Le Premier ministre, François Bayrou, a prononcé de mardi son discours de politique générale devant les députés à l’Assemblée nationale.
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00:00:00Madame la présidente, d'abord, le gouvernement, par ma voix, se joint au vœu que vous avez
00:00:09formulé à l'égard de la représentation nationale et de tous les fonctionnaires qui
00:00:14servent dans cette maison.
00:00:16Mesdames et messieurs les députés, en vérité, contrairement à ce que beaucoup pensent,
00:00:27la situation de ce gouvernement présente un avantage considérable.
00:00:31Sur ces bancs, même parmi ceux qui sont violemment hostiles à ce que nous pensons ou à ce qu'ils
00:00:41croient que nous pensons, pas un ne trouve notre position enviable.
00:00:46Et 84% des Français jugent, paraît-il, que le gouvernement ne passera pas l'année.
00:00:53Et il m'arrive même de me demander où les 16% restants trouvent la source de leur
00:01:04optimisme.
00:01:05Eh bien, au risque de vous surprendre, je crois que cette situation est un atout, parce
00:01:21que quand tout va bien, on s'endort sur ses lauriers, et quand tout paraît aller
00:01:25mal, on est contraint au courage.
00:01:27Il y a un deuxième atout décisif, c'est le besoin, l'exigence, l'injonction que
00:01:38le pays nous assigne, retrouver la stabilité.
00:01:41Tout le pays, tous les Français en ont besoin, ils comprennent bien que nous ne sommes pas
00:01:49d'accord sur tout, mais ils nous enjoignent, je le crois, de joindre nos forces pour forcer
00:01:57les issues.
00:01:58Un grand pays, un pays digne de ce nom, est un pays capable de regarder en face ses chances,
00:02:08et nous croyons qu'elles sont grandes, et ses difficultés qui ne le sont pas moins.
00:02:13Les sujets d'inquiétude sont innombrables, mais il en est un, toutefois, qui émerge
00:02:20avec une force criante, c'est le surendettement de notre pays, et nos compatriotes, surtout
00:02:28les plus fragiles, savent ce qu'est le surendettement, quelles incertitudes et difficultés
00:02:41cette situation suscite.
00:02:43Depuis la guerre, mesdames et messieurs les députés, la France dans son histoire n'a
00:02:49jamais été aussi endettée qu'elle l'est aujourd'hui, et j'affirme qu'aucune politique
00:02:57de ressaisissement et de refondation ne pourra être conduite si elle ne tient pas compte
00:03:03de cette situation de surendettement, et si elle ne se fixe pas comme objectif de la contenir
00:03:09et de la réduire.
00:03:10Pourquoi cette situation nous oblige-t-elle tous, collectivement ? C'est parce que tous
00:03:19les courants dits de gouvernement y ont pris leur part.
00:03:24Quand François Mitterrand est élu en 1981, la France est l'un des pays les moins endettés
00:03:31du monde, avec à peine plus de 20% de dette sur notre production nationale.
00:03:38A la fin du second mandat, en 1995, c'est 52%, plus de 30 points d'endettement en
00:03:4814 ans.
00:03:49A la fin des années 90, la France, pour tous les critères de santé économique, est nettement
00:03:57au-dessus de l'Allemagne.
00:03:59Notre commerce extérieur est largement excédentaire et notre endettement inférieur à celui
00:04:05de nos voisins.
00:04:06Puis en 2000, gouvernement de Lionel Jospin, brutalement les courbes se cassent et commence
00:04:14une descente que rien paraît ne pouvoir arrêter.
00:04:18Entre 2007 et 2012, gouvernement de Nicolas Sarkozy, accélération de l'endettement,
00:04:2625 points de produits intérieurs.
00:04:28Entre 2012 et 2017, il y en aura pour tout le monde, je vous promets.
00:04:34Entre 2012 et 2017, François Hollande, 10 points d'augmentation de l'endettement.
00:04:53Et depuis 2017, Emmanuel Macron, 12 points.
00:05:01Je n'en fais pas un motif d'accusation et je connais les raisons.
00:05:18François Mitterrand en 1981, c'était l'alternance, il fallait que les Français,
00:05:23comme on disait à l'époque, ils trouvent leur compte.
00:05:25Nicolas Sarkozy, c'est la crise des subprimes.
00:05:28Emmanuel Macron, coup sur coup, une cascade de crises jamais vues et jamais imaginées.
00:05:37Donc, je fais la liste à partir de 2018, les gilets jaunes, puis le Covid et un pays
00:05:47à l'arrêt, puis la guerre en Ukraine, l'inflation et l'explosion du prix de l'énergie.
00:05:53J'affirme donc que tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité dans
00:06:02la situation créée ces dernières décennies.
00:06:05Et j'affirme que tous les partis d'opposition, demandant à cette tribune sans cesse des
00:06:13dépenses supplémentaires, ont dansé aussi le tango fatal qui nous a conduit au bord
00:06:21de ce précipice.
00:06:22Cette dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social,
00:06:37et ceci est d'autant plus grave que nous avons basculé dans un monde nouveau et dangereux.
00:06:45Nous sommes passés du monde de la force de la loi au monde de la loi de la force.
00:06:53Le 24 février 2022, au vu et au su de la planète et avec l'indulgence d'un certain
00:07:02nombre des courants d'opinion, une des principales puissances du monde, puissance géographique
00:07:10et militaire, la Russie, de Vladimir Poutine, a jeté son dévolu sur un pays souverain,
00:07:17l'Ukraine, pour l'annexer.
00:07:19Un pays de la taille de la France, ce qui est un fait sans précédent sur le sol européen
00:07:25depuis 75 ans.
00:07:27Cette agression a été un signal.
00:07:29Celui du règne de la force brutale, c'était rampant, c'est aujourd'hui affiché.
00:07:36Et immédiatement et significativement, l'Iran, la Corée du Nord, sont entrés dans le soutien
00:07:43à l'agression de Vladimir Poutine.
00:07:45Ce sont les autres maillons de cette chaîne de puissance décidées à ne plus se laisser
00:07:50arrêter par des règles que nous respections et dont ils contestent désormais la légitimité
00:07:56même.
00:07:57Et naturellement, les dirigeants chinois ne sont pas en reste, en faisant l'éloge
00:08:03d'un monde multipolaire, à juste titre.
00:08:05La Chine tisse en réalité le réseau de sa domination économique, technologique, diplomatique
00:08:13et militaire.
00:08:14L'excédent commercial chinois vient de franchir ce mois-ci le cap, écoutez bien,
00:08:23des mille milliards de dollars d'excédent.
00:08:26C'est une stratégie programmée depuis dix ans et dont le but, la conséquence et
00:08:36la visée est purement et simplement de remplacer notre industrie.
00:08:40Dans la défense de ces règles bafouées, nous avions un grand allié, c'était les
00:08:45Etats-Unis.
00:08:46Or ceux-ci ont choisi par d'autres voies, heureusement pas la violence, la même politique
00:08:55de puissance et de domination.
00:08:57L'offensive monétaire, la captation de la recherche mondiale, la poursuite de l'application
00:09:08extraterritoriale de leurs droits, la domination technologique par des entreprises de taille
00:09:15planétaire et le pouvoir que tout cela donne d'intervenir dans la vie démocratique
00:09:21d'autres Etats.
00:09:23Ce nouvel ordre mondial, ou plutôt ce nouveau désordre mondial qui menace tous les équilibres
00:09:29et toutes les règles de la naissance, il y a un certain nombre de figures qu'il incarne
00:09:33sans complexe, comme celle de monsieur Elon Musk.
00:09:38Mais le président réélu des Etats-Unis lui-même fait inédit articule des menaces d'annexion
00:09:46de territoires souverains, le Groenland, le canal de Panama et même le Canada.
00:09:53Il est temps de regarder ces choses en face, ces grandes puissances, c'est à nous de
00:10:01leur signifier qui nous sommes et si nous ne sommes pas capables d'exprimer notre détermination,
00:10:08elles l'oublieront et le négligeront.
00:10:10Je suis là, il y a eu un peu de mélange dans mes pages.
00:10:33Dans ce nouveau monde, c'est parce que je suis un néophyte et donc je suis bien obligé
00:10:50d'apprendre ce métier.
00:10:52Dans ce nouveau monde de la force brutale, la France a ses atouts, sa diplomatie, la
00:11:02force et la présence de son armée et l'engagement de ses militaires auxquels je veux rendre
00:11:07ici hommage.
00:11:08Ils nous protègent collectivement dans un monde brutal et c'est à ce moment l'occasion
00:11:25d'évoquer le sort de nos otages retenus par le Hamas ainsi que celui de tous nos otages
00:11:32dont nous exigeons la libération.
