• le mois dernier
"Sentiment de submersion migratoire" : les propos du François Bayrou peuvent-ils provoquer la censure des socialistes ?
Laurent Marcangeli, ministre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 29 janvier 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:007h42 sur RTL, l'invité d'RTL Matin est Thomas, vous recevez aujourd'hui Laurent Marcangeli,
00:09le ministre de l'Action Publique, de la Fonction Publique et de la Simplification.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL Laurent Marcangeli.
00:14Bonjour, merci.
00:15Êtes-vous comme le Premier ministre envahi par un sentiment de submersion migratoire ?
00:18La France était-elle en train d'être submergée par les immigrés ?
00:21Deux choses.
00:23D'abord, la forme.
00:26Je pense qu'on est en train de jouer l'avenir institutionnel et la stabilité du pays sur une querelle sémantique, c'est grave.
00:33Et la faute à qui ?
00:34La faute à celles et ceux qui ont des pudeurs de gazelle lorsqu'on parle d'un sujet qui est sérieux.
00:38Moi j'ai, en tant que député, rédigé, co-rédigé avec Estelle Youssoupha en 2023 un rapport sur l'immigration à Mayotte et en Méditerranée.
00:48Il faut aller voir là-bas ce qui se passe, il faut discuter avec les gens qui vivent là-bas.
00:52Il faut voir les résultats électoraux là-bas, il faut voir la situation là-bas.
00:55Et le Premier Ministre a parlé d'un sentiment de submersion à Mayotte à un moment où, je vous le rappelle, ce qui s'est passé là-bas il y a quelques semaines, à peine, c'est quand même assez grave.
01:11« Je n'aurais jamais tenu ces propos, ils me gênent », a dit Yael Bournebivet qui fait partie de votre famille politique.
01:16Vous savez, encore une fois, je vous dis, les querelles sémantiques, moi je commence véritablement à être submergé par un sentiment de gêne.
01:28Je crois que nos compatriotes ne comprennent plus le débat politique en France.
01:32Hier à l'Assemblée Nationale, j'ai vu un théâtre de boulevard, une forme de jeu.
01:39On ne joue plus, on est dans une situation compliquée, le pays est aux portes d'une crise de régime.
01:45Moi, si je suis aujourd'hui au gouvernement, c'est pour assurer une forme de stabilité, c'est essayer de trouver des concessions, des compromis parfois.
01:51Vous êtes à 100% derrière François Bayrou ?
01:53Je le soutiens. Et si je ne le soutenais pas, je ne serais pas dans son gouvernement.
01:56Ça dit, ces mots-là, ils ont provoqué la colère, ils ont même braqué les socialistes qui ont décidé de suspendre les négociations budgétaires avec le gouvernement.
02:02Qu'est-ce que vous leur dites ce matin à ces socialistes ? Ils ont la censure du gouvernement Bayrou entre les mains.
02:07Je leur dis de prendre garde à leurs décisions, et je le dis à l'ensemble des députés pour une bonne et simple raison,
02:14c'est que visiblement, les Françaises et les Français n'ont pas été particulièrement fans de ce qui s'est passé au mois de décembre avec la censure du gouvernement Barnier.
02:20Ça se saurait.
02:22Vous la sentez venir, la censure, là ?
02:24Tout est possible. Chacun devra assumer ses responsabilités.
02:28Ce que je remarque également, c'est que dans des enquêtes d'opinion, 90% des gens qui se sentent proches du Parti Socialiste ne veulent pas ça.
02:35Et même 52% des gens qui se sentent proches de LFI ne le veulent pas non plus.
02:39Moi, ça m'interpellerait.
02:41Mais c'est quand même pas très adroit, ça met de l'huile sur le feu quand même.
02:43Pourquoi François Bayrou, là, alors qu'il a besoin de discuter avec les socialistes, emploie des mots qui sont des chiffons rouges pour eux ?
02:48Mais mal nommer les choses, c'est ajouter à la misère du monde, disait l'autre.
02:52Il n'y a pas ce sentiment à Mayotte en particulier, et dans certains endroits du pays en général ?
02:58Est-ce que c'est mentir que de dire ça ? Est-ce que c'est une faute politique ?
03:03Pour moi, la faute politique aujourd'hui, c'est d'être dans le déni.
03:06Hier, le Premier ministre a rappelé à l'Assemblée Nationale...
03:08Le Président de l'Assemblée Nationale est dans la faute politique.
03:10Hier, le Président de l'Assemblée Nationale a rappelé que si on remettait ça à proportion de la ville de Paris,
03:14il y aurait 400 000 personnes dans des bidonvilles, ici dans la capitale.
03:17Vous croyez vraiment que les gens ne seraient pas submergés à Paris ?
03:21La présidente de l'Assemblée Nationale, qui était un pilier de la majorité macroniste ou de l'ex-majorité macroniste, est dans le déni.
03:25Elle se trompe.
03:26La présidente de l'Assemblée Nationale a son approche, son appréciation des choses.
03:31Moi, j'ai la mienne.
03:32Vous avez Laurent Marcangeli en face de vous ce matin et il vous dit ce qu'il pense.
03:34Ça tombe bien parce que j'ai pas mal de questions précises à vous poser.
03:36Lors de votre prise de fonction, Laurent Marcangeli, il y a quelques semaines, vous avez fait une belle déclaration d'amour aux fonctionnaires.
03:40Je crois en vous, je vous aime et je souhaite travailler avec vous.
03:43Mais vous connaissez la formule, il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour.
03:46On va y aller très concrètement.
03:47Est-ce que vous nous confirmez ce matin, fermement, définitivement,
03:50qu'il n'y aura pas 4000 suppressions de postes d'enseignants à l'éducation nationale dans le budget 2025 ?
03:54Je ne peux pas vous le confirmer totalement puisque le budget n'est pas voté.
03:57Mais c'est l'orientation que le gouvernement a prise.
04:01Est-ce que la droite au Sénat a choisi de supprimer ces postes ?
04:05L'orientation du gouvernement, notamment de la ministre, ancienne première ministre Elisabeth Borne,
04:10en accord avec le premier ministre François Bayrou, c'est de ne pas supprimer ces postes.
04:14Mais vous n'avez pas de garantie ?
04:16La garantie, M. Soto, c'est le vote du budget du pays.
04:21Et je vous rappelle quand même que, pour revenir à ce que nous disions tout à l'heure,
04:25au moment où nous parlons, nous n'avons pas de budget,
04:27ce qui, entre nous soit dit, n'est pas forcément une bonne nouvelle pour le pays.
04:30Est-ce que vous souhaitez, si ces 4000 postes d'enseignants sont maintenus,
04:34continuer à créer 2000 postes d'AESH, d'accompagnement d'élèves en situation de handicap ?
04:38C'est une nécessité.
04:40Et le statut de ces personnes, souvent des femmes d'ailleurs, pose un certain nombre de questions.
04:48Ces personnes exercent un métier difficile, dans des conditions parfois difficiles,
04:53et elles n'ont pas la reconnaissance liée à ce statut.
04:56Donc je pense que c'est une nécessité aujourd'hui de renforcer nos postes à AESH.
05:01Sur la question des jours de carence, quand on est malade, c'est trois jours dans le privé,
05:04souvent pris en charge par l'employeur.
05:0670%.
05:07Comment ?
05:0870%.
05:09L'abandon du passage à trois jours dans le public est-il acté ?
05:13Oui.
05:14Oui, c'est une annonce que le Premier ministre a faite.
05:17Vous ne reviendrez pas dessus ?
05:18Non, nous ne reviendrons pas là-dessus.
05:20Est-ce qu'en échange, l'indemnisation des agents publics en arrêt maladie va baisser ?
05:23Oui.
05:24De combien ?
05:2590%.
05:26Ça va baisser de 90% ?
05:27Non, nous passons de 100 à 90%.
05:29D'accord, ça c'est acté aussi ?
05:30Ça a été avoté au Sénat, c'est un amendement que j'ai défendu.
05:34Et si on parle de rémunération, est-ce que le point d'indice va rester gelé toute l'année pour les fonctionnaires ?
05:38Nous ne sommes pas en capacité aujourd'hui d'augmenter le point d'indice pour les fonctionnaires.
05:41Donc la réponse est oui ?
05:42Oui.
05:43Pardon, je vous fais un point d'idée oui ou non, mais au moins ça permet de clarifier les choses.
05:46Quid de la prime destinée à compenser l'inflation qu'on appelle la JIPA, pour garantie individuelle du pouvoir d'achat ?
05:51Elle sera versée ou pas cette prime ?
05:53La JIPA n'a pas été versée en 2024 et au moment où je vous parle, il n'est pas prévu qu'elle soit versée en 2025.
05:57Ce n'est pas un problème quand même ?
05:59Évidemment que c'est un problème.
06:00Il ne vous a pas échappé qu'on a quand même un petit déficit public qui est difficile à gérer,
06:05qu'on a pris des engagements avec nos partenaires européens.
06:07Oui, mais vous c'est sur certaines choses, pas sur d'autres.
06:09François Bayrou a dit que le budget des ministères régaliens sera préservé,
06:12donc justice, intérieur, armée.
06:14Pour les sports, c'est Emmanuel Macron qui a dit « pas touche ».
06:17Finalement, on finit par se demander où vous faites les économies, les vraies économies ?
06:20Vous venez de me les citer.
06:21Là-dessus.
06:22J'ai du mal à vous comprendre.
06:23800 millions d'euros pour le non-versement de la JIPA,
06:26900 millions d'euros pour les 90% de versement pour les personnes en maladie ordinaire.
06:32Ça fait déjà quand même une somme confortable, je dirais.
06:37Et puis par ailleurs, vous n'avez pas de mesure catégorielle sur l'année,
06:40parce que vous avez tout un tas de mesures catégorielles qui coûtent aussi
06:43quelques centaines de millions d'euros,
06:45plus la non-revalorisation du point d'indice.
06:49Si on revalorisait le point d'indice, ça coûterait à peu près 3 milliards d'euros.
06:53Vous les aimez beaucoup, mais vous les mettez un peu au régime quand même, les fonctionnaires.
06:56Je les ai d'abord beaucoup consultés, voyez-vous, et j'ai passé du temps.
07:00Je leur ai expliqué qu'on vivait un moment difficile,
07:02et je pense que les hommes et les femmes politiques aujourd'hui
07:05qui font mine d'être fort déconcertés par les déclarations du Premier ministre,
07:11devraient avoir les organisations syndicales qui, elles, pour le coup, y compris les plus radicales,
07:15sont inquiètes par la situation du pays, notamment l'instabilité politique.
07:18Laurent Marcangeli, l'administration Trump offre 7 ou 8 mois de salaire
07:20aux fonctionnaires fédéraux qui voudraient démissionner.
07:22Vous pourriez vous en inspirer ou pas ?
07:24Non, ce n'est pas ma tasse de thé.
07:25L'emploi à vie, vous n'y toucherez pas ?
07:27Ce n'est pas ma tasse de thé. Nous sommes la France.
07:29Nous n'avons pas allé nous inspirer de modèles qui ne correspondent pas à notre histoire,
07:33notre identité, notre manière de faire les choses.
07:35Donc l'emploi à vie n'est pas sur la table ?
07:37Mais l'emploi à vie, vous savez, vous pensez d'abord que ce sont les femmes et les hommes
07:41qui font notre modèle.
07:43Aujourd'hui, vous voyez bien que les plus jeunes de nos compatriotes
07:46ne sont pas sur ces questions-là, ils ont une autre manière de concevoir les choses.
07:49Il y en a un qui rentre des Etats-Unis et qui n'est pas content,
07:51vous l'avez peut-être entendu, c'est Bernard Arnault.
07:53Écoutez ce que disait le patron de LVMH, qui était un des invités d'honneur
07:55à l'investiture de Donald Trump il y a quelques jours,
07:57et il est rentré un peu chiffon.
07:59Quand on revient en France, après avoir passé quelques jours à vivre ça,
08:03c'est un peu la douche froide.
08:05Quand on vient en France et qu'on voit qu'on s'apprête à augmenter les impôts
08:09de 40% sur les entreprises qui fabriquent en France,
08:13à peine croyable, pour pousser à la délocalisation, c'est idéal.
08:17Alors je ne sais pas si c'est vraiment l'objectif du gouvernement,
08:20mais en tout cas il va l'atteindre.
08:22Vous lui dites quoi là, tu pousses le bouchon, tu nous mets la pression
08:24ou il a raison Bernard Arnault ?
08:26Je vous dis qu'il faut l'écouter.
08:28C'est un modèle de réussite.
08:30C'est un français qui a réussi.
08:32Enfin ce qu'il dit surtout c'est qu'il ne veut pas payer 40% d'impôts en plus.
08:34Je vous dis il faut l'écouter.
08:36Et ensuite, moi j'écoute aussi les petits commerçants,
08:40les petits chefs d'entreprise.
08:42Aujourd'hui il y a une situation qui est compliquée, il faut en tenir compte.
08:46Mais il y a également des comptes à rendre au niveau de notre dette.
08:50Et notre dette aujourd'hui c'est un vrai problème.
08:52Donc les 40% ça ne sera pas négociable pour les entreprises
08:54qui font plus de 3 milliards de chiffre d'affaires.
08:56Il y a un effort temporaire à réaliser dans le cadre de ce budget.
09:00Cela était valable sous le précédent gouvernement,
09:02ça l'est aussi sur celui-ci.
09:04Et je pense que malheureusement,
09:06malheureusement, c'est un mal nécessaire.
09:08Pendant un an ou deux ans ?
09:10Déjà passons ce budget.
09:12A chaque jour suffit sa peine et nous verrons
09:14si l'année prochaine c'est encore valable.
09:16Merci beaucoup à vous Laurent Marcorgi d'être venu ce matin sur RTL.

Recommandations