Alors il le dit avec l'accent
09:54Son père a dit mais c'est Versailles
09:56Mais on le montre, Philippe Martinez, on le montre dans le documentaire
09:58Parce que quitter les bidonvilles, on explique
10:00C'est très émouvant, quitter les bidonvilles
10:02On arrive dans les nouveaux appartements
10:04Mais c'était exceptionnel
10:06Ils étaient super ces appartements
10:08Des grandes pièces, eau potable, salle de bain
10:10Mais vous avez raison, Thomas
10:12Pour que les gens puissent en sortir
10:14Et Emmanuel Macron en parle dedans
10:16Le problème c'est qu'à chaque fois des gens en souffrance arrivent
10:18Et des gens qui travaillent du service public

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