00:11:34Mais pour que la France fasse vivre son trésor de civilisation et continue de le partager
00:11:50au monde, l'Europe doit devenir une communauté stratégique, une puissance politique et de
00:11:57défense à la dimension de la puissance économique qu'elle devrait être, une seule
00:12:02condition qui est que nous acceptions de nous définir et de nous affirmer ensemble.
00:12:08La construction d'une communauté politique pour faire vivre cette communauté de civilisation,
00:12:15c'est la question qui domine notre vie publique depuis 1945.
00:12:20A cette construction ont contribué chacun à leur manière.
00:12:23Tous ont partagé cette conviction.
00:12:35L'indépendance de la France dépend de celle de l'Europe et réciproquement, la
00:12:41prospérité de la France dépend de celle de l'Europe, capable, si elle le veut, de
00:12:46devenir le premier marché de la planète de parler technologie, industrie, agriculture
00:12:52à égalité avec les Etats-Unis et la Chine.
00:12:55C'est la raison pour laquelle nous soutenons de toutes nos forces le rapport que Mario
00:13:01Draghi a présenté récemment et qui entraîne l'idée que nous devons nous battre tous
00:13:09ensemble pour un investissement à la hauteur de nos besoins.
00:13:14Mais l'Europe est travaillée, elle aussi, par des ferments inutiles de division.
00:13:21Si nous ne reconstruisons pas notre unité, comme le président de la République le fait
00:13:30jour après jour, à la fois à la place de la France en Europe et de la vision française
00:13:35de ce qu'audait être l'Europe, alors nous entrerions dans la soumission.
00:13:42Je salue le fait que toutes les sensibilités rassemblées au sein de l'équipe gouvernementale
00:13:48sont unies par cette conviction commune.
00:13:50C'est dans cet esprit que j'ai constitué notre équipe gouvernementale.
00:13:56Elle reflète l'union des grandes sensibilités du pays, avec de l'expérience et de l'enracinement,
00:14:06avec de fortes personnalités.
00:14:08Cette équipe porte un message.
00:14:10Comme aux heures où le sort même de notre nation est en question, l'intérêt général
00:14:17oblige à dépasser les préférences partisanes pour que le pays se ressaisisse.
00:14:22Je doterai chaque ministre d'une feuille de route et chaque feuille de route sera communiquée
00:14:29et partagée avec les commissions compétentes du Parlement et du Conseil économique, social
00:14:34et environnemental.
00:14:35Car je pense, je tiens, que la société civile organisée doit avoir pleinement sa
00:14:42voix à ce chapitre.
00:14:43La confiance dans les partenaires sociaux est entière, importante et centrale.
00:14:52Je crois qu'ils ont entre les mains une part décisive de notre avenir national.
00:14:56Cette équipe de ministres reflète des choix révélateurs.
00:15:02L'éducation nationale est à sa place, c'est-à-dire à la première place.
00:15:08Elle est confiée à une personnalité, Elisabeth Borne, ancienne première ministre, exemple
00:15:14de méritocratie républicaine et de service de l'Etat, assistée de l'ancien président
00:15:20du Centre national d'études spatiales et spécialiste des universités.
00:15:24Les Outre-mer viennent ensuite.
00:15:31Cet engagement sur les Outre-mer n'a jamais, dans aucun gouvernement, été porté aussi
00:15:42haut dans notre histoire.
00:15:44J'ai considéré que ce sujet et nos compatriotes, à ce moment précis de notre histoire commune,
00:15:52avec tous les risques et tous les dangers, devaient être promus au rang de toute première
00:15:57préoccupation de la nation.
00:15:59Je remercie Manuel Valls, ancien Premier ministre, d'avoir accepté d'en prendre la lourde et
00:16:06passionnante responsabilité.
00:16:08Les questions de sécurité sont brûlantes pour nos concitoyens.
00:16:15J'ai souhaité une coopération étroite entre les ministères de la Justice et de
00:16:22l'Intérieur, pour leur confier la restauration de l'autorité de l'Etat, qui est indissociablement
00:16:30celle de l'Etat de droit.
00:16:32Deux ministres d'Etat, chacun avec son propre projet de loi, qui s'adapte à l'avenir
00:16:41de notre pays, deux ministres d'Etat, chacun avec son tempérament, mais dont on sait la
00:16:47résolution commune, mèneront à bien cette action.
00:16:51La réponse au narcotrafic ou à la délinquance des mineurs, sur laquelle Gabriel Attal et
00:16:58son groupe ont proposé un texte, la présence des forces de sécurité sur le terrain, à
00:17:04travers de nouvelles brigades de gendarmerie, devront confirmer à nos concitoyens que l'Etat
00:17:10de droit n'est pas l'Etat de faiblesse.
00:17:12Et nous devrons précisément être sans faiblesse pour lutter contre le terrorisme et tous les
00:17:22séparatismes.
00:17:23De même, il faudra repenser, chacun d'entre nous le sait, notre projet pénitentiaire
00:17:29à travers un plan d'urgence, se fondant sur une nouvelle approche, mieux adaptée
00:17:34aux différents types de détention.
00:17:36Et pour tous les pans de l'action du gouvernement, chaque membre du gouvernement aura à agir
00:17:42dans chacun de ses pôles, économiques, sociales, territoriales, écologiques, culturelles,
00:17:47agricoles, pour les armées, l'Europe et les affaires étrangères, la transformation
00:17:52publique et les sports, avec le sens de la responsabilité que le moment que nous traversons
00:17:59exige.
00:18:00Nous devons faire face à trois échéances.
00:18:02La première, c'est l'urgence.
00:18:04Il faut nous ressaisir pour adopter sans tarder les deux budgets de l'Etat et de la
00:18:10Sécurité sociale.
00:18:11Cette précarité budgétaire, nous la payons tous aux prix forts, entreprises, investisseurs,
00:18:18familles, contribuables, emprunteurs.
00:18:20Deuxième défi, mettre en place les conditions de la stabilité qui imposent de se réconcilier
00:18:28ce dont le pays a tant besoin et que ses citoyens ne cessent de réclamer.
00:18:32Et troisième défi de plus long terme, notre pays doit refonder son action publique, ce
00:18:39qui exige que nous nous attaquions sans tarder à tous les problèmes devant nous et non
00:18:43à certains, à l'exclusion des autres.
00:18:46D'abord, se ressaisir.
00:18:49Je sais bien que ce n'est pas l'habitude, mais je voudrais vous conseiller qu'il est
00:18:56inutile de créer parce que les micros sont coupés et qu'on ne vous entend pas.
00:19:00Notre situation de blocage n'est pas seulement financière, elle est aujourd'hui politique.
00:19:18Le budget de la Sécurité sociale a été censuré, le budget de la Nation entièrement
00:19:24repoussé en première lecture à l'Assemblée, interrompu au Sénat, tous les secteurs d'intervention
00:19:30publique entravés, éducation, sécurité, santé, solidarité, agriculture, commerce
00:19:38extérieur.
00:19:39Des milliers de recrutements, par exemple dans la justice, sont suspendus, les mesures
00:19:44de soutien à la Nouvelle-Calédonie empêchées, la loi de programmation militaire entravée
00:19:51et le fond vert des collectivités bloqués.
00:19:53Les investisseurs s'inquiètent et l'épée de Damoclès de la motion de censure paraît
00:20:02avoir installé la précarité au sommet de l'Etat.
00:20:06Au coeur de ce blocage, il y a notre incapacité à vivre le pluralisme, à être en désaccord
00:20:15sans constamment nous menacer du pire.
00:20:18Les réquisitoires et les invectives minent la confiance des citoyens.
00:20:24Il est temps de changer de logiciel démocratique et donc de méthode, se confronter, mais aussi
00:20:35se respecter et trouver des voies de passage sans abdiquer ce que l'on est et le lieu
00:20:41de la diversité où se résout ces différences en capacité d'action, le lieu de ce pluralisme,
00:20:52c'est le Parlement.
00:20:54C'est ici, précisément dans ces bancs, que les différences s'exprimant arrivent
00:21:02à se dégager une volonté et une stratégie et des plans d'action pour le pays.
00:21:07La première urgence, c'est de répondre à la question des retraites qui occupe le
00:21:15débat public depuis longtemps.
00:21:16On voit combien cette question continue de tarauder notre pays.
00:21:24Le déséquilibre du financement du système de retraite et la dette massive qu'il a
00:21:32creusée ne peuvent être ignorées ou éludées.
00:21:36Je résume les chiffres que nous avions établis au commissariat au plan 2021 et qui sont probablement
00:21:44aggravés depuis.
00:21:45Notre système de retraite verse chaque année quelques 380 milliards d'euros de pension.
00:21:55Le système par répartition que nous affichons voudrait, dans son principe, que chaque année,
00:22:04les actifs assument le versement de ces pensions.
00:22:07Or, les employeurs et les salariés privés et publics, sur ces 380 milliards, versent
00:22:16à peu près 325 milliards par an.
