Discours de politique générale : François Bayrou rouvre le chantier et en appelle à la responsabilité des partenaires sociaux. Écoutez la réaction de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 15 janvier 2025.
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00:00RTL Matin, avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
00:05Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud avec une invitée qui se retrouve au cœur de l'actualité
00:09et qui a en partie entre les mains les clés de la réforme des retraites
00:12avant d'entrer en conclave, comme l'a demandé François Bayrou hier.
00:15Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT et votre invitée.
00:19Amandine, bonjour et bienvenue à vous.
00:20Bonjour Sophie Binet.
00:22Bonjour.
00:22Et merci d'être là ce matin.
00:23Pas de gel, pas de suspension ni d'abrogation de cette réforme des retraites
00:27mais François Bayrou et Thomas le rappelaient annonçaient vouloir rouvrir le chantier
00:31avec cette réunion, ce conclave confié aux partenaires sociaux.
00:36Que lui dites-vous ce matin, banco ?
00:39Oui, la CGT va y participer ?
00:41Écoutez, je me félicite que près de deux ans après notre mobilisation historique,
00:44la question de la réforme des retraites, elle soit encore au cœur de l'actualité.
00:48Le problème, c'est qu'à ce stade, le compte n'y est pas
00:50parce que dans les discussions annoncées, la forme de ces discussions,
00:54le Premier ministre met le patronat en position de force
00:57alors que le patronat tient aux 64 ans, l'a dit et l'a redit
01:01et qu'il veut même aller plus loin et confier nos retraites au fond de pension.
01:04Mais il dit pas de totem, pas de tabou, même pas sur l'âge, François Bayrou.
01:08C'est très ouvert.
01:09Oui, ça c'était important et indispensable.
01:11Le problème, c'est qu'il dit que s'il n'y a pas d'accord avec le patronat,
01:15c'est la réforme actuelle qui s'applique.
01:17Or, le patronat ne veut pas détricoter la réforme.
01:19Donc, il sait déjà que sans discussion, de toute manière, la réforme va s'appliquer.
01:23Donc, c'est biaisé, d'après vous ?
01:25Il faut que le Premier ministre clarifie ce point.
01:28Il faut qu'il dise que, quelle que soit l'issue des discussions,
01:31c'est la démocratie qui parlera
01:33et que les parlementaires pourront voter sur cette réforme et l'abroger s'ils le souhaitent
01:38parce qu'il y a un déficit démocratique sur cette réforme.
01:40Donc, comme le Parti Socialiste, vous demandez à ce que les parlementaires
01:43puissent se prononcer sur ce qui sortira de ce conclave, c'est ça ?
01:48Qu'on comprenne bien ?
01:49Et à cette condition-là, vous y participez ?
01:51Juste, est-ce que, vendredi, il y a une première réunion à Matignon
01:55pour poser le cadre, la méthode, est-ce que, déjà, vous allez aller à cette réunion ?
01:58Je viens d'apprendre, il y a un quart d'heure,
02:00que cette réunion n'aurait pas lieu vendredi et nous n'avons pas de nouvelle date.
02:03Donc, à ce stade, je ne peux rien vous dire sur ce point.
02:06Ce que je peux vous dire, c'est que ce qui est très important,
02:09c'est que le Premier ministre s'engage à respecter la démocratie
02:12parce qu'à ce stade, ça ne s'est pas fait en matière de retraite.
02:15Le Parlement n'a jamais pu voter sur la question de la réforme des retraites.
02:19La deuxième chose, c'est le cadrage budgétaire des discussions qui n'est pas bon.
02:22Le Premier ministre a tout faux sur les chiffres.
02:25Il nous rajoute 40 milliards, comme ça, d'un petit coup de crayon,
02:28de déficit à régler, alors que tous les experts sont en désaccord avec ce calcul,
02:33y compris le Conseil d'Orientation et les retraites.
02:36Oui, mais il n'y avait pas besoin, en fait.
02:39Le problème, c'est que là, il nous alourdit la charge en rajoutant 40 milliards.
02:43Et le troisième problème, c'est le calendrier.
02:45Nous demandions un blocage immédiat de la réforme.
02:47Elle fait déjà des ravages, cette réforme,
02:50puisque le nombre de personnes de plus de 62 ans inscrites à Pôle emploi a augmenté de 50%.
02:56Il faut des mesures immédiates très fortes.
