• l’année dernière
Cette semaine, il sera question d’amour dans « Au bonheur des livres » !Claire Chazal accueille en effet deux écrivains qui ont en commun d’avoir publié de beaux romans d’amour, assez singuliers, en cet automne : Jean-Pierre Montal et Bernard Comment.Le premier vient d’être couronné du Prix des Deux-Magots pour « La Face Nord » (Ed. Séguier), récit d’une rencontre entre un homme aux abords de la cinquantaine et une femme de plus de vingt ans son aînée, qui se reconnaissent dans l’adoration d’un classique de Leo McCarey, « Elle et lui »… Ce titre de film vaut bien sûr aussi pour l’histoire de leur relation, qui s’ouvre progressivement sur tout un passé, à la fois intime et historique, évoqué avec une grande délicatesse et une merveilleuse ironie mélancolique.Les complications de l’amour et de l’âge se retrouvent également dans le beau roman de Bernard Comment, « La Ferme du Paradis » (Ed. Albin Michel), où le héros s’éprend quant à lui d’une femme plus jeune : c’est le point de départ d’une fugue romanesque assez radicale, qui est aussi une réflexion subtile et poignante sur les frontières et les valeurs de notre monde contemporain.Il se trouve que les deux invités, en plus d’être d’excellents romanciers, sont aussi de fins éditeurs : Claire Chazal pourra ainsi s’entretenir avec eux du regard que permet aujourd’hui la littérature sur la société, et tout simplement du « bonheur des livres » qu’ils aiment partager. Année de Production :

Category

📺
TV
Transcription
00:00Retrouvez « Au bonheur des livres » avec le Centre national du livre.
00:04– Sous-titrage ST' 501
00:06– Sous-titrage ST' 501
00:24– Bienvenue dans l'émission littéraire de Public Sénat.
00:26Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro d'« Au bonheur des livres ».
00:30Vous le savez, chaque semaine, nous essayons de donner envie aux téléspectateurs,
00:34à vous donc, de lire des livres, mais aussi de découvrir ou de mieux connaître leurs auteurs.
00:40Alors, nos deux invités aujourd'hui sont deux romanciers, mais aussi deux éditeurs.
00:44Nous allons en parler.
00:45Dans les livres, on va le voir, font la part belle aux histoires d'amour,
00:49aux changements de cap dans la vie, parfois brutaux, parfois rapides,
00:53au pari aussi que certains êtres humains peuvent faire après une rencontre,
00:57évidemment, inédite.
01:00Bernard Coman, vous êtes un écrivain suisse, si on peut dire, oui, suisse,
01:05et vous publiez « La ferme du paradis » chez Alban Michel.
01:08Et puis vous, Jean-Pierre Montal, vous nous proposez « La face nord » chez Séguier.
01:13Bernard Coman, je précise que vous avez écrit une quinzaine de livres.
01:17Vous avez reçu d'ailleurs le Prix Goncourt de la Nouvelle,
01:19ça c'était en 2011 pour Tout Passe, et cette fois donc avec « La ferme du paradis ».
01:24Alors, nous voyageons dans le temps et dans l'espace.
01:26Nous sommes en 2030, nous sommes entre le Sud, la Suisse, la Riviera.
01:32Le héros Robert va tout quitter pour suivre une inconnue.
01:36On va bien sûr en parler.
01:37Vous nous projetez dans un monde un peu plus sombre que le nôtre,
01:40en Corse, si c'est possible, où il y a des migrants,
01:42où il y a des passages de frontières.
01:44Mais il y a aussi une histoire de quête des origines
01:47et d'un départ sur les traces d'une lignée de femmes.
01:51Vous, Jean-Pierre Montal, voici donc « La face nord » chez Séguier,
01:56et pour lequel d'ailleurs vous venez de recevoir le prix des deux magots.
02:01Alors, les deux romans sont très jolis et les deux, j'allais dire,
02:07nous proposent des imbrications d'histoire, des histoires dans l'histoire.
02:10Et c'est votre cas aussi, Jean-Pierre Montal.
02:14Vous nous parlez d'amours intenses et vrais,
02:16mais qui ne vont pas avoir de lendemain.
02:18Peut-être d'occasion ratée, on va le savoir.