00:22:19Cette somme s'obtient en additionnant les cotisations salariales et patronales du privé
00:22:26et du public, estimées au même taux, et les impôts versés par les contribuables
00:22:32et affectés aux retraites.
00:22:33380 milliards moins 325 milliards reste 55 milliards versés par le budget des collectivités
00:22:43publiques et, au premier chef, le budget de l'Etat, à hauteur de quelque 40 ou 45
00:22:50milliards.
00:22:51Or, ces 40 ou 45 milliards annuels, nous n'en avons pas le premier centime.
00:22:59Chaque année, cette somme, notre pays l'emprunte, c'est-à-dire qu'il a choisi de mettre
00:23:07à la charge des générations qui viennent ou qui viendront le service des retraites
00:23:16que nous versons à chacun de nos concitoyens.
00:23:19Sur les plus de 1 000 milliards de dettes supplémentaires accumulées par notre pays
00:23:28ces dix dernières années, les retraites représentent 50% de ce total.
00:23:34Jamais nous n'avons fait l'effort de partager avec les Français cette évidence que la
00:23:43dette contractée par notre pays concerne nos propres enfants, que la charge que nous
00:23:51leur laissons sera trop lourde pour être supportée.
00:23:56Entendez-moi bien, je ne dis pas que la dette en soi soit toujours immorale.
00:24:04Si nous construisons des infrastructures ou si nous finançons la recherche, il est légitime
00:24:11que nous partagions la charge avec ceux qui utiliseront ces équipements ou profiteront
00:24:16de ces connaissances.
00:24:18S'endetter pour construire une université ou un hôpital, dont l'usage par les générations
00:24:25qui viennent durera 50 ou 80 ans, c'est légitime.
00:24:29Mais la dette est injuste et elle est insupportable si elle met à la charge de nos enfants nos
00:24:36dépenses courantes de notre vie d'aujourd'hui.
00:24:47Loin d'être seulement un problème financier ou social, cette dette est d'abord un problème
00:24:55moral.
00:24:56Quand on est héritier dans une famille, on peut toujours refuser l'héritage qui comporte
00:25:01trop de dettes.
00:25:02Mais quand on est citoyen d'un Etat, on ne le peut pas.
00:25:06Ce problème social et moral, le gouvernement n'entend pas le laisser sans réponse.
00:25:12La réforme des retraites est vitale pour notre pays et pour notre modèle social.
00:25:20Bien des gouvernements successifs s'y sont engagés, depuis Michel Rocard jusqu'aux
00:25:27efforts courageux du gouvernement d'Elisabeth Borne.
00:25:32Je note dans ce débat passionnel un progrès considérable.
00:25:37Plus personne ne nie qu'il existe un lourd problème de financement de notre système
00:25:43de retraite.
00:25:44Et en même temps, nombre des participants à ces discussions, notamment les organisations
00:25:57du dialogue social, ont affirmé qu'il existait des voies de progrès et qu'on pouvait obtenir
00:26:04le même résultat par une réforme plus juste.
00:26:07Je choisis donc de remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps
00:26:15bref et dans des conditions transparentes, selon une méthode inédite et quelque peu
00:26:20radicale.
00:26:21La démarche s'appuiera sur un constat et des chiffres indiscutables.
00:26:32Je vais demander à la Cour des comptes, en une mission flash de quelques semaines, de
00:26:38nous donner l'état actuel et précis du financement du système de retraite.
00:26:44Et ce résultat, le gouvernement le communiquera à tous les Français.
00:26:49La loi de 2023 a prévu que l'âge légal de départ passerait à 63 ans fin 2026.
00:27:03Une fenêtre de tir s'ouvre donc.
00:27:06Je souhaite fixer une échéance à plus court terme, celle de notre automne, où sera discutée
00:27:15la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale.
00:27:18Nous pouvons, j'en ai la conviction, rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem
00:27:25et sans aucun tabou, pas même l'âge de la retraite, à condition qu'elle réponde
00:27:30à l'exigence fixée.
00:27:31La seule exigence fixée est que nous ne pouvons pas laisser dégrader l'équilibre financier
00:27:38que nous cherchons et sur lequel presque tout le monde s'accorde.
00:27:42Ce serait une faute impardonnable contre notre pays.
00:27:46Plusieurs des partenaires sociaux ont indiqué qu'ils avaient identifié des pistes pour
00:27:53que la réforme soit socialement plus juste et cependant équilibrée.
00:27:57Ces pistes méritent toutes d'être explorées.
00:28:02Toutes les questions doivent pouvoir être posées.
00:28:05Chacun des partenaires sociaux aura le droit de faire inscrire à l'ordre du jour de
00:28:11ces discussions et négociations les questions qui le préoccupent.
00:28:15Rien n'est fermé.
00:28:16Une délégation permanente sera donc créée.
00:28:21Je la réunirai dès vendredi.
00:28:24Je proposerai aux représentants de chaque organisation de travailler autour de la même
00:28:30table, de s'installer dans les mêmes bureaux ensemble pendant trois mois, à dater du rapport
00:28:35de la Cour des comptes.
00:28:37Si, au cours de ce conclave, cette délégation trouve un accord d'équilibre et de meilleure
00:28:48justice, nous l'adopterons.
00:28:50Le Parlement en sera saisi lors du prochain projet de loi de financement ou avant, et
00:29:02si nécessaire, par une loi.
00:29:04Je souhaite que cet accord soit trouvé, mais si les partenaires ne s'accordaient pas,
00:29:10c'est la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer.
00:29:13Après les retraites, le budget.
00:29:29L'adoption d'un budget est indispensable pour les Français, pour l'action de la France,
00:29:38pour son image et pour son crédit.
00:29:41Cette orientation vers un retour à l'équilibre, qui sera nécessairement pluriannuel et respectueuse
00:29:47de nos engagements européens, passera nécessairement par des efforts de l'Etat lui-même.
00:29:53Nous ne changerons pas l'objectif de retour aux 3% de déficit en 2029.
00:30:00Cette contrainte se présente dès à présent.
00:30:04Les prévisions de croissance, à la suite en particulier de la crise née du vote de
00:30:10la motion de censure, ces prévisions de croissance ont toutes été revues à la baisse.
00:30:16Nous ne voulons pas ignorer ces avertissements.
00:30:20Le gouvernement a donc décidé de revoir sa prévision de croissance pour 2025.
00:30:31Elle était de 1,1% avant la censure.
00:30:35Nous la fixons à 0,9%, conformément aux prévisions de la Banque de France.
00:30:40Il sera proposé de fixer le déficit public pour 2025 à 5,4% du PIB.
00:30:49Des économies importantes seront proposées.
00:30:52Pour la suite, c'est un puissant mouvement de réforme de l'action publique qu'il
00:30:57faut conduire.
00:30:58Il faudra trouver des méthodes d'organisation de l'Etat qui ne requerront pas d'augmentation
00:31:05de nos dépenses publiques.
00:31:06Il nous faut repenser tous nos budgets, à partir non pas du prolongement de ce qui se
00:31:13faisait l'année précédente, augmenté d'un pourcentage d'inflation, mais de
00:31:18ce qu'exige le service ou l'action à conduire.
00:31:21Ces budgets redéfinis, repensés, je demanderai à tous les ministres de les préparer dès
00:31:27le printemps.
00:31:28C'est un effort dont personne ne devra s'exclure, chacun à sa manière, dans l'exercice de
00:31:35ses missions.
00:31:36Cet exercice devra interroger notre organisation.
00:31:40Est-il nécessaire que plus de 1000 agences, organes ou opérateurs exercent l'action
00:31:46publique ? Nous connaissons le rôle précieux de plusieurs
00:31:56d'entre elles, comme France Travail, mais ces 1000 agences ou organes, sans contrôle
00:32:02démocratique réel, constituent un labyrinthe dont un pays rigoureux et sérieux peut difficilement
00:32:09se satisfaire.
00:32:10Les parlementaires seront pleinement associés à cet effort d'organisation et de rationalisation.
00:32:17C'est la fonction du Parlement qui s'exprimera à son degré le plus éminent, contrôlé
00:32:24et évalué.
00:32:25Cet effort devra être prolongé et inventif.
00:32:30Cet effort devra être soutenu dans le temps, parce que souvent, la réforme prend du temps
00:32:37et coûte cher.
00:32:39J'annonce la création d'un fonds spécial, entièrement dédié à la réforme de l'Etat,
00:32:47financé en réalisant une partie de ses actifs, en particulier immobiliers qui appartiennent
00:32:53à la puissance publique, de façon à pouvoir investir, par exemple, dans le déploiement
00:32:59de l'intelligence artificielle dans nos services publics.
00:33:02Ces sommes ne pourront pas être utilisées pour des dépenses courantes, pour abonder
00:33:14tel ou tel budget.
