Un influenceur algérien qui avait été expulsé jeudi après-midi vers l'Algérie après une vidéo appelant à la violence, a finalement été renvoyé en France dans la soirée, l'Algérie l'ayant interdit de territoire, dans un contexte de tensions diplomatiques entre les deux pays.
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00:00Avec nous Mathias Tesson du service police-justice de BFMTV, bonjour Mathias, et Patrick Sauss est également avec nous, au lendemain de cette histoire quand même assez rocambolesque.
00:10Cet influenceur algérien qui avait été donc expulsé hier de la France vers l'Algérie après avoir été arrêté pour des vidéos postées sur TikTok et qui est donc revenu en France hier après-midi,
00:23à les retours, Paris-Alger-Alger-Paris, il a été placé dans la soirée en centre de rétention administrative au Ménilame-Los en Seine-et-Marne où vous vous trouvez Laura Cambeau.
00:33Vous voulez bien nous raconter quand même la journée de cet influenceur algérien ?
00:37Oui tout à fait, il a atterri hier soir vers 22h à Roissy avant d'arriver à 23h très exactement ici où nous nous trouvons devant ce CRA du Ménilame-Los,
00:53où il pourra rester pour une durée maximale de 90 jours. Cet influenceur a été renvoyé vers la France car il avait été refusé par les autorités locales.
01:03Alger l'avait interdit de territoire tout simplement selon le ministère de l'Intérieur français. On vous le rappelle, il s'agit d'un homme âgé de 59 ans,
01:13il est agent de propreté, agent d'entretien dans une salle de sport mais il est surtout influenceur sur le réseau social TikTok où il comptabilise près de 140 000 abonnés.
01:24C'est sur ce réseau social qu'il a publié une vidéo qui appelait à donner une sévère correction à un homme qui résiderait en Algérie.
01:32C'est à la suite de cette vidéo, c'est cet appel qui a justifié qu'on lui retire son titre de séjour et qu'on tente donc de l'expulser.
01:41Il a d'abord été arrêté dans le Gard avant cet aller-retour vers Alger, cette expulsion ratée.
01:49Il sera jugé le 24 février pour provocation à commettre un crime ou un délit mais en attendant on peut vous le dire qu'il ne pourra rester que 90 jours dans ce CRA du Ménil-Amelot.
02:00On vous le rappelle, il y a deux autres influenceurs algériens qui ont été arrêtés ces derniers jours, un à Brest et l'autre à Grenoble.
02:07La CRA, centre de rétention administrative.
02:09Mathias Tesson, je crois qu'il faut reprendre les choses dans l'ordre et nous rappeler d'abord de qui on parle.
02:14Qui est cet homme, qu'est-ce qu'on lui reproche et pourquoi au fond il a été expulsé ?
02:19C'est un homme de 56 ans qui vivait jusqu'à présent du côté de Montpellier, qui est considéré comme un influenceur.
02:27C'est-à-dire que c'est un homme qui est sur le réseau social TikTok et qui compte plus de 168 000 abonnés.
02:34C'est un homme qui fait comme ça des vidéos et dans une de ces vidéos effectivement il a appelé à donner une sévère correction
02:42et a frappé un autre homme qui résidait lui aussi en Algérie.
02:46C'est important de rappeler qu'il ne s'agit pas d'appel à la violence contre des ressortissants français
02:51mais contre d'autres hommes qui se situent en Algérie.
02:54C'est bien évidemment tout aussi grave.
02:56Suite à cela, le préfet du département ainsi que le maire de Montpellier ont fait ce qu'on appelle un article 40,
03:03un signalement au parquet.
03:05C'est ce qui a conduit à l'expulsion de cet homme ou du moins à la tentative d'expulsion.
03:10C'est-à-dire que le ministère d'Intérieur lui retire son titre de séjour alors qu'il devait être jugé le 24 février et décide de le renvoyer.
03:16Parce qu'en fait il est important de rappeler qu'il n'est pas nécessaire d'être condamné par la justice pour faire l'objet d'une mesure d'expulsion.
03:23En l'espèce, il s'agit d'une mesure pas judiciaire mais administrative.
03:26A partir de ce moment-là, est-ce que la France a l'obligation d'informer l'Algérie et est-ce que l'Algérie a l'obligation d'accueillir ce ressortissant ?
03:34Il y a évidemment des échanges entre les deux pays à ce moment-là.
03:39A ce stade, on ne connaît pas la nature des échanges qui ont eu lieu hier entre la France et l'Algérie ou dans les jours précédents.
03:46On sait simplement que manifestement l'Algérie a argué du fait que l'homme serait interdit de territoire en Algérie sauf que cet homme est de nationalité algérienne.
03:56Et donc, in fine, on aurait affaire à une forme d'apathride, ce qui évidemment va complexifier clairement la situation administrative de cet homme en France.
04:04Et il a un passeport algérien, c'est ce que disait il y a quelques instants la porte-parole du gouvernement, écoutez-la.
04:10Cette expulsion ratée ou en tout cas de ce retour de cet influenceur en France, j'ai peu d'informations ce matin.
04:17Je sais qu'il n'y a aucune raison pour laquelle ce ressortissant a été refusé.
04:23Il n'y a aucune raison, il avait un passeport algérien, donc il n'y a aucune raison juridique pour que ce ressortissant ne soit pas accepté en Algérie.
04:32Et est-ce que le gouvernement va protester auprès des autorités algériennes ?
04:35Bien sûr, je pense que le ministre de l'Intérieur va faire le nécessaire, ce ressortissant doit être récupéré par l'Algérie.