02:21En tout cas, c'est l'histoire de Pierre, qui a 48 ans,
02:24et de Florence, qui a 72 ans, qui vont se rencontrer à la sortie d'un film
02:28qu'ils vont voir de façon récurrente.
02:30Ils aiment bien ce film, elle et lui, de Les Macarés,
02:34qui est un grand film classique de 1957 avec Deborah Kerr et Gary Grant.
02:39Une comédie un peu triste.
02:40Pourquoi avoir choisi déjà, comme point de départ, ce film-là ?
02:44Parce que pour moi, c'est un film qui est une sorte de,
02:47j'allais dire, presque de matrice de ce que peut être une histoire d'amour.
02:50Je trouve que c'est une perfection dans la façon de le raconter,
02:53dans la façon de le rythmer aussi.
02:54Donc, ça m'intéressait de me dire, je prends appui sur quelque chose
02:58qui, pour moi, est une sorte de perfection.
02:59Alors, pourquoi c'est une sorte de perfection,
03:02en dehors de la maestria, de la réalisation et des acteurs ?
03:06C'est aussi parce que c'est un film qui est entre plein de registres.
03:08Vous pouvez dire, c'est un mélo, mais pas totalement.
03:12C'est une comédie, mais c'est romantique, mais c'est triste,
03:16mais un peu gay aussi, très souvent.
03:18C'est assez ironique dans les dialogues.
03:20Donc, j'aime beaucoup cette idée qu'on ne choisit jamais
03:22complètement un registre, qu'on essaye de louvoyer entre les...
03:25C'est ce qu'on retrouve d'ailleurs dans votre livre.
03:27Moi, je dirais que c'est tout de même une fin un peu triste,
03:29puisqu'on se sépare et que cette histoire d'amour supposée
03:32ne va peut-être pas se prolonger, en tout cas.
03:34Bon, et c'est le cas aussi dans votre livre.
03:37Il y a une forme de nostalgie.
03:38Est-ce que c'est le reflet de votre tempérament ?
03:40C'est quelque chose qu'on retrouve dans vos écrits.
03:42Il y a quelque chose comme ça.
03:43Je dirais plutôt parce que je ne suis pas nostalgique.
03:45Je ne pense pas qu'il y ait une époque qui était fabuleuse
03:47et il faudrait y retourner.
03:49Je pense qu'en gros, ça n'a jamais été.
03:52Je veux dire, même les gens qui ont connu la grande époque de Vienne,
03:56par exemple, je suis sûr qu'ils ne disaient pas
03:58« Ah, on vit dans une époque merveilleuse ».
04:00Donc, je ne suis pas nostalgique de ça.
04:02En revanche, il y a une forme de...
04:03Je pense que la vie, le quotidien, tous les jours,
04:06nous pousse de façon discrète ou moins discrète à la mélancolie.
04:10C'est-à-dire qu'il y a toujours un moment qui vous rappelle quelque chose.
04:12Si ça vous rappelle quelque chose, c'est que c'est terminé.
04:15Si c'est terminé, c'est que c'est un peu triste.
04:16On a le sentiment, et on va en reparler,
04:18bien sûr, peut-être Bernard, vous nous donnerez votre avis,
04:21que quand le temps passe, au fond,
04:23les choses ne sont plus tout à fait possibles comme avant.
04:25Les possibles se resserrent quand même avec l'âge.
04:29Alors, la question qui est posée, centrale d'ailleurs dans cette histoire d'amour,
04:32c'est au fond la différence d'âge entre les deux protagonistes
04:35et qui sont inversés, puisque c'est la femme qui a 72 ans, Florence,
04:39et lui, 48 ans, il se rencontre.
04:43Ça veut dire que vous considérez que c'est impossible,
04:48même si cette histoire, elle naît, il y a quelque chose qui frémit,
04:52mais c'est impossible à cause de ça ?
04:55Ce n'est pas impossible.
04:56Il se trouve que ça va poser pas mal de problèmes.
04:58Mais je tenais à cette différence d'âge.
05:00C'est-à-dire que ce n'est pas une différence d'âge
05:01où il y a une fascination pour la jeunesse, si vous voulez.