00:33:15Elles resteront donc uniquement consacrées à ces efforts de réorganisation.
00:33:20Cette manière de rendre actif un patrimoine inactif nous permettra peut-être un jour
00:33:27d'initier le scénario de réduction de notre endettement.
00:33:31Deuxième grand objectif, se réconcilier.
00:33:37Nous avons, j'en ai la certitude, devant nous une grande oeuvre de réconciliation,
00:33:45et c'est ce qu'il s'agit de réconcilier les Français entre eux, avec leur Etat et leurs élus,
00:33:50et avec les entreprises.
00:33:54L'unité du pays, nous ne la ferons pas à coups d'incantation.
00:33:59Elle passe par l'association effective de tous, de manière continue, aux affaires qui les concernent.
00:34:06Cette association porte un nom qu'on utilise souvent, sans lui donner sa vraie portée,
00:34:12c'est la démocratie.
00:34:13Pas seulement la démocratie électorale, avec ses surenchères et ses éléments de langage.
00:34:19Un philosophe qui a un jour siégé sur ces bancs, qui s'appelait Marx-Henri, après la guerre,
00:34:25a défini la démocratie comme l'organisation sociale qui porte à son plus haut la conscience
00:34:33et la responsabilité du citoyen.
00:34:35Et il n'y a pas de citoyen conscient et responsable si l'on ne partage pas avec eux
00:34:42les vérités les plus fondées et même les plus brutales.
00:34:48La politique du gouvernement, c'est la vérité partagée.
00:34:52Le gouvernement considérera les Français comme des partenaires des décisions à prendre,
00:34:58non comme les sujets d'une monarchie qui n'aurait d'autre choix que d'obéir ou de se révolter.
00:35:05Nous ne laisserons aucun problème hors de notre champ,
00:35:08et pour chacun d'entre eux, nous partagerons les diagnostics avec les Français
00:35:13afin d'établir la délibération sur des bases indiscutables.
00:35:17La démocratie, c'est aussi la question de la Ve République, c'est-à-dire, selon moi,
00:35:25concilier la capacité d'action de l'Etat avec le pluralisme.
00:35:31Cette capacité d'action de l'Etat passe par une coopération entre les pouvoirs.
00:35:37Le Parlement a de ce point de vue des prérogatives qui doivent être pleinement respectées, et le seront.
00:35:43Je pense en particulier à son pouvoir d'initiative,
00:35:47qu'il ne manquera pas d'exercer sur des sujets importants dans notre société, comme la fin de vie.
00:35:53Notre société n'est plus enfermée dans l'impasse de la bipolarisation, et c'est heureux.
00:36:02On sait à présent que sur un sujet donné, il n'y a pas que deux options définies à l'avance.
00:36:08Il y a plusieurs sensibilités en contraste et qui ne s'excluent pas.
00:36:14Le but de la démocratie, à mes yeux, n'est pas qu'une idée triomphe sur les autres,
00:36:21c'est que ces différentes sensibilités puissent vivre ensemble.
00:36:25Pratiquement, la question est celle de la reconnaissance du pluralisme.
00:36:29Il y a dans la vie politique française aujourd'hui une pluralité de courants, peut-être cinq ou six principaux.
00:36:37Je respecte la réflexion de ceux qui estiment que ce doit être source d'affrontements.
00:36:45Je connais bien Jean-Luc Mélenchon depuis longtemps, mais je sais qu'il est un homme cultivé, un esprit stratège.
00:36:55Je n'approuve pas la stratégie qu'il a définie très précisément et très explicitement,
00:37:03qui est de tout conflictualiser, de faire de tout sujet un conflit.
00:37:10Parce que je me dis qu'avoir nos divisions, ceux qui veulent soumettre notre pays doivent se frotter les mains.
00:37:27Je me dis que depuis longtemps, depuis des siècles, l'idée de tolérance et de laïcité,
00:37:35que, à une source, Henri IV a définie et qu'à l'autre source, les grands républicains du XIXe ont défini,
00:37:44cette idée qu'on n'a pas besoin, parce qu'on croit quelque chose, de vouloir obliger les autres à abandonner leurs idées,
00:37:54cette idée que nous avons acceptée depuis longtemps en matière religieuse et philosophique,
00:38:00cette idée, elle peut aussi s'imposer dans la vie politique du pays.
00:38:04Ce qu'on appelle laïcité...
00:38:06Ce qu'on appelle laïcité...
00:38:10Ça n'a rien à voir, la laïcité !
00:38:12Ça a tout à voir, monsieur.
00:38:14Ce qu'on appelle la laïcité, dont la racine grecque signifie faire un seul peuple,
00:38:21ce qu'on appelle laïcité a droit de citer aussi bien dans la vie politique qu'elle l'a dans la vie religieuse et philosophique.
00:38:29Applaudissements
00:38:40Faire un seul peuple...
00:38:44Faire un seul peuple, c'est reconnaître que le pluralisme est légitime,
00:38:52mais ce pluralisme doit être organisé.
00:38:56Je suis un défenseur des partis politiques et des syndicats,
00:39:00et je souhaite que les partis politiques, comme les syndicats,
00:39:05puissent être reconnus un jour comme des mouvements d'utilité publique.
00:39:09Je souhaite qu'ils puissent se financer sans avoir besoin de passer par des stratégies de contournement.
00:39:18C'est pourquoi je souhaite la création d'une banque de la démocratie
00:39:24pour que le financement des partis politiques et des campagnes ne dépendent plus de choix de banques privées,
00:39:31mais puissent éventuellement, et en recours, être le fait d'organismes publics placés sous le contrôle du Parlement.
00:39:39Applaudissements
00:39:45Je suis partisan quand je vois l'état de la démocratie américaine,
00:39:52que nous échappions à cette contrainte de voir la vie politique tenue par l'argent.
00:40:00Je pense que l'argent a sa place, notamment dans le monde des affaires,
00:40:04mais l'argent ne doit pas diriger les consciences,
00:40:07et l'argent ne doit pas prendre le pas sur la libre volonté des citoyens.
00:40:12Applaudissements
00:40:18C'est pourquoi la banque de la démocratie traitera du problème des financements de ces organisations, de vos organisations,
00:40:28mais je pense aussi qu'il faut que chacun puisse trouver sa place au sein de la représentation nationale,
00:40:35à proportion des votes qu'il a reçus.
00:40:38C'est la seule règle qui permettra à chacun d'être lui-même authentiquement,
00:40:43sans être prisonnier d'alliances insincères.
00:40:47Je propose que nous avancions sur la réforme du mode de scrutin législatif.
00:40:54Chacun exprimera alors sa position,
00:40:57mais il y a une option à prendre sur ce principe,
00:41:01et une discussion à avoir sur ses modalités.
00:41:04On voit bien quels sont les principaux choix.
00:41:08Mon opinion est que le mode de scrutin doit être enraciné dans les territoires,
00:41:14et il faut que ne se créent pas plusieurs catégories de citoyens avec des droits différents.
00:41:19Cette adoption du principe proportionnel pour la représentation du peuple dans nos assemblées
00:41:27s'accompagnera probablement, comme l'a dit le président du Sénat,
00:41:31nous obligera à reposer en même temps la question de l'exercice simultané d'une responsabilité locale et nationale.
00:41:39Enfin, la démocratie suppose un accès à une information fiable.
00:41:47Les conclusions des Etats généraux de l'information,
00:41:51lancées par le président de la République, devront être traduites.
00:41:55De même, la réforme de l'audiovisuel public, bien commun des Français,
00:42:01devra être conduite à son terme.
00:42:04Je voudrais ensuite parler de l'Etat.
00:42:08Je suis le premier à mesurer la qualité de notre fonction publique.
00:42:14Et nous le voyons à chaque catastrophe.
00:42:17La présence de l'Etat force le respect.
00:42:19Ce que nous avons vu, plusieurs d'entre nous, madame la présidente, à Mayotte, force le respect.
00:42:26Mais notre bureaucratie est trop lourde.
00:42:29Elle est incroyablement nuisible au développement du pays.
00:42:33Une étude récente a été publiée récemment,
00:42:39qui montre, à partir des études de l'Institut Bruegel,
00:42:46que le poids des normes qui viennent pénaliser la croissance des pays
00:42:52est de 0,8% en Italie, de 0,3% en Espagne, de 0,17% en Allemagne,
00:43:01et chez nous, en France, cette étude dit que le poids de ces normes
00:43:07et de cette bureaucratisation est de près de 4%,
00:43:11dix fois plus que chez nos voisins.
00:43:14Je considère que cette contrainte, dont chacun connaît la lourdeur,
00:43:22est un frein insupportable à l'activité de notre pays et de toutes ses disciplines.
00:43:31Le gouvernement s'engagera donc dans un puissant mouvement de débureaucratisation.