04:42On fait un peu la naïve la porte-parole du gouvernement parce qu'au fond, la vraie raison, c'est qu'il y a un contentieux majeur, profond depuis des mois et des mois entre la France et l'Algérie.
04:51Oui, déjà, quel numéro composer pour justement échanger là-dessus ?
04:56Il n'y a plus d'ambassadeur parce qu'Alger a décidé de retirer, ce n'est pas des consultations, c'est vraiment un retrait de son ambassadeur depuis le mois de juillet dernier.
05:04Et dans l'autre sens, vous avez l'ambassadeur de France à Alger qui se retrouve quasiment privé de tous ses moyens pour notamment sonder la société.
05:12On va revenir là aussi assez rapidement sur la dernière crise, c'est la dernière impasse du et en même temps macronien mais géré français sur les dossiers entre le Maroc et l'Algérie.
05:22On a essayé, nous français, d'avoir cette position d'équilibre avec nos deux anciennes colonies, avec à chaque fois, dès qu'on mettait une pièce dans la Tiers-Élysée marocaine,
05:33il y avait une levée de boucliers algérienne et la même chose lorsqu'on se rapprochait d'Alger.
05:37Emmanuel Macron, il a essayé à multiples reprises de se rapprocher d'abord de l'Algérie avec notamment l'histoire, on a fêté, célébré les 60 ans de la fin de la guerre d'Algérie en 2022.
05:47C'était l'occasion notamment d'un travail mémoriel, sauf que là aussi, en face, pas de coup de fil, pas de main tendue vers la France.
05:55Et à un moment, eh bien, il y a eu ce saut fait par la diplomatie française et surtout par Emmanuel Macron disant, ben voilà, le Sahara occidental, il n'y a qu'une seule issue, c'est l'issue marocaine.
06:06Et c'est là qu'on se retrouve dans la passe parce que c'est un dossier ultra sensible pour les Algériens qui sont, et je termine, pour le front polisario, c'est-à-dire les indépendantistes de Sahara occidental.
06:16Mais alors juridiquement, Mathias Tesson, qu'est-ce qui va devenir cet homme ? Parce que son avocat dit, le gouvernement français a précipité son expulsion pour éviter qu'elle puisse être examinée pour injuste.
06:26L'avocat dénonce aussi des moyens exceptionnels mis en oeuvre pour baïonner son client, je le cite, qui devait être jugé le 24 février à Montpellier. La suite de la procédure, c'est quoi ?
06:35Alors, ce qu'on nous dit, c'est qu'à ce stade, l'arrêté d'expulsion qui concerne cet homme est toujours en vigueur, est toujours actif.
06:41C'est un arrêté d'expulsion, ce n'est pas une OQTF ?
06:43Ce n'est pas une OQTF, c'est effectivement un arrêté d'expulsion pris directement par le ministère.
06:46Qu'est-ce que ça change d'ailleurs, pardon Mathias ?
06:48De l'intérieur, finalement, pas grand-chose, sinon l'effectivité et la rapidité de l'exécution de cette mesure.
06:55Donc cet arrêté d'expulsion est toujours en courant à ce stade, c'est pour ça qu'à sa descente de l'avion à Paris, hier soir, il a de nouveau été placé en centre de rétention administratif.
07:04Il y a une forme de flou, et Bruno Rotailleau en déplacement aujourd'hui à Nantes va probablement s'exprimer là-dessus,
07:09parce que si l'Algérie le refuse, peut-on de nouveau l'expulser ?
07:13Est-ce qu'avec les mêmes causes, on obtiendra les mêmes résultats ?
07:17Ou est-ce que cette fois-ci, les autorités vont décider d'attendre ce jugement qui doit avoir lieu fin février ?
07:25Voilà, à ce stade, la situation est encore assez imprécise.
07:27Bon, pour le gouvernement, c'est une forme d'échec pour le ministre de l'Intérieur ?
07:32Oui, parce que ça montre que les postures depuis Paris, les coups de menton sur « il faut exécuter toutes les OQTF »
07:37et tout ce qu'on a entendu et tout ce qu'on entend depuis maintenant des années, c'est plus compliqué en vrai, en pratique.
07:42Bruno Rotailleau et Gérald Darmanin d'ailleurs.
07:44La France ne peut pas décider de façon unilatérale d'exécuter l'occupation de…
07:47Oui, parce que d'un point de vue technique, il y avait un laissé-passer consulaire.
07:50En principe, on ne renvoie pas vers son pays un étranger sans ce fameux laissé-passer consulaire.
07:55On en avait beaucoup parlé avec les autorités marocaines.
07:58Oui, c'est le principe, effectivement. On en discutait juste avant avec Patrick.
08:02Sauf qu'on ne sait pas si, dans les échanges qui ont eu lieu entre la France et l'Algérie hier,
08:06il y avait bien l'assurance pour le gouvernement français d'obtenir un laissé-passer consulaire.
08:10J'ajoute que dans les différends avec l'Algérie, il y a aussi ce qu'a dit le Président de la République lundi,
08:14devant la conférence des ambassadeurs, où il a prononcé une parole très forte à propos de l'emprisonnement
08:18que savait de l'écrivain Boalem Sonsane en Algérie.
08:20Bien sûr.
08:21Et Emmanuel Macron a dit que l'Algérie entrait dans une histoire qui la déshonore.
08:26Et ce mot de déshonorer, cette absence d'honneur, a beaucoup froissé Alger.