05:03Il n'y a pas quelqu'un qui a 22 ans et quelqu'un qui a 65 ans.
05:07C'est une différence d'âge où les deux ont vécu.
05:11Tous les deux ont eu des histoires, ont vécu, donc une expérience de la vie.
05:15Mais c'est ça qui fait que d'ailleurs, on se dit, comme ils sont matures,
05:18ils vont bien comprendre que ce n'est pas possible.
05:20Oui, ou alors comme ils sont matures, on pourrait se dire,
05:23ils vont trouver un moyen de rendre ça possible,
05:25parce qu'après tout, pourquoi pas, on peut toujours s'arranger.
05:28Mais de fait, la différence d'âge est un obstacle, est ressentie comme un obstacle.
05:32Ce qui est très beau, c'est qu'il y a un effet de miroir.
05:34C'est-à-dire qu'il y a cette histoire d'amour entre une dame, disons,
05:40entrée dans l'âge et un homme plus jeune.
05:43Et on sent, je dirais même socialement, que c'est plus un problème que le contraire.
05:48C'est vrai.
05:49Et l'effet de miroir, nous, nous fait découvrir justement la situation contraire,
05:54c'est-à-dire, et qui semble beaucoup plus naturelle,
05:56c'est-à-dire un homme plus âgé qui est un écrivain un peu sur le retour,
06:02comme ça, porteur d'une mémoire sensible,
06:04et qui va avoir une histoire d'amour avec cette femme qu'on découvre plus âgée,
06:11mais avec laquelle on revient dans sa jeunesse.
06:14Oui, on revient dans sa jeunesse.
06:15Vous évoquez Vienne, mais cette Vienne a un retentissement extraordinaire
06:20par rapport à ce qu'on vit aujourd'hui.
06:22Il y a un moment où vous dites, le personnage dit,
06:25nous étions les représentants de valeurs que nous pensions absolues,
06:30la culture, les arts, etc.
06:32Et tout à coup, tout cela, dans leur déportation, entre guillemets,
06:36sur l'île de Mans, n'a plus de valeur.
06:39La dévaluation de choses qui nous paraissent inébranlables et fondamentales,
06:43je trouve ça absolument magnifique et ça tient en une page.
06:47Oui, pour moi, c'était important de montrer effectivement l'imbrication du temps.
06:51Alors, justement, dans votre roman, il y a une imbrication de différentes époques.
06:55Et puis en plus, on va revenir aussi à la guerre, etc.
06:58Exactement. Et on part vers un futur.
07:00Moi, ça m'a beaucoup impressionné parce que je trouve que c'est très dur.
07:03Ne dévoilons pas trop, parce qu'il va falloir poser le décor de Bernard Comand.
07:07Mais là, effectivement, on revient, parce qu'il y a une histoire dans l'histoire,
07:10et on revient, pour votre héroïne, à une histoire ancienne
07:14où elle avait fait un voyage à Vienne avec son compagnon de l'époque en 1974.
07:18Et là aussi, il y avait une histoire d'amour naissante
07:21avec une grande différence d'âge. Tout part de là, au fond.
07:23Voilà, tout part de là, c'est-à-dire qu'en gros,
07:26on va comprendre que ce que nous lisons comme histoire en 2023...
07:30Elle a ses origines.
07:31Elle a ses origines en 1974, et même encore plus loin,
07:34quand l'homme, dans 1974, se confiera.
07:37C'est pour ça que je pense que les deux romans le montrent.
07:41On peut difficilement parler d'amour sans parler de temps.
07:45Je trouve qu'il y a effectivement une sorte, si vous voulez, d'onde de choc,
07:49c'est-à-dire qu'il y a la rencontre, et ensuite, cette rencontre,
07:52elle provoque une onde de choc vers le futur, ce qui peut se passer,
07:55mais effectivement, vers le passé des gens.
07:57Vous ne réagissez pas, tout le monde ne réagissait pas de la même façon
08:00à une histoire d'amour ou à une rencontre.
08:01Mais en l'occurrence, en 1974, quand il y a aussi cette rencontre,
08:05déséquilibrée en termes d'âge, bien sûr,
08:07où là, c'est l'homme qui est beaucoup plus âgé,
08:11au fond, les choses se passent de la même façon.