02:59En bloquant la réforme, le Premier ministre avait la possibilité de rassembler le pays et de le réconcilier.
03:03Il est passé à côté d'une possibilité très importante.
03:06Sophie Binet, je vous repose la question parce que vous n'y avez pas tout à fait répondu.
03:10Est-ce que vous participerez ou non à ce conclave ?
03:13Eh bien, écoutez, j'attends d'en savoir plus.
03:15Nous allons en débattre collectivement.
03:16Nous allons aussi avoir des échanges intersyndicaux.
03:19Vous savez que les organisations syndicales sont unies dans leur exigence de mettre fin aux 64 ans
03:25et à l'augmentation de la durée de cotisation qui fait des ravages.
03:28Oui, nous allons avoir des échanges devant, des échanges en permanence,
03:31donc notamment demain, mais c'est tout le temps.
03:34Et donc, nous allons échanger ensemble, oui.
03:36Donc échanger, et peut-être, irez-vous à la réunion à Matignon si elle a lieu ?
03:41Écoutez, nous n'excluons rien.
03:44La CGT est toujours présente là où les droits des salariés se défendent.
03:48Nous pratiquons la stratégie du pied dans la porte.
03:51Partout où nous allons et où nous irons, c'est pour exiger la brogation de cette réforme.
03:55Mais la porte est entreouverte, c'est ce qu'a dit justement Olivier Faure
03:59pour reprendre aussi la métaphore que vous prenez.
04:01Est-ce que ce n'est pas le temps de se mettre dedans, justement ?
04:05Je ne vois pas pourquoi on ne vous écouterait pas, vous plus.
04:08Qu'est-ce que vous proposez comme solution ?
04:09François Langlais, tout à l'heure, nous disait, si on veut agir sur les retraites,
04:13finalement, il n'y a que trois pistes.
04:14Il y a l'âge. Bon, 64 ans, ça, on l'a bien compris.
04:17Vous le répétez depuis des mois, deux ans et demi, vous n'en voulez pas.
04:21Et deux autres options.
04:23Soit on agit sur le montant des pensions, soit on augmente les cotisations.
04:28Les cotisations, c'est ça, pour vous, la seule et unique marche de manoeuvre ?
04:32Pour la CGT, le levier, c'est d'augmenter les recettes de notre régime des retraites.
04:36Nous avons fait déjà de nombreuses propositions très précises.
04:39Ce qu'il faudrait, par exemple, c'est soumettre à cotisation l'intéressement et la participation.
04:44Il faudrait aussi doubler le forfait social sur l'épargne-retraite.
04:49On pourrait aussi soumettre à cotisation les dividendes.
04:52Toutes ces pistes permettraient de financer deux fois la brogation de la réforme des retraites.
04:56Donc, trouver 2 milliards immédiatement et 16 milliards à horizon 2030, c'est tout à fait accessible.
05:02C'est ce que le Conseil d'orientation des retraites disait il y a deux ans.
05:06Ça n'est pas nécessaire de faire une réforme d'une telle violence.
05:09On peut augmenter les recettes de notre système de retraite.
05:12Le problème, c'est que le patronat ferme d'entrée de jeu ces possibilités
05:16en refusant qu'il y ait des prélèvements supplémentaires.
05:19Le Medef qui se dit très attentif à ce que des discussions s'inscrivent dans le cadre de budget
05:23ne portant pas atteinte à la compétitivité, à la croissance et à l'emploi.
05:27Ils ne disent pas qu'il faut maintenir la retraite à 64 ans.
05:29Oui, mais on creusait ça, puisque si on n'augmente pas les recettes du système de retraite,
05:35on va nous dire quoi ? Qu'on peut baisser l'âge de départ et baisser les pensions ?
05:38En contrepartie, baisser les pensions, ça c'est totalement inacceptable pour les organisations syndicales.
05:42Le problème, c'est qu'on a un patronat qui a pris l'habitude d'avoir les pleins pouvoirs dans ce pays
05:47et qui fait des caprices d'enfants gâtés.
05:49Et là, en disant d'entrée de jeu, on ouvre la discussion,
05:52mais le patronat est sûr que si les discussions n'aboutissent pas, la réforme s'appliquera.
05:56Les dés sont pipés d'entrée de jeu.
05:58Sauf que vous parliez d'emplois et des difficultés que connaissent aujourd'hui
06:01un certain nombre de salariés et d'entreprises.