00:43:44Le projet de loi de simplification de la vie économique,
00:43:50qui a commencé à être examiné, devra être adopté rapidement.
00:43:55Mais il faut agir plus en profondeur et dans le temps,
00:44:01selon quelle méthode? Je n'en connais qu'une.
00:44:05Rendre du pouvoir au terrain.
00:44:09Grâce à France Expérimentation, les acteurs de terrain devront redéfinir
00:44:16eux-mêmes, en partenariat avec l'Etat, les simplifications,
00:44:20suppressions et allègements d'obligations utiles.
00:44:25C'est vrai pour les entreprises, pour les collectivités locales
00:44:31et pour l'agriculture, par exemple.
00:44:36Je veux indiquer que les collectivités locales doivent avoir dans ce projet une place centrale.
00:44:47Les collectivités locales portent une grande part de l'investissement de notre pays.
00:44:55Beaucoup plus que l'Etat. 70% de l'investissement de notre pays est porté par les collectivités locales.
00:45:03Quand l'activité fléchit, c'est cet effort des collectivités qui soutient le bâtiment,
00:45:09les travaux publics, l'équipement de nos villes.
00:45:12Ce sont elles qui soutiennent l'implantation d'entreprises,
00:45:15qui sont aux côtés des associations,
00:45:17qui maintiennent le tissu social dans ces dernières mailles.
00:45:22Cet effort d'investissement est précieux pour le pays.
00:45:27Mon gouvernement confortera les avancées sur des sujets très attendus
00:45:31comme l'eau, l'assainissement, le statut et la protection des élus.
00:45:36Les initiatives parlementaires prises en ce sens devront aboutir.
00:45:44Sur le plan financier, l'effort demandé aux collectivités sera ramené,
00:45:49comme les débats parlementaires l'ont proposé,
00:45:51de 5 milliards initialement à 2,2 milliards en 2025.
00:45:57J'ai tout à fait confiance dans la capacité des élus à mener cet effort.
00:46:05Avoir confiance dans la responsabilité des collectivités,
00:46:07c'est aussi pour certaines tenir compte de leurs spécificités.
00:46:12C'est le cas qui me tient à coeur pour la Corse,
00:46:15et c'est le cas que nous allons explorer et travailler
00:46:18pour les collectivités d'outre-mer.
00:46:21Un calendrier a été fixé conformément aux orientations
00:46:25du président de la République pour la Corse.
00:46:28Pour aboutir à une évolution constitutionnelle fin 2025,
00:46:32ce calendrier sera respecté.
00:46:38Soutenir l'esprit d'entreprise, c'est le chantier suivant.
00:46:44Il existe chez nous un réflexe des gens anciens et nuisible.
00:46:50Il s'agit dans les débats de cibler les entreprises,
00:46:55et plus spécialement les entreprises françaises,
00:46:57et en particulier celles qui réussissent le mieux à l'exportation.
00:47:02Les entreprises que l'on dit multinationales sont en réalité celles
00:47:07qui, par leur savoir-faire, leur recherche, leur esprit de conquête,
00:47:10ont réussi à être sélectionnées pour la compétition mondiale.
00:47:14Elles font honneur à la France et contribuent à sa richesse.
00:47:19Ma conviction est que ces entreprises, nous devons leur faciliter la tâche
00:47:24dans toutes les conditions fixées par la démocratie sociale.
00:47:28Elles doivent être prémunies contre des augmentations
00:47:33exponentielles d'impôts et de charges, sans quoi nous nous retrouverions
00:47:39dans la même situation que décrit la fable de La Fontaine,
00:47:44de la poule aux oeufs d'or qui offrait à son propriétaire
00:47:49tous les matins la ponte de neuf d'or.
00:47:51Alors il s'est dit qu'il devait y avoir un trésor dans la poule.
00:47:55Il a saisi la poule, il lui a fait un sort,
00:48:01et puis il l'a ouverte et à l'intérieur il n'y avait rien.
00:48:04La Fontaine conclut qu'il s'était lui-même ôté le plus beau de son bien.
00:48:09L'entreprise produit les richesses et l'emploi pour tout le pays
00:48:13grâce à ses dirigeants, ses chercheurs, ses cadres et ses salariés.
00:48:19Mais si elle se voit surchargée de prélèvements et de normes,
00:48:23alors elle cesse de produire.
00:48:26Le trésor est dans l'activité, la créativité et la souplesse.
00:48:31Cette oeuvre de réconciliation à laquelle nous sommes appelés
00:48:39ne sera possible que si nous offrons une perspective à notre pays.
00:48:44Nos efforts doivent être tendus vers un but qui suppose la lucidité
00:48:49et le courage que je décrivais, c'est celle d'une nouvelle promesse française.
00:48:54C'est là une oeuvre de refondation républicaine que je vous propose d'examiner à l'instant.
00:49:03Cette promesse française, c'est celle qui offre à chacun les conditions
00:49:07de sa dignité en tant que citoyen et en tant que personne.
00:49:11Pour cela, la France ne s'en remet pas à la seule loi du marché.
00:49:15Elle a toujours porté en elle l'idéal de fraternité et de solidarité.
00:49:20La solidarité envers chacun, quel que soit son milieu de naissance,
00:49:26son accent, sa couleur de peau, sa condition d'origine.
00:49:32C'est pour tous la possibilité de s'affirmer, d'avoir une deuxième chance si on échoue,
00:49:39une troisième chance si on a encore rencontré des difficultés.
00:49:44C'est l'intuition fondatrice que le président de la République a défendue en 2017.
00:49:49Et je veux réaffirmer ici que cette intuition est nécessaire.
00:49:54La promesse française, c'est aussi l'attention portée à l'égalité entre les femmes et les hommes.
00:49:59C'est un combat de civilisation que nous devons porter ici et ailleurs,
00:50:05partout où les femmes subissent l'intolérable.
00:50:08Je pense en particulier au sort des femmes afghanes et iraniennes, enfermées vivantes.
00:50:19Enfermées vivantes, interdites d'aller à l'école, interdites d'aller à l'université,
00:50:30interdites même de chanter et de sortir à l'extérieur de leur maison.
00:50:35Cette égalité, chez nous, suppose une lutte sans merci contre les violences sexuelles ou sexistes,
00:50:45mais aussi une lutte pour l'égalité salariale et professionnelle.
00:50:50Je voudrais m'arrêter un instant à un mouvement que nous avons tous connu et qu'à mon sens nous avons négligé.
00:50:57C'est le mouvement des gilets jaunes.
00:51:00Sur les ronds-points, il y a six ans...
00:51:04Sur les ronds-points, il y a six ans,
00:51:11ils ont dénoncé l'état qu'ils ressentaient de notre société.
00:51:18Et cet état, c'était la division du pays entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas.
00:51:27Ceux qui passent à la télévision et ceux qui sont devant l'écran.
00:51:33Ceux qui sont des milieux de pouvoir, des arrondissements, par exemple, centraux de Paris et les autres,
00:51:45qui ont la certitude d'être oubliés et d'être négligés.
00:51:51Je suis assuré, je suis certain que la promesse française
00:51:57suppose que nous puissions abattre le mur qui existe entre les uns et les autres.
00:52:03Et c'est la raison pour laquelle nous devrons reprendre l'étude des cahiers de doléances qui ont été présentés par les gilets jaunes.
00:52:13De manière que s'exprime dans notre société, de manière que s'exprime...
00:52:22J'imaginais que vous pouviez adhérer à cette idée.
00:52:25De manière que s'exprime dans notre société les attentes, souvent les plus inexprimées, qui sont celles des milieux sociaux exclus du pouvoir.
00:52:41Chercher une forme d'harmonie, c'est accepter aussi d'évoquer les craintes et les réalités que suscite dans notre pays l'immigration.
00:52:52Et cela ne date pas d'hier.
00:52:59La misère, les conflits, les bouleversements climatiques se conjuguant, l'immigration est devenue une question brûlante sur toute la planète.
00:53:10Elle l'est pour ceux qui supportent les vagues migratoires et ceux qui craignent d'être menacés par de prochaines vagues.
00:53:19Et les réseaux sociaux attisent cette crainte tous les jours.
00:53:25La conviction profonde, c'est que cette immigration, qui se développe aujourd'hui sous toutes les latitudes de la planète, est d'abord une question de proportion.
00:53:39L'installation d'une famille étrangère dans un village pyrénéen, c'est un mouvement de générosité qui est suscité et qui se déploie.
00:53:50Des enfants fêtés et entourés à l'école, des parents qui reçoivent tous les signes de l'entraide.
00:53:56Mais que 30 familles s'installent et le village se sent menacé et des vagues de rejets se déploient.
00:54:06La situation est exactement celle que nous connaissons à Mayotte.
00:54:16A Mayotte, la présence des illégaux en nombre dans des bidonvilles, au nombre de 80.000 sur 300.000, c'est exactement comme s'il y avait à Paris, intramuros, 500.000 illégaux en bidonville.
00:54:35Nos compatriotes de Mayotte ne le supportent pas.
00:54:39Et nier que cette immigration illégale soit un facteur de déstabilisation sur la société mahoraise, c'est se voiler les yeux et en réalité se mentir et leur mentir.
00:54:52Bien sûr, la différence de niveau de vie entre Mayotte et les Comores et entre Mayotte et la métropole est considérable.
00:55:07Le niveau de vie aux Comores est dix fois inférieur en richesse par habitant qu'il l'est à Mayotte.
00:55:18Et Mayotte, c'est même quatre ou cinq fois inférieur au niveau de vie que nous avons en métropole.
00:55:26Mais ceci, excusez-moi de le dire, Mayotte est un département et nous n'avons pas le droit de laisser dans un département se développer un désordre aussi profond que celui qui déchire la société mahoraise.
00:55:41Voilà pourquoi il est de la responsabilité du gouvernement de maintenir et faire respecter l'ordre à Mayotte comme en métropole.
00:55:58Bien sûr, nous savons bien que dans notre humanité, c'est la misère qui pousse à fuir son pays.
00:56:05Nous le savons bien, les Basques, les Béarnais, les Bretons, qui avant au 19e siècle fournit tant de contingents d'émigrés.
00:56:13Mais la volonté de protéger et d'appliquer nos lois doit être sans faille et respectueuse de ceux que les vagues de la vie ont conduit jusqu'à nous.
00:56:24Respecter ces personnes, c'est les intégrer dans un ordre où tous peuvent se reconnaître.
00:56:31Il est donc de notre devoir de conduire une politique de contrôle, de régulation et de retour dans leur pays de ceux dont la présence met en péril par leur nombre la cohésion de la nation.
00:56:45Mais comment faire alors que 93% des obligations de quitter le territoire français ne sont pas exécutées ?
00:56:55Ne laissons pas passer ces chiffres sans nous arrêter une seconde.
00:56:58Sur les obligations de quitter le territoire français, 140.000 prononcées tous les ans, sur ces obligations, on en exécute 7%, ce qui veut dire que 93% ne sont pas exécutées.
00:57:14Et leur exécution ne dépend pas principalement de la volonté du gouvernement.
00:57:19Elle dépend principalement du refus des pays d'origine d'accueillir leurs ressortissants lorsqu'ils sont obligés de quitter notre territoire.
00:57:28Si nous ne résolvons pas cette question, toutes nos déclarations d'intention seront vaines.
00:57:35Cette politique que doivent mener fermement le ministère de l'Intérieur et le ministre de la Justice suppose aussi l'action de tous les autres ministères.
00:57:45C'est pourquoi je réactiverai le comité interministériel de contrôle de l'immigration.
00:57:51Et je sais que les parlementaires ne manqueront pas de prendre des initiatives également.
00:57:57Il nous appartiendra de les articuler avec la nécessaire transcription du Part européen Migration Asile.
00:58:05Il nous appartiendra de mieux user de notre aide au développement en retrouvant dès 2026 une trajectoire dynamique.
00:58:14Notre cap, c'est l'intégration.
00:58:17Notre cap, c'est l'incorporation à la nation de ceux qui sont amenés à la rejoindre.
00:58:23Par le travail qui crée des liens et donne la reconnaissance.
00:58:28Par la langue qui est une patrie.
00:58:31Par l'apprentissage et l'acceptation des façons de vivre et des valeurs qui nous guident.
00:58:37En particulier par le respect de la liberté des femmes et le respect de ceux qui croient différemment de vous ou qui ne croient pas.
00:58:45En revanche, contre tous ceux qui prônent l'inverse, nous serons sans faiblesse.
00:58:50La République n'existe que si elle se fait respecter.
00:58:54Je ne me lancerai pas dans le catalogue de mesures qui est si souvent le lieu des déclarations de politique générale.
00:59:17Mais ces grandes politiques doivent être inspirées par l'idée du long terme, par l'esprit du plan que je veux voir présent dans tous les ministères.
00:59:32Il ne peut y avoir ni partage des grands choix avec les citoyens, ni débat sérieux au Parlement sans vision de long terme.
00:59:44C'est particulièrement évident pour deux grandes questions qui engagent nos orientations sur plusieurs décennies.
00:59:52La première question, c'est la transition écologique.
00:59:55L'écologie, au contraire de ce que certains pensent, ce n'est pas le problème.
01:00:01C'est la solution que nous privilégions.
01:00:05L'effort à mener sur ce sujet crucial, cette adaptation au changement climatique,
01:00:12la France l'a commencé mieux et davantage qu'aucun autre pays au monde.
01:00:19Cette ardente obligation doit être poursuivie et amplifiée.
01:00:25Planifier la transition en finalisant notre stratégie bas carbone, préserver notre biodiversité,
01:00:32produire de façon décarbonée grâce à des technologies nouvelles,
01:00:38et je pense en particulier à notre politique énergétique.
01:00:42Cette politique a un but, l'énergie décarbonée accessible à tous.
01:00:47Pour y parvenir, la production d'électricité d'origine nucléaire est un axe essentiel
01:00:53et la géothermie sous nos pieds, réservoir inépuisable de calories gratuites et d'ailleurs aussi de frigories sous nos pieds, l'est aussi.
01:01:02La question de l'eau, nous devons la saisir à bras le corps au travers d'une grande conférence nationale déclinée dans les régions.
01:01:12La transition écologique, c'est aussi favoriser les mobilités les mieux adaptées,
01:01:19de l'hydrogène au plan vélo qui doit être poursuivi avec les moyens qui lui sont nécessaires.
01:01:27Dans la refondation de notre projet, l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et la recherche sont un sujet essentiel.
01:01:41Une des fiertés de ma vie est d'avoir été un enseignant de l'éducation nationale et d'avoir des enfants enseignants de l'éducation nationale.
01:01:52Une des fiertés de ce gouvernement est d'avoir placé en premier le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche
01:02:01et de l'avoir confié à une femme au parcours exemplaire qui est en ce moment au Sénat en train de lire la même déclaration de politique générale.
01:02:11Mais comment accepter que l'école française, qui était la première au monde, se voit classée au rang qui est le sien aujourd'hui en mathématiques comme en lecture ?
01:02:28Les enseignants de notre université dépeignent des étudiants de première année après 13, 14 ou 15 années d'école
01:02:38qui ne parviennent pas à écrire un texte simple, compréhensible, avec une orthographe acceptable.
01:02:46Ceci, c'est pour moi le plus grand de nos échecs.
01:02:52C'est le plus grand de nos échecs et c'est un échec dans son victime les plus faibles.
01:02:58Parce que ceux qui viennent des milieux qui n'ont pas les codes, qui ne connaissent personne, comme on dit, qui n'ont accès ni à l'influence ni au pouvoir,
01:03:09se voient écartés sans recours dès l'instant qu'on ne leur donne pas les armes pour affronter la traversée de ces formations supérieures.
01:03:20Et j'ajoute que tout cela, l'obligation d'orientation précoce, les perturbe et les met en danger.
01:03:29Les enfants ne sont pas comme les poireaux, ils ne poussent pas tous à la même vitesse.
01:03:34Et vouloir sélectionner précocement, sans qu'aie mûri l'esprit et les attentes, je pense que c'est une erreur, en tout cas une faiblesse.
01:04:01Et je pense que, dans notre système scolaire et universitaire, il faut que puissent être acceptés et même favorisés les réorientations, les changements de formation.
01:04:14Vous avez raison, Parcoursup est une question.
01:04:19Et donc, c'est précisément ce que je suis en train de dire.
01:04:23Et donc, nous avons besoin d'ouvrir les portes, sans doute en inventant la période, l'année d'articulation entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur.
01:04:40Ce que l'on appelait autrefois propédeutique, c'est-à-dire la préparation à un enseignement dont on ne maîtrise pas jusque-là les bases et les capacités,
01:04:49devrait être une préoccupation pour l'organisation de notre système éducatif.
01:04:58Parce que ces enfants et ces jeunes, si on les écarte dès la classe de seconde, naturellement, on rend à la nation le plus mauvais des services.
01:05:16Combien sur ces bancs étaient, lorsqu'ils avaient 13, 14 ou 15 ans, plutôt en rupture d'école qu'en succès à l'école ?
01:05:30Combien ont trouvé dans la vie des chemins jusque-là inimaginables pour eux ?
01:05:36Je n'aime ce que je trouve regrettable dans notre système éducatif, c'est que très tôt, les choses se jouent, trop tôt pour ceux qui n'appartiennent pas aux milieux les plus favorisés.
01:05:52Ma conviction est que les gisements de progrès sont du côté des enseignants.
01:06:08Tous, ici, nous avons devant les yeux le visage et la voix d'enseignants qui nous ont révélé à nous-mêmes,
01:06:15qui, parce que leur regard s'est posé sur l'enfant que nous étions, ont changé sa vie.
01:06:23Ces enseignants magnifiques existent, ils sont nombreux, mais notre organisation de l'éducation nationale ne parvient pas à les repérer, ou les repère si peu, et les trésors de pédagogie qu'ils ont élaboré sont perdus.
01:06:40Je veux rappeler ici, je le disais à l'instant, l'intuition fondatrice que le président de la République a présentée au pays en 2017.
01:06:49Combattre l'assignation à résidence, l'assignation de la naissance, du quartier, de la religion, de la consonance du nom, de l'accent.
01:07:03Ces difficultés nées de familles éclatées, de l'adolescence solitaire, offrirent à tout cela, tout au long de ma vie, de nouvelles chances.
01:07:15Parmi les combats à mener, la promotion de la lecture contre le monopole des écrans.
01:07:28Je sais qu'un chemin est possible en formant mieux nos professeurs afin de mieux les préparer.
01:07:35Je sais les difficultés parce que les écrans ont pris désormais le pas sur tout autre mécanisme de transmission des connaissances.
01:07:44Mais cet enjeu est un enjeu national et je proposerai que nous le reprenions en faisant appel à toutes les compétences qui ont pu se créer pour transmettre la lecture, par exemple, à l'intelligence artificielle.
01:08:03Et aussi en poursuivant la grande réforme de l'enseignement professionnel qui a été engagée par les gouvernements précédents.
01:08:17La culture, dans la promesse française, joue un rôle essentiel.
01:08:24La défense et l'affirmation d'une politique culturelle est une politique sociale.
01:08:30L'émerveillement partagé devant la beauté d'un monument, d'une ville que l'on restaure, d'une pièce de théâtre, d'un concert que l'on partage, tout cela élève, rend fier et rassemble.
01:08:42C'est pourquoi la défense du beau, madame la ministre de la Culture, est un devoir d'Etat.
01:08:48Cela passe par une politique de patrimoine ambitieuse, ce patrimoine qui est l'une de nos principales fiertés, et cela passe aussi par un soutien à la création.
01:08:59Je veux parler dans cette promesse française des Outre-mer.
01:09:04Nous avons présenté le plan Mayotte debout lors de notre venue sur l'île.
01:09:10C'est un plan ambitieux, non seulement pour traiter de l'urgence, mais aussi pour refonder Mayotte.
01:09:17J'ai parlé de la crise migratoire que connaissait ce département.
01:09:22Le débat doit être ouvert sur ce sujet, notamment sur les conditions nouvelles d'exercice du droit du sol que vous avez évoquées, madame la présidente, dans vos voeux.
01:09:33Mais je pense aussi à la Nouvelle-Calédonie qui doit construire son avenir.
01:09:38Les événements de mai 2024 ont plongé ce territoire dans un profond marasme.
01:09:44Je souhaite que le processus politique reprenne avec des négociations qui devront aboutir à la fin de ce trimestre.
01:09:52J'inviterai en janvier les forces politiques à venir à Paris pour ouvrir ces négociations en demandant aux ministres des Outre-mer de suivre particulièrement ce dossier.
01:10:03Je crois que là encore, femmes et hommes de bonne volonté peuvent trouver des voies novatrices pour le bien de tous les Calédoniens.
01:10:11Mais je pense à tous nos Outre-mer, eux qui sont cette fenêtre ouverte sur le monde que nous vantons souvent et nous enrichissent par leur identité propre.
01:10:21Chacun de ces territoires a sa situation, ses chances et ses difficultés.
01:10:25Nous définirons pour chacun un plan de développement et de financement dans le cadre d'un nouveau comité interministériel des Outre-mer que le ministre d'Etat préparera avec les élus de ces territoires.
01:10:41Un autre chapitre, c'est la méthode que nous suivrons pour retrouver la production, l'innovation et l'industrie.
01:10:50On voudrait nous condamner sur ces sujets au déclassement alors que, par ailleurs, la Silicon Valley déroule ses tapis rouges à nos ingénieurs du numérique et de l'intelligence artificielle.
01:11:03Nous sommes, nous Français, des géants de la recherche informatique, algorithmique et automatique.
01:11:11Ne nous laissons pas devenir des nains de la nouvelle économie qui sera précisément fondée sur le numérique.
01:11:16Et il en est de même pour l'espace ou les énergies décarbonées.
01:11:21Le gouvernement est attaché à la trajectoire d'investissement dans la science définie par la loi de programmation de la recherche.
01:11:30La recherche dans les universités et les laboratoires, mais aussi ailleurs dans la recherche de l'entreprise.
01:11:37L'intelligence artificielle, dont je ne sais si elle est intelligente ou si elle est artificielle, mais dont je sais qu'elle est un changement d'être pour notre humanité,
01:11:50cette stratégie nationale doit entrer dans sa troisième phase.
01:11:55Ambitieuse pour la diffusion de l'intelligence artificielle dans l'industrie, dans l'action publique, la formation et la recherche,
01:12:03appuyée sur un programme d'investissement dans les infrastructures et le sommet de l'intelligence artificielle qui se tiendra à Paris en février traduira cette ambition.
01:12:15Dans ces domaines, il nous faut définir des politiques de filière, produit par produit, en partant des faiblesses et des manques de notre balance commerciale.
01:12:27Chaque filière unira grandes entreprises, sous-traitant Etats et régions autour d'un enjeu de production.
01:12:35Les géants mondiaux qui sont sur notre sol et qui ont nos racines chez nous,
01:12:39d'Assos Systèmes, Safran, Total, Airbus, Saint-Gobain, Danone, ont un potentiel de partage des capacités, des mises au point et de soutien des entreprises nouvelles,
01:12:49notamment sur les produits et les secteurs d'où nous sommes absents.
01:12:54Retrouver la production, c'est aussi tourner nos regards vers l'agriculture.
01:13:00Je veux avoir un mot particulier pour les filières agricoles.
01:13:04Quand nous évoquons leur crise, nous voyons ce qui saute aux yeux, la crise des revenus, le sentiment qu'ont nos agriculteurs de n'être pas respectés.
01:13:14À l'origine de cette situation, il y a une crise morale.
01:13:19Les agriculteurs, les paysans, le monde dont je viens, avaient jusque il y a peu la certitude d'être les meilleurs connaisseurs et les meilleurs défenseurs de la nature.
01:13:30Aujourd'hui, on les accuse de nuire à la nature.
01:13:34Et c'est une blessure profonde.
01:13:37Quand les inspecteurs de la biodiversité viennent inspecter les fossés ou les points d'eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran par la crise, c'est une humiliation.
01:13:50Et c'est donc une faute.
01:13:57Pour notre agriculture, le principal enjeu aujourd'hui est celui de l'égalité des armes.
01:14:04À l'intérieur même de l'Europe, on impose à nos agriculteurs des normes et des obligations qui ne sont pas imposées à nos voisins européens.
01:14:13Et je ne parle même pas de ceux qui sont très au-delà de nos frontières, en particulier en Amérique du Sud.
01:14:21Et la question est évidemment celui de l'accord avec le Mercosur.
01:14:28Je veux dire que de très grandes injustices risquent aussi d'être commises dans la gestion des ressources en eau.
01:14:35Je ne suis pas d'accord pour qu'on assimile la gestion de l'eau de surface au pompage des nappes profondes, comme si c'était la même chose.
01:14:43Nos agriculteurs vivent cela comme une injustice.
01:14:47Sur le sujet de l'eau, j'ai dit que je souhaitais que des conférences soient organisées au plan national et régional pour définir une stratégie de long terme.
01:14:57Toutes ces questions seront traitées dans la loi d'orientation agricole.
01:15:02Je m'engage à ceci, c'est que pour les entreprises agricoles comme pour les entreprises et les familles,
01:15:09nous remettions en question les pyramides de normes en donnant l'initiative aux usagers.
01:15:15Ceux que l'on contrôle doivent avoir leur mot à dire sur les contrôles.
01:15:19Et s'il faut des remises en cause, nous les conduirons avec eux dans un temps bref.
01:15:27L'obligation de revaloriser le travail, c'est une obligation qu'on évoque sur tous les bancs.
01:15:35Je souhaite que la concertation sur le travail et les salaires, sur la qualité de la vie au travail, sur sa rémunération et sur son sens,
01:15:46que ces questions soient abordées, comme celle de la santé au travail, de la prévention, de la prise en charge des arrêts de travail,
01:15:55ainsi que la situation des travailleurs pauvres et l'égalité salariale femmes-hommes.
01:16:03Il nous faudra que ces efforts en matière de revalorisation salariale soient conduits et poursuivis,
01:16:10notamment avec la mise en place de dispositifs d'épargne salariale, d'intéressement et de participation dans tous les secteurs.