08:13Il y a comme un frein, comme une impossibilité.
08:16Oui, oui.
08:17Entre ces deux êtres, elle très jeune et lui...
08:20Et lui, voilà, qui est nettement plus âgé.
08:23En gros, oui, ça, c'est un peu un trait de mes romans,
08:25je dirais que ça va jamais.
08:26C'est ça, on avait bien compris qu'il y a quelque chose chez vous.
08:31Les romans où tout va bien en même temps, bon, c'est pas très...
08:34Mais au fond, les personnages sont un peu victimes de la pression sociale
08:37qu'il y a sur cette question de l'âge,
08:38parce qu'eux, ils sont dans un élan amoureux
08:40où ça ne devrait pas être un obstacle,
08:43ils sont portés par autre chose,
08:45mais il y a cette configuration mentale de la société
08:49qui fait que cet écartage est plus difficile à vivre.
08:53Mais même, oui, au-delà, on la sent un peu, la pression sociale,
08:56mais pas tant que ça, parce qu'on ne sait pas très bien
08:58où ils sont, dans quel milieu complètement,
08:59enfin, vous ne décrivez pas absolument dans quel milieu ils vivent,
09:02mais on sent plutôt que, j'allais dire, éthiquement, philosophiquement,
09:07il y a comme une impossibilité ou quelque chose
09:10qui ne pourra de toute façon pas aller à son terme.
09:11Et c'est très beau, ça n'empêche pas l'intensité des sentiments.
09:14Exactement, voilà, ça n'empêche pas l'intensité,
09:17ça n'empêche pas que ce qui est en train de se passer
09:19est très important pour eux,
09:21peut-être d'ailleurs très important
09:23parce qu'inachevé, au fond, il n'y aura pas jusqu'où.
09:25Peut-être que ça marque encore plus quand...
09:27Bien sûr.
09:28Peut-être qu'une esquisse est toujours plus marquante
09:30qu'un grand chef-d'oeuvre achevé, c'est possible.
09:32Mais je pense qu'effectivement, chez eux, il y a l'idée,
09:37à chaque fois, un personnage se dit, ça ne peut pas durer
09:40et c'est moi qui vais y mettre...
09:41Il vaut mieux arrêter pour qu'on ne soit pas déçu.
09:44Alors, on disait, vous l'avez reconnu,
09:46c'est peut-être votre tempérament, l'ironie sentimentale,
09:50vous l'avez dit, la nostalgie à la Sagan,
09:52il y a bien d'ailleurs un livre chez vous qui s'appelle
09:54L'Orchamade, dont vous n'êtes pas très loin.
09:57Ce sont un peu vos modèles de romancier ou de...
10:00Oui, oui, enfin moi...
10:02C'est votre univers romanesque.
10:03Oui, si je devais avoir trois figures tutélaires,
10:09je dirais Stendhal, Tchékov,
10:11et c'est pour ça que je suis très content d'être assis
10:13à côté de Bernard Cormand, et Louride,
10:15qui a été pour moi quelqu'un qui décrivait,
10:19qui est un écrivain, pour moi, tout à fait,
10:22et beaucoup plus sensible, et beaucoup moins...
10:24On se tient souvent aux chansons de Louride
10:26sur l'ironie, la violence, la noirceur.
10:29Il y a ça, mais c'est aussi quelqu'un qui avait
10:31un côté très presque romantique, fleur bleue,
10:34sa fascination pour le doo-wop, des choses comme ça.
10:37Voilà, je dirais que j'ossie entre trois points.
10:41C'est ça, c'est de belles références, évidemment.
10:44Ça s'appelle La Fasneur, votre livre,
10:46on sent bien qu'évidemment ils ne vont pas
10:48faciliter vos héros dans leur histoire d'amour.
10:51C'est un des amis de Pierre qui lui dit à un moment,
10:53là, tu prends l'amour par La Fasneur.
10:55Oui, voilà.
10:56Évidemment, quand la différence d'âge est si grande, on a...
11:00C'est déjà assez difficile, je veux dire,
11:01quand tout se passe bien, c'est déjà assez difficile.
11:03On ne le sent pas très optimiste, Jean-Pierre Montal.