06:04Si on augmente les cotisations, c'est pas ça qui va arranger les choses ?
06:08Non, pas du tout, puisque aujourd'hui, Emmanuel Macron a mené une politique de l'offre extrêmement coûteuse.
06:13Depuis 7 ans qu'il est aux manettes, les prélèvements des entreprises ont baissé au moins de 40 milliards
06:18et les licenciements sont au plus haut aujourd'hui.
06:20Donc on voit bien que cette politique de cadeau, c'est une catastrophe sociale,
06:24mais c'est aussi un naufrage économique.
06:25Et je vous sens très pessimiste ce matin, Sophie Binet.
06:28Il ne se fera pas, d'après vous, ce qu'on clave ?
06:31Écoutez, je n'en sais rien.
06:32Ce qui est sûr, c'est que la CGT et les organisations syndicales
06:35vont continuer à se battre pour gagner la fin des 64 ans.
06:39Et que nous irons dans tous les lieux où nous pouvons gagner la fin des 64 ans,
06:42nous irons pour dire qu'il faut abroger cette réforme.
06:45C'est une préoccupation pour des millions de salariés
06:48qui attendent cela parce qu'ils vivent les conséquences négatives de cette réforme.
06:51Vous disiez, il faut que les parlementaires puissent se prononcer.
06:55Est-ce qu'il faut un référendum sur cette question des retraites ?
06:57Oui, je pense qu'il y a un vice démocratique profond sur cette réforme
07:02qui est passée en force contre l'avis des syndicats,
07:04contre l'avis des parlementaires qui n'ont pas pu voter,
07:06contre l'avis des Françaises et des Françaises.
07:07Donc c'est ce que vous demandez aujourd'hui à François Bayrou et surtout au Président ?
07:10Bien sûr, il a annoncé qu'il voulait faire des référendums.
07:13Il y a une question sur laquelle faire un référendum,
07:15c'est sur la question de la réforme des retraites.
07:17Le discours de politique générale est un discours d'enfumage,
07:20c'est ce qu'a dit hier Jean-Luc Mélenchon.
07:23Il pousse le bouchon un peu loin, vous le diriez comme ça aussi, finalement ?
07:26Bien écoutez, ce que dit la CGT, c'est que c'est un discours qui était loin des attentes du monde du travail.
07:31Nous sommes très, très, très inquiets par la situation.
07:35Nous sommes très inquiets que le Premier ministre, par exemple,
07:37n'ait pas dit un mot sur l'emploi dans son discours,
07:39alors que la CGT, la semaine dernière, lui a remis la liste des 300 plans de licenciement en cours dans le pays,
07:45et que nous lui demandions d'organiser une table ronde d'urgence
07:48pour prendre des mesures pour stopper les licenciements.
07:50Mais il a dit que les syndicats doivent être reconnus d'utilité publique, c'est quand même...
07:54Oui, d'accord, un jour, et c'est la moindre des choses,
07:57mais nous, on n'est pas centrés sur notre nombril, en fait.
07:59Nous, ce qui nous intéresse, c'est la situation des salariés, qui est catastrophique.
08:02Rien sur l'emploi, que dit-on aux salariés des Fonderies de Bretagne,
08:06aux salariés de Vancorex, d'Auchan, etc. ?
08:08Rien sur les salaires, alors que c'est toujours la première préoccupation des Français,
08:11et sur les services publics.
08:13Il nous parle de débureaucratiser les services publics,
08:15alors qu'aujourd'hui, nos écoles, nos hôpitaux, nos universités sont asphyxiées.
08:19Nous avions besoin de l'entendre là-dessus.
08:22Et puis, pour nous dire, par exemple, tout simplement,
08:24qu'il renonce aux trois jours de carence pour les fonctionnaires,
08:26ou qu'il va augmenter leur salaire, alors que les fonctionnaires ont perdu 18% de salaire depuis 2010.
08:31Ça, ça fera sans doute l'objet des discussions lors des débats autour du budget.
08:34Merci beaucoup, en tout cas, Sophie Binet, d'être venue ce matin sur RTL.
08:37Merci à vous.
08:38Il n'y a pas de réunion vendredi matin avec les partenaires sociaux,
08:41contrairement à ce qu'avait dit François Bayrou.
08:42C'est ce que vous nous annoncez, Sophie Binet.