01:16:18Enfin, la question d'un territoire français plus équilibré.
01:16:23En 1947, paraissait un livre qui a fait beaucoup de bruit à l'époque, qui s'appelait Paris et le désert français.
01:16:32Je crois qu'aujourd'hui, il y a Paris, les grandes métropoles et le désert français, avec un gouffre à chaque étape.
01:16:40Le reste du tissu national, éloigné géographiquement, disparaît médiatiquement et politiquement.
01:16:48L'aménagement du territoire est l'une des grandes questions devant nous.
01:16:52Elle touche aux conditions de vie de nos concitoyens, aux services publics, aux transports et aux logements.
01:16:58Nous avons construit un grand ministère autour de François Rebsamen.
01:17:03Ce ministère incarne l'objectif qui est le nôtre, que chaque personne ait sa chance, que chaque territoire ait sa reconnaissance et sa chance.
01:17:13Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
01:17:15Tant d'esprits, de volontés, d'initiatives, de capacités provinciales et des quartiers périphériques ont le sentiment ou plutôt la certitude d'être écartés et oubliés.
01:17:27Je veux m'arrêter sur le sujet du logement.
01:17:31Si l'on ne peut pas se loger, on ne peut pas se faire reconnaître.
01:17:35Nous avons besoin d'une politique du logement repensée et de grande ampleur.
01:17:40Je salue les efforts menés par les précédents gouvernements pour lever les contraintes en matière de construction de logement.
01:17:47Nous pouvons aller plus loin encore en réduisant les délais, en allégeant les demandes d'autorisation,
01:17:53en favorisant la densification, en facilitant les changements d'usage.
01:17:59Cela suppose de relancer l'investissement locatif et l'accession à la propriété,
01:18:05de soutenir les élus bâtisseurs par un système d'encouragement à l'investissement, y compris à l'investissement privé.
01:18:14Quant au transport, qui est la condition même de l'égalité des droits sur le territoire,
01:18:20nous avons devant nous tous les défis en matière de financement des infrastructures et des équipements nouveaux.
01:18:27Le financement durable sera organisé avec les collectivités locales et les professionnels pour se préparer à relever ces défis.
01:18:35La santé est une des toutes premières préoccupations d'urgence et quotidienne au coeur du modèle social français.
01:18:46Nous avons tous été confrontés, pour nous ou pour un proche, à l'impossibilité de trouver un médecin généraliste,
01:18:53un spécialiste, un dentiste pour se faire soigner.
01:18:56Et l'hôpital connaît aussi une crise, en particulier financière, qui est plus que préoccupante.
01:19:03L'absence d'une vision pluriannuelle des ressources consacrées à notre système de santé
01:19:09le prive de sa capacité à se doter de projets à moyen et long terme,
01:19:16et complique ainsi sa capacité à anticiper les besoins des santé futures des Français.
01:19:22Il faut passer d'une logique budgétaire annuelle, madame la ministre, à une logique de financement pluriannuel.
01:19:28Il faut aussi retravailler sur l'enjeu clé de la démographie médicale en impliquant notamment les élus territoriaux
01:19:38et en menant de front la question, jusqu'ici irrésolue, de la formation des soignants.
01:19:45Je veux confirmer que la santé mentale devra être la grande cause nationale de 2025,
01:19:52comme l'avait décidé mon prédécesseur Michel Barnier, que j'ai soutenu et à qui j'adresse mon amitié.
01:20:00Dans ce cadre, pour faire face à l'enjeu de la soutenabilité de l'hôpital,
01:20:05le gouvernement proposera une hausse notable de l'ONDAM,
01:20:09ce qui permettra d'améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles.
01:20:16A cette fin, la mesure de déremboursement de certains médicaments et de consultations ne sera pas reprise.
01:20:24Le sport est, comme la culture, un puissant facteur de cohésion, d'épanouissement et de fierté.
01:20:33Nous avons vécu une année olympique historique, avec devant nous le projet Alpes 2030,
01:20:40et nous savons que c'est à l'école que se joue l'avenir du sport.
01:20:44Dans le cadre des parcours de soins, par ailleurs pour les maladies chroniques,
01:20:49nous devons par exemple proposer une nouvelle offre dans les maisons sport-santé,
01:20:53100 000 bilans d'activité physique pour les personnes atteintes de telles maladies.
01:21:00C'était évidemment le cas autour de la politique du handicap, dont nous allons fêter le 20e anniversaire avec la loi de 2005.
01:21:07C'est l'objet de l'école pour tous, qui est en crise et qu'il faut améliorer,
01:21:14alors que cette politique de l'école inclusive a atteint une masse critique.
01:21:19Par ailleurs, le comité interministériel du handicap sera organisé dans les meilleurs délais,
01:21:24et je tiens à confirmer à l'Assemblée nationale le remboursement intégral des fauteuils roulants dès 2025.
01:21:31Applaudissements
01:21:41Dans le cadre de la grande politique démographique qui s'impose à nous,
01:21:48il nous faut avancer sur la question du grand âge,
01:21:52l'objectif de permettre aux personnes de bien vieillir et d'avoir le choix de leur domicile quand ils vieillissent
01:21:58suppose l'ouverture d'un dialogue avec le Parlement et les départements.
01:22:03Je réaffirme aussi la priorité qui est pour moi attachée à la protection de l'enfance,
01:22:08avec la création du haut commissariat à l'enfance qui s'inscrira dans la continuité de cette politique.
01:22:15J'ajoute que parmi les personnes qui souffrent de précarité, il y a les étudiants en situation de précarité,
01:22:22en particulier lorsqu'ils ont l'obligation de se loger dans des grandes villes où les loyers dépassent les moyens de leur famille.
01:22:30C'est pourquoi la carte universitaire et le réseau des universités sont non seulement une question académique,
01:22:38mais une grande question sociale.
01:22:41Nous lancerons parallèlement la construction de 15.000 logements par an pendant trois ans,
01:22:47en mobilisant le foncier disponible de l'Etat.
01:22:50Voilà le projet que nous appelons la promesse française.
01:23:02Nous n'avons pas le droit, au nom de nos passions politiques, d'hypothéquer la vie de nos concitoyens.
01:23:09C'est des actes qu'ils attendent, et c'est sur nos actes qu'ils jugeront de nos paroles, de nos promesses et de nos indignations.
01:23:17C'est sur nos actes qu'ils nous jugeront tout simplement.
01:23:21Le but de cette déclaration de politique générale est de permettre à ces concitoyens de passer de la plus extrême inquiétude
01:23:29à la conviction que, même si nous ne sommes pas certains de les résoudre tous,
01:23:35nous traiterons tous les problèmes qui se posent avec toutes nos forces et tous nos moyens.
01:23:41Nous n'allons pas d'un seul coup passer de l'ombre à la lumière.
01:23:44Nous n'allons pas vivre le grand soir.
01:23:47Mais si nous parvenons à nous faire entendre de vous, élus de la nation,
01:23:51alors nous pourrons passer du découragement à un espoir ténu mais raisonnable.
01:23:57C'est ce projet que j'ai voulu présenter devant vous.
01:24:01Je connais tous les risques.
01:24:03Si nous nous trompons, nous nous corrigerons.
01:24:07Mais le risque, c'est la vie.
01:24:09Pierre Mendès France, et la référence n'est pas ici par hasard, a dit
01:24:15« Il n'y a pas de politique sans risque, il n'y a que des politiques sans chance ».
01:24:19C'est ces chances que nous voulons saisir.
01:24:21Avec foi dans le peuple français, avec foi dans ses représentants,
01:24:26je sais les ressources d'intelligence, de bravoure et de droiture de notre nation
01:24:32lorsqu'elle choisit de surmonter l'épreuve.
01:24:35J'ai la certitude que notre peuple, notre pays, avec son histoire,
01:24:39ont la capacité de se ressaisir.
01:24:41Je n'en veux que deux preuves, vérifiables.
01:24:44Nous sommes aujourd'hui le plus jeune des pays européens,
01:24:47en dépit du fléchissement de notre démographie,
01:24:50que nous aurons besoin de mesurer et de corriger.
01:24:55Et puis, si l'on regarde la croissance sur les 40 dernières années,
01:24:59sans exception, sur les 40 dernières années,
01:25:02la France a été devant l'Allemagne, en particulier au cours de ces 7 dernières années.
01:25:09Nous sommes un peuple de ressources,
01:25:11à la condition qu'il trouve l'unité qui si souvent lui manque.
01:25:15Il l'a fait bien des fois, j'allais dire chaque fois au cours de son histoire,
01:25:20et c'est à nous aujourd'hui que cette mission, cette charge et cette chance reviennent.
01:25:26Je vous remercie.
01:25:28Merci beaucoup Monsieur le Premier Ministre.