11:07Non, mais j'ai l'impression que tout le monde
11:09dans l'intimité peut avoir ressenti que même
11:12quand les astres s'alignent, d'une, ils s'alignent
11:14pour pas très longtemps, généralement, et de deux,
11:17même quand ils s'alignent, il y aura des obstacles.
11:20Bon, dans un roman, les obstacles, c'est toujours bienvenu,
11:22c'est toujours du pain béni.
11:24Évidemment, on a fait quelques rebondissements.
11:26En tout cas, c'est un très joli livre qui nous emmène
11:27dans d'autres époques et qui nous fait réfléchir,
11:29bien sûr, sur le temps qui passe, naturellement,
11:32et ce que l'on peut encore faire, espérer,
11:34quand la maturité arrive.
11:36Alors vous, Bernard, comment ?
11:37Ça s'appelle La Ferme du Paradis, c'est quoi,
11:39votre 15e roman, à peu près, on peut le dire ?
11:41Et je disais que vous êtes aussi éditeur,
11:44vous avez coécrit des scénarios,
11:45vous avez passé un an à la Ville à Médicis,
11:47vous avez d'ailleurs traduit Antonio Tabucchi,
11:50donc vous connaissez bien l'Italie,
11:52et donc obtenu le Gonco de la Nouvelle,
11:55c'était pour Tout Passe en 2011.
11:57Alors, précisons d'abord que votre livre,
12:00La Ferme du Paradis, lui aussi, comme pour Jean-Pierre Montal,
12:04nous emmène dans des époques différentes,
12:07mais déjà nous place dans une espèce d'Uchronie,
12:11ou je ne sais pas ce qu'on peut dire, en 2030,
12:14mais alors là, dans un univers, dans une société,
12:17la nôtre, sans doute, qui n'est pas très rigolote,
12:20qui est même sombre, avec des migrants, des frontières,
12:24c'est comme ça que vous voyez notre futur ?
12:26Disons que c'est un livre qui anticipe un peu
12:31sur le traitement qui est aujourd'hui réservé à l'étranger.
12:35J'ai moi, personnellement, la conviction
12:38que quand on commence à faire de l'étranger
12:42un problème, un problème majeur...
12:43Ça vous choque, ça vous...
12:45Je pense qu'une société est en danger
12:47quand elle rentre dans cette logique-là.
12:51Donc, c'est un peu ce climat, je dirais, de l'époque
12:54que j'ai voulu un petit peu renforcer
12:57pour en voir les conséquences,
12:59et notamment les conséquences d'accueil, de non-accueil,
13:03ou d'exercice de réprobation de ces présences étrangères.
13:08Et puis, évidemment, là où ça se traduit le plus concrètement,
13:11c'est-à-dire la frontière.
13:13Et j'ai pris, à ce moment-là, une frontière que je connais bien,
13:17la frontière entre la France et la Suisse,
13:21puisque je suis né, moi, vraiment tout près de la frontière,
13:24à une dizaine de kilomètres.
13:26Et c'est vrai que c'était une frontière
13:28qui n'avait pas de marquage naturel,
13:30il n'y avait ni rivières, ni montagnes, etc.
13:34Mais la ligne de la frontière,
13:36elle avait aussi un souvenir de tragédie,
13:39parce que c'est là aussi où beaucoup de fugitifs,
13:44juifs notamment, ont pris le risque.
13:48Et aujourd'hui, les migrants prennent le risque aussi.
13:50Voilà.
13:51Cette notion de prendre son risque,
13:55de devoir prendre son risque,
13:56parce qu'on est poursuivi, pourchassé,
13:59eh bien, je crois qu'il faut en avoir mémoire,
14:02c'est très important.
14:03Alors, dans ce livre, il y a aussi, bien sûr,
14:06j'allais dire, un peu comme pour Jean-Pierre Montal,
14:08une histoire d'amour, enfin, un renversement amoureux,
14:11ou disons une occasion pour deux personnes de se rencontrer.
14:15Pour Robert, qui est un jeune veuf,
14:18ça va être l'occasion de…
14:20d'ailleurs, vous allez nous dire pourquoi,
14:22mais on ne le sait peut-être pas tout à fait,
14:24de tout quitