Les scènes de films et séries médicales sont-elles réalistes ?
D'#Hippocrate à #DrHouse, en passant par #Urgences, #GoodDoctor ou encore #ThisIsGoingToHurt, Julie Zundel et Riadh Laterem, praticiens hospitaliers urgentistes à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, se sont installés dans le fauteuil de la salle obscure pour réagir et décrypter le monde de l’hôpital dans les fictions.
00:00 Intro
00:58 Urgences : Médecins de garde à l’hôpital
02:20 Hippocrate, le film : Salle de garde, économe et traditions entre internes.
03:43 Hippocrate saison 3 : Les relations amoureuses entre soignants.
04:33 Good Doctor : Le fantasme du médecin.
05:16 Dr House saison 3 : La relation patients/médecins
06:10 Dr House saison 3 : La relation patients/médecins
07:10 Dr House saison 1 : Les médecins
08:07 Urgences saison 6 : L’accès à la pharmacie
09:07 Casualty saison 38 : La violence
11:03 This Is Going to Hurt : Les objets insolites
13:15 Urgences saison 1 : L’entourage des patients
15:00 Hippocrate saison 3 : Les familles
17:14 Hippocrate saison 3 : Le rapport à la mort.
18:57 La Fracture : L’hôpital public
20:48 Hippocrate saison 3 : La fermeture des urgences.
22:27 This Is Going to Hurt : Le manque de moyens.
Pour voir d'autres expert.e.s décrypter des films & séries, c'est dans "Décrypté", sur notre chaine : https://urlr.me/FBnb6
D'#Hippocrate à #DrHouse, en passant par #Urgences, #GoodDoctor ou encore #ThisIsGoingToHurt, Julie Zundel et Riadh Laterem, praticiens hospitaliers urgentistes à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, se sont installés dans le fauteuil de la salle obscure pour réagir et décrypter le monde de l’hôpital dans les fictions.
00:00 Intro
00:58 Urgences : Médecins de garde à l’hôpital
02:20 Hippocrate, le film : Salle de garde, économe et traditions entre internes.
03:43 Hippocrate saison 3 : Les relations amoureuses entre soignants.
04:33 Good Doctor : Le fantasme du médecin.
05:16 Dr House saison 3 : La relation patients/médecins
06:10 Dr House saison 3 : La relation patients/médecins
07:10 Dr House saison 1 : Les médecins
08:07 Urgences saison 6 : L’accès à la pharmacie
09:07 Casualty saison 38 : La violence
11:03 This Is Going to Hurt : Les objets insolites
13:15 Urgences saison 1 : L’entourage des patients
15:00 Hippocrate saison 3 : Les familles
17:14 Hippocrate saison 3 : Le rapport à la mort.
18:57 La Fracture : L’hôpital public
20:48 Hippocrate saison 3 : La fermeture des urgences.
22:27 This Is Going to Hurt : Le manque de moyens.
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TVTranscription
00:00La série, là, je dirais que c'est la plus réaliste.
00:04C'est très agressif, des fois, ça donne famille.
00:06Ils nous filment, ils nous menacent.
00:11Si on ne leur donne pas à manger, à boire,
00:13ils peuvent mourir de déshydratation, c'est sûr.
00:18On l'avait gravé avec un cutter sans nom sur le ventre.
00:24Par contre, si on se compare à ce qu'il y a autour de nous,
00:26notre système de santé n'a rien à envier aux autres.
00:31Donc, bonjour, je m'appelle Julie Zindel,
00:33je suis PH, praticien hospitalier des urgences de Ville-Neuve-Saint-Georges
00:36depuis 7-8 ans,
00:38mais je suis médecin urgentiste depuis plus de 20 ans.
00:41Je suis responsable de l'unité des urgences de Ville-Neuve-Saint-Georges.
00:44Bonjour, je m'appelle Riyad Laterem,
00:46je suis praticien hospitalier aux urgences de l'hôpital de Ville-Neuve-Saint-Georges
00:50depuis au minimum 10 ans
00:52et médecin depuis presque 20 ans.
00:54Carter, wake up !
00:57Carter, wake up !
01:00GSW to the head, coming in.
01:02Ben's in surgery and Green's got an MI.
01:04Carter, let's go !
01:21C'est notre quotidien,
01:22pas forcément blessé par balle,
01:24mais c'est notre quotidien, des patients qui arrivent en état de choc.
01:27Plus les par armes à feu, moins, mais plus les aux couteaux, plus tout ça.
01:31À Ville-Neuve-Saint-Georges, il y en a beaucoup.
01:32Avant une gare, moi, je ne fais pas la fête,
01:34j'essaie de me coucher à 23h.
01:36Pas pour toi !
01:38Puis après, c'est vrai qu'après, ça dépend le rythme de chacun.
01:41Enfin, moi, c'est vrai que je n'ai pas besoin de beaucoup de dormir, c'est ma chance.
01:44Donc, 2h après une 24h, ça va.
01:47On n'a pas le droit de travailler plus de 24h de suite,
01:50n'importe où d'ailleurs, que ce soit aux urgences, en réanimation.
01:52On ne peut enchaîner que 24h.
01:54Il faut au minimum, je crois aussi, entre 2 gares, 12h de repos.
01:58Ça, c'est la loi.
01:59Les anciens, des fois, ils faisaient tout le week-end,
02:01on entendait, ils faisaient 72h.
02:03Pas seulement avant, même aujourd'hui, dans les hôpitaux de périphérie,
02:07avec le manque de médecins et tout ça,
02:09il y a certains endroits où les gens continuent à faire plus de 24h,
02:12ce n'est pas parce qu'ils veulent le faire.
02:14Des fois, ils n'ont pas de relève, il y a une urgence,
02:17le médecin, certains médecins, restent plus que 24h.
02:20Monsieur Lemoyne, le patient qui est arrivé tout à l'heure,
02:23il faudrait le mettre sous B1 pour son syndrome de Corsachoff.
02:29Qu'est-ce qu'il y a, j'ai...
02:32Économe !
02:35Oui, interne ?
02:36On parlait d'impatients à ma droite, économe.
02:38C'est vrai.
02:41Je le jure.
02:42Eh bien, faut lui donner un gage !
02:43Un gage ! Un gage ! Un gage !
02:46En fait, tu prends un gage parce que t'as parlé d'impatients, c'est interdit ici.
02:50La roue ! La roue ! La roue ! La roue ! La roue !
02:54La levrette !
02:57Arthènes !
02:58Tu nous mimes une levrette.
02:59Et attention, pas les levrettes de Fiotas !
03:02La levrette ! La levrette ! La levrette ! La levrette !
03:07Moi, j'ai connu, quand j'étais externe,
03:09où, effectivement, il y avait la roue, la règle de l'économe,
03:13pas le droit de parler, effectivement, de médecine,
03:16il fallait saluer tout le monde dans le dos,
03:18il fallait attendre que l'économe mange avant de commencer à manger,
03:21plein de règles qui sont, de nos jours,
03:24dans beaucoup, beaucoup d'hôpitaux, c'est supprimé.
03:27Toutes ces salles de chambre de garde, salles de garde,
03:30tout ce tralala, si je puis dire ainsi,
03:34il n'y a que à la PHP, je pense, dans les anciens hôpitaux,
03:38parce que, heureusement, c'était quand même assez dégradant pour tout le monde.
03:49Dans le travail, il y en a partout, je pense.
03:51Il y en a partout.
03:52Ils sont aussi discrets que ces deux-là, oui, non ?
03:55Je les découvre, personnellement, du jour au lendemain,
03:58on me dit qu'il y a un tel qui est avec un tel, je ne l'avais pas remarqué,
04:01mais ça existe.
04:02Je suis toujours le dernier à savoir ces trucs-là,
04:04mais ça ne m'est jamais arrivé.
04:06Plus c'est les infirmières, plus c'est les infirmiers,
04:09plus c'est les infirmiers, plus c'est les infirmiers,
04:11plus c'est les infirmiers, plus c'est les infirmiers,
04:13plus c'est les infirmiers, plus c'est les infirmiers.
04:15Ça ne m'est jamais arrivé.
04:17Plus c'est les infirmiers...
04:19Oui, plus les paramètres que le médical.
04:22Non, mais avant, il y avait le cliché du chirurgien ou du médecin qui...
04:27Je ne sais pas pourquoi tu dis cliché, il existe toujours.
04:29Des chirurgiens qui draguent les infirmières et tout ça.
04:31Bah oui.
04:32Mais pas trop à 8-9 ans, en tout cas.
04:34Je me trouve vraiment très jeune pour un médecin.
04:38Oh, pardon, je n'avais pas l'intention.
04:41Attendez.
04:42Docteur Murphy, s'il vous plaît, attendez.
04:44J'ai fait ça pour vous remercier de m'avoir sauvé la vie.
04:46Moi, j'ai vécu une situation similaire avec une patiente bipolaire
04:49qui était aux urgences, qui m'a demandé mon numéro de téléphone,
04:52qui est revenue aux urgences,
04:54qui a même appelé dans le service pour demander si j'étais de garde.
04:58Des fois, il y a des patients ou des patientes,
05:00quand ils arrivent, ils disent « Oh, il est mignon, elle est mignonne. »
05:03Mais avoir un patient, franchement, on n'a pas le temps aux urgences.
05:06Peut-être en consultation, ils ont le temps,
05:08mais nous, on n'a pas le temps pour ça.
05:16C'était pas tout à fait indispensable, mais c'est grave.
05:24C'est agréable.
05:27Quand vous avez un patient,
05:29c'est agréable.
05:32Quand ou juste l'état du New Jersey est-il tombé en panne de garçons
05:35qui ne demandent que ça ?
05:37Ça fait cinq semaines environ.
05:39Les consultations des jeunes filles comme ça...
05:43On essaie de ne pas être seul.
05:44Que ce soit gynécologique ou des jeunes...
05:47On essaie toujours d'avoir avec nous une autre femme, une infirmière.
05:50Il faut toujours qu'il soit deux.
05:51D'ailleurs, on a eu une qui a accusé un pauvre interne de gynéco
05:55de lui avoir fait des choses.
05:56Heureusement qu'il y avait l'externe qui était pressant.
05:58L'avant-distance, c'est un bras.
05:59Déjà, il ne faut pas s'approcher plus que ça.
06:01Et quand on examine un patient ou une patiente,
06:03il faut leur dire ce qu'on va faire avant.
06:05Nous, on le fait 50 fois par jour,
06:07mais le patient, ça sera potentiellement sa première.
06:11Occupez !
06:12La hernie attendra !
06:13Aidez-moi ! Il a essayé de me tuer !
06:15Alors, soit vous pensez qu'on veut vraiment la tuer,
06:17soit vous vous dites qu'elle souffre d'un problème médical,
06:20vu qu'on est dans un hôpital, qu'on est tous habillés en médecin
06:23et qu'il y a des façons plus simples de tuer quelqu'un.
06:25Bev, aidez-les.
06:29C'est du cinoche !
06:30Cette fois-ci, vous ne nous aurez pas !
06:33Lui, c'est un interniste déjà.
06:35C'est un urgentiste.
06:37Ni un chirurgien.
06:39Les internistes, c'est ceux qui connaissent le mieux la médecine.
06:43Les petites choses, les maladies rares.
06:45Qui arrivent à faire le lien entre des signes fonctionnels et des maladies.
06:50La série, c'est la plus réaliste
06:52et qui se rapproche le plus de la médecine tout court.
06:57La scène qu'on vient de voir n'a rien à voir avec la réalité.
07:00On ne peut pas être interniste, pousser quelqu'un dans le bloc
07:03avec une équipe qui est en train d'opérer.
07:05Ça n'existe pas du tout.
07:07Il a dit que c'est du cinoche.
07:09Vous n'êtes pas ses parents.
07:11Nous sommes ses parents.
07:12C'est un enfant adopté, il n'a pas besoin de le savoir.
07:14Je dois le savoir.
07:15L'adoption fait de nous ses seuls vrais parents.
07:17Quand on dit antécédents médicaux de la famille, vous comprenez quoi ?
07:20Qu'on cherche un indice génétique sur son état
07:22ou bien qu'on essaye de savoir avec certitude
07:24qu'il aime le plus dans tout le vaste monde.
07:26Et vous avez découvert ça comment ?
07:29J'ai comparé leur ADN.
07:30On ne vous a pas donné notre ADN.
07:32Mais j'ai récupéré vos gobelets à la cafétéria.
07:34Vous n'avez pas le droit !
07:35Là encore, pourquoi bloquer vêtements sur ce que j'ai fait ?
07:38Ce que vous m'avez donné ne sert à rien.
07:39Cacher des choses, oui, souvent ça arrive.
07:42Oui, c'est plus les patients.
07:43Oui, plus les patients.
07:44La famille est plus là pour nous aider,
07:46nous voir en aparté pour nous dire
07:48« Non, c'est pas vrai, il boit deux bouteilles par jour,
07:50pas deux verres par jour. »
07:51Par contre, aller prendre l'ADN des parents d'un patient,
07:55on n'a même pas le droit d'aller prendre l'ADN du patient.
07:58On ne peut même pas faire des sérologies aux patients sans l'informer.
08:01Et tant mieux.
08:03Non, non, ça n'existe pas.
08:05C'est strictement interdit.
08:06Est-ce que j'ai laissé son charte ici ?
08:36C'est pas pour tenir.
08:37C'est des dépendances qu'ont certains soignants.
08:39Et puis d'ailleurs, quand on découvre,
08:41ils se font sanctionner.
08:43C'est souvent des gens qui sont déjà stressés,
08:45des gens qui font des dépressions,
08:47des choses comme ça.
08:48Un soignant de nuit qui ne se réveille pas dans son service,
08:50déjà, ça nous pousse à aller un petit peu explorer ce qui se passe.
08:54Avant, c'était des armoires ouvertes.
08:56Maintenant, c'est avec l'empreinte.
08:58Si c'est pour un patient, on doit noter le nom du patient,
09:00qu'est-ce qu'on lui a donné.
09:01Et si c'est pour une consommation personnelle,
09:04la personne qui a sorti les médicaments doit mettre son empreinte.
09:26Ça, ça arrive souvent, l'agressivité.
09:29Quand on passe une garde sans avoir ça,
09:31on ne parle pas de l'agressivité physique.
09:33On ne fait pas du catch non plus avec le patient.
09:36Là, on aurait déjà crié au secours,
09:38comme ça m'est arrivé une fois.
09:40J'ai un petit papi Alzheimer qui m'avait fait une clé de bras.
09:43Je ne l'avais pas vu venir.
09:45Je me suis retrouvée bloquée, mais bêtement.
09:48Je ne voulais pas le taper, pour le coup, le petit papi.
09:50Mais je n'arrivais pas à me dégager.
09:52C'était un peu débile.
09:54J'ai crié, j'ai dit, je suis coincée.
09:56Mon collègue est venu, d'abord.
09:58Il a ri de me voir maîtrisée par le petit papi Alzheimer.
10:01Même des mamies qui tapent, qui mordent.
10:04La soignante qui vient la changer.
10:06Je change la couche.
10:08Elle me dit, regarde Julie, on m'a encore mordu.
10:10Elle m'a fait un bleu.
10:12C'est vrai que ça, c'est tous les jours.
10:14C'est notre quotidien.
10:16On ne reçoit pas que des gens qui ont du mal à respirer.
10:18On a des gens aussi qui sont très confus.
10:20On fait tout pour éviter ce genre de cas,
10:22mais aucune formation pour ça.
10:24Je crois qu'il y avait quelqu'un qui nous avait proposé de faire ça.
10:27Pour éviter le...
10:29Ça, c'était plutôt avec les familles, les patients.
10:33Des fois, ils sont très agressifs.
10:35Des fois, certaines familles...
10:37Des fois, il y en a qui sont agressifs.
10:39Dès qu'ils arrivent, ils sont agressifs.
10:41Ils sont déjà énervés.
10:43Ils nous filment.
10:45Ils menacent.
10:47Si on ne parle pas de ces familles un peu pathologiques.
10:5090% des familles ne font pas ça.
10:52Ils sont très inquiets.
10:54Les familles agressives, ça nous gâche une gâte.
10:57Il suffit d'une seule famille pour gâcher.
10:59C'est un peu des palpitations.
11:01Bien.
11:03On va vous retirer ça.
11:08À votre avis,
11:10une bouteille de pastis,
11:12le levier de vitesse d'une voiture...
11:14Ça va ?
11:21Non, ne le jetez pas.
11:23Karl, ouvre-le.
11:28Oh !
11:32Karl Morcom,
11:34veux-tu m'épouser ?
11:36C'est original.
11:38Il demande au mariage de la sorte.
11:40Oui, ça arrive.
11:42Des corps étrangers...
11:44Souvent, du rectum, plus qu'autre chose.
11:47Parce qu'on fait moins la gynécologie.
11:49Oui, c'est ça.
11:51Nous, ils viennent plus...
11:53Ils sont constipés depuis plusieurs jours.
11:55Ils n'osent pas avouer
11:57qu'ils ont mis un corps étranger.
11:59Oui, on trouve un peu de tout.
12:01Des flaquants déodorants, des vases...
12:03Des balles de tennis...
12:05Ça finit au bloc opératoire.
12:07J'ai eu une femme,
12:09c'était en intravaginale,
12:11chez une femme.
12:13C'était un poisson rouge
12:15que la dame...
12:17Le poisson rouge s'était échappé.
12:19De son bocal ?
12:21Elle avait joué avec le poisson rouge.
12:23On dit à nos collègues
12:25« Tu ne sais pas ce qui m'est arrivé. »
12:27Julie le dit à tout le service.
12:29Même les absents seront au courant.
12:31C'est vrai que nous, dans nos téléphones,
12:33on a plein de radios
12:35d'objets bizarres.
12:37Dans le groupe des médecins,
12:39des fois, on s'envoie comme ça.
12:41« Qu'est-ce qu'il y a de bizarre sur cette radio ?
12:43Sur ce scanner ? »
12:45Là, c'est la partie drôle de l'histoire.
12:47Des fois, on sort des choses
12:49beaucoup plus graves que ça.
12:51C'est des boules de cocaïne,
12:53de drogue.
12:55Et là, c'est beaucoup moins rigolo.
12:57Dernièrement, une personne est arrivée à Orly.
12:59Elle a fait un malaise.
13:01Scanner, il y avait plein de boulettes.
13:03En totalité, il y avait un kilogramme
13:05avec deux qui ont pété.
13:07C'était une urgence.
13:09Il a fini au bloc.
13:11Je ne sais même pas s'il est toujours vivant.
13:13Ils lui ont coupé un bout de l'intestin.
13:15Il a perdu déjà un bout de son intestin.
13:21Il se crame.
13:35Là, il y avait la trace de la chaussure.
13:37C'était un peu évident.
13:39Mais comment être sûr
13:41que ce ne soit pas le grand frère, la soeur,
13:43un camarade de l'école ?
13:45Quand ils arrivent aux urgences,
13:47on ne peut pas savoir...
13:49On ne peut pas dire que c'est le père ou la mère qui a tapé.
13:51Il faut attendre l'histoire.
13:53Il faut écouter.
13:55Là, il a trouvé la même pointure
13:57que la chaussure du monsieur.
13:59On aurait appelé la police.
14:01Plus l'assistance sociale, c'est évident.
14:03J'ai déjà porté plainte.
14:05Pour protéger une patiente.
14:07C'était une patiente
14:09qui venait régulièrement frappée
14:11par son compagnon.
14:13Un jour, elle arrivait dans un tel état.
14:15Il lui avait décollé son poumon.
14:17Il avait gravé avec un cutter
14:19son nom sur le ventre.
14:21C'était sympathique.
14:23J'ai constaté tous les lésions à l'arrivée.
14:25Avec l'assistance sociale,
14:27on est allés témoigner au commissariat
14:29pour elle.
14:31Quand elle est sortie de réanimation,
14:33ils ont attrapé son compagnon.
14:35Ils l'ont mis en prison.
14:37Elle nous en voulait.
14:39Elle nous a dit de retirer son témoignage.
14:41Elle avait une petite fille
14:43qui n'était pas du tout du couple.
14:45Elle disait de protéger sa maman.
14:47C'est très dur.
14:49Dans certaines situations,
14:51on est obligé de le faire.
14:53Des patients sont très vulnérables.
14:55On n'arrive jamais aux mains
14:57avec les patients.
14:59Avec les familles du patient.
15:01Madame Jeannot ?
15:03J'ai reçu vos résultats.
15:05Tout est normal.
15:07C'est pour moi ?
15:09Oui.
15:15La famille de Madame Jeannot,
15:17elle est partie.
15:19Je le savais.
15:21Je le sentais.
15:23Ils ont peut-être eu une urgence ?
15:25Non, il n'y a pas eu d'urgence.
15:27Ils l'ont abandonnée pour les vacances
15:29comme t'abandonnes la chaise
15:31sur le bord de l'autoroute.
15:33C'est pas qu'ils abandonnent vraiment.
15:35Il ne faut pas exagérer.
15:37Ils les déposent.
15:39Ils les déposent à l'hôpital.
15:41J'ai vécu la même situation.
15:43Ils ne m'ont pas laissé de papier.
15:45Quand je les ai appelés,
15:47ils m'ont dit qu'on est sur le chemin
15:49des vacances, qu'on ne peut pas
15:51revenir en arrière.
15:53On ne va pas défendre mes familles.
15:55Des fois, elles sont épuisées.
15:57On gère notre grand-mère
15:59qui a Alzheimer.
16:01On n'en peut plus.
16:03On a besoin de se reposer.
16:05On leur explique.
16:07On peut les mettre en maison de retraite.
16:09Ça s'organise.
16:11Souvent, on arrive devant
16:13des situations extrêmes.
16:15Tout le monde est épuisé.
16:17On laisse la petite mamie aux urgences.
16:19Par contre, des gens qui ne sont pas âgés
16:21mais qui ont des troubles neurologiques,
16:23les Korsakoff, ça nous arrive.
16:25Les familles refusent que la personne
16:27revienne à la maison.
16:29C'est des gens qu'on but pendant longtemps.
16:31Ça a grillé le cerveau.
16:33Ils ont 50-60 ans.
16:35Ils ne savent plus rien faire.
16:37Ils ne savent même plus
16:39à quoi sert une cuillère.
16:41Ils ne savent même plus manger tout seuls.
16:43Si on ne leur donne pas à manger et à boire,
16:45ils peuvent mourir de déshydratation.
16:47Ils ne savent plus aller aux toilettes.
16:49Ils ne reconnaissent personne.
16:51Ils sont trop jeunes pour aller en maison de retraite.
16:53La prise en charge prend du temps.
16:55Il n'y a aucune structure qui voudrait bien les prendre.
16:57Si on prend une personne pareille,
16:59c'est parti pour 20 ans minimum.
17:01On se les passe entre services.
17:03Ils se retrouvent entre services
17:05ou entre hôpitaux.
17:07C'est des gens qui font des séjours
17:096 mois à l'hôpital.
17:11L'hôpital lui finit par être connu de tous les hôpitaux.
17:37Il y a plusieurs situations.
17:39Il y a les fins de vie.
17:41C'est-à-dire qu'il y a des personnes
17:43qui arrivent en bout de course.
17:45On sait qu'ils vont décéder.
17:47Les familles sont claires.
17:49Donc ça, ça se passe très bien.
17:51D'ailleurs, on nous remercie souvent.
17:53On a des cadeaux, des boîtes de chocolat.
17:55On nous remercie pour les fins de vie.
17:57Donc ça, ça se passe très bien.
17:59Mais vraiment, où on a besoin de remontants,
18:01c'est les familles.
18:03C'est-à-dire qu'il y a des familles
18:05où on a besoin de remontants,
18:07c'est les décès inattendus.
18:09Les jeunes qui décèdent.
18:11Les jeunes qui arrivent aux urgences,
18:13qui ressortent sur ses pieds,
18:15qui décèdent à la sortie des urgences.
18:17On se remet en question.
18:19D'ailleurs, maintenant, il y a des réunions
18:21avec les équipes.
18:23Ça s'appelle des RMM,
18:25Revue Mort Vie Mortalité.
18:27On reprend tout le déroulé
18:29de patients qui arrivent aux urgences
18:31jusqu'à ce qu'ils soient décédés
18:33ou améliorés ou changés.
18:35Des fois, on ne peut rien faire.
18:37Je laisse voir les pauvres internes.
18:39Quand ils arrivent, quand ils ont un décès,
18:41déjà, ils ne font pas l'annonce.
18:43C'est sûr que c'est nous qui allons le faire.
18:45Tu te rappelles que Clément,
18:47on a eu comme ça une dame
18:49qui était en surveillance
18:51et qui a fait un arrêt cardiaque.
18:53Il n'avait rien à se reprocher.
18:55Il a fait ce qu'il devait faire.
18:57Nous tous, on était avec lui.
18:59Il n'était pas tout seul.
19:01Non, ce n'est pas pour toi.
19:27Le bazar, c'était encore un mardi.
19:29C'est ce que je te disais.
19:31On parlait de ça en arrivant.
19:33Le fait qu'en mardi,
19:35on n'avait plus assez de brancards.
19:37J'ai dû intervenir en disant
19:39gardons un brancard pour les patients
19:41qui viennent à pied spontanément
19:43et qui seraient graves pour qu'on puisse allonger.
19:45On bloquait l'entrée des inscriptions
19:47des ambulances et des pompiers
19:49parce qu'ils sont quand même soignants.
19:51Ils peuvent surveiller leurs patients.
19:53Nous, on prend le tout venant
19:55le temps qu'on libère des brancards.
19:57C'est vrai que les urgences étaient saturées.
19:59Nous, on voudrait délester,
20:01c'est-à-dire se reporter sur les autres urgences.
20:03Mais toutes les urgences du coin,
20:05quand c'est l'hiver, sont tous débordées.
20:07C'est à celui qui sera le moins débordé.
20:09Pour pouvoir délester,
20:11il faut que les autres acceptent.
20:13Il n'y a personne qui accepte.
20:15C'est ce qui est logique.
20:17Nous aussi, on n'accepte pas
20:19quand les autres veulent délester sur nous.
20:21Si on veut savoir si ça se passe bien
20:23dans un hôpital, il ne faut pas aller voir
20:25les urgences de l'hôpital.
20:27Si c'est bien organisé,
20:29s'il y a de la place,
20:31si les gens sont seuls dans leur box,
20:33ce qui vous paraît normal,
20:35des fois, un box pour une personne,
20:37on en met deux.
20:39Ou les box de deux, on en met trois.
20:41Pour moi, c'est le manque de lits.
20:43Avant même le manque de médecins,
20:45notre premier souci, c'est les lits d'aval.
20:47Je suis Nathalie Ferrand,
20:49la directrice de l'hôpital.
20:51Comme vous le savez, les urgences ferment
20:53et on demande aux personnes non inscrites
20:55de bien vouloir revenir demain matin à 8h
20:57ou d'aller se rendre dans l'hôpital le plus proche.
20:59Il y a des listes à l'accueil
21:01pour s'inscrire pour demain matin à 8h.
21:03C'est déjà arrivé, pas chez nous,
21:05mais dans d'autres structures, plus en province.
21:07Ils ferment parce qu'il n'y a plus de...
21:09À part nous, on a fermé
21:11la pédiatrie l'année dernière.
21:13Oui, le 31 décembre, je crois.
21:15On a fermé le 31 décembre en pédiatrie, le soir.
21:17Il n'y avait pas de médecin.
21:19Les infirmières peuvent prendre
21:21les autres services pour les mettre aux urgences.
21:23C'est ce qui est déjà arrivé l'autre fois.
21:25Mais les médecins, s'il n'y a pas de médecin,
21:27il n'y a pas de médecin.
21:29Est-ce qu'on peut comprendre que les services d'urgence
21:31ferment le soir à 20h ?
21:33Moi, je dirais non.
21:35À partir du moment où on a un service d'urgence
21:37et qu'il y a une population qui a besoin de soins.
21:39Maintenant, si on n'a pas le choix,
21:41c'est qu'il y a des gens qui sont censés
21:43prévoir tout ça.
21:45Il y a tellement de souffrance du côté paramédical
21:47que les voir souffrir,
21:49ça nous embête aussi.
21:51En plus, c'est une équipe, on ne peut pas travailler
21:53sans les infirmières, sans les aides-soignants,
21:55sans le brancard du défaut.
21:57Notre chef de service a créé la direction en disant
21:59que côté médical, ça va, on arrive à attirer,
22:01on a un service attractif.
22:03C'est dommage que de leur côté,
22:05ils ne fassent pas quelque chose pour le paramètre.
22:07Je me rappelle une soir où on n'avait pas de brancardier
22:09parce qu'on s'est retrouvé à brancarder les patients,
22:11les monter en réanimation.
22:13Mais c'est un travail à plein temps.
22:15On dit brancardier, tout le monde peut pousser.
22:17Non, non, pas tout le monde.
22:19Si on pousse, on n'est plus à notre poste.
22:21L'infirmière, si elle pousse, il n'y a plus personne pour piquer.
22:23On n'a pas eu de brancardier toute une soirée,
22:25mais franchement, on a souffert.
22:33C'est pas vrai. Qu'est-ce qui s'est passé ici ?
22:35Je vous expliquerai dans une minute.
22:37Vous pouvez vérifier son monitoring ?
22:39Alors ? Oh la vache !
22:41Bonjour, je suis Adam, un des médecins.
22:43J'étais censé avoir un accouchement sous l'eau.
22:45Alors, un tuyau peut encore s'aider.
22:47La fréquence cardiaque du bébé s'améliore.
22:49Je suis navrée, on va vous préparer une autre chambre.
22:51Non, on n'a pas d'autre chambre.
22:53Alors, on va nettoyer celle-ci.
22:55D'accord ?
22:59C'est elle, la boss.
23:01Encore dans notre chambre de garde,
23:03on a un gros trou dans le plafond
23:05avec un petit seau en dessous,
23:07on ne sait pas trop ce qui tombe de là-haut.
23:09Même ma collègue, elle avait peur de dormir,
23:11c'est marrant, parce qu'elle avait peur
23:13qu'un rat ou un serpent sortait
23:15quand elle allait dormir.
23:17Pour moi, c'est vraiment beaucoup moins inquiétant,
23:19ces histoires de chambres qui ferment,
23:21de trous dans le plafond.
23:23Mais c'est surtout le manque de lits,
23:25le manque de lits d'aval.
23:27Quand j'entends, je regarde la télé,
23:29on dit qu'il y a plus de lits,
23:31je ne sais pas ce qu'ils sentent.
23:33Là où il y avait 30, il y avait 20,
23:35là où il y avait 20, il y avait 15.
23:37Ils fusionnent des gros hôpitaux pour en fermer un.
23:39Forcément, on ferme des lits.
23:41Après, on a la cadre des infirmières.
23:43Pour fluidifier aussi le service,
23:45elle nous aide, elle appelle à droite, à gauche.
23:47Elle nous dit, il y a un lit disponible dans tel hôpital,
23:49je te passe directement le médecin
23:51et on se parle entre nous.
23:53Mais là, je crois qu'ils veulent mettre en place
23:55avec l'ARS un nouveau poste
23:57pour quelqu'un qui, ce sera son rôle propre,
23:59c'est de fluidifier,
24:01de trouver des lits à droite, à gauche.
24:03Ils l'ont nommé en anglais, pour faire plus beau.
24:05Comment ils appellent ça ?
24:07Le bed manager.
24:09Ils sont censés gérer des lits inexistants.
24:11Non, c'est pour l'hôpital.
24:13Et comme je dis souvent,
24:15quand bien même il y a tous ces problèmes-là,
24:17notre système de santé, c'est parmi les meilleurs
24:19qui existent. Nous, on se compare à nous-mêmes.
24:21Quand on vous parle, c'est qu'on se compare à nous-mêmes.
24:23On compare la France des années 90,
24:252000 et 2024, c'est pire.
24:27Par contre, si on se compare
24:29à ce qu'il y a autour de nous,
24:31notre système de santé n'a rien à envier aux autres.
24:33Des fois, on nous dit merci quand même.
24:35Ça nous arrive souvent.
24:37C'est un métier d'urgence.
24:39Je ne changerais pour rien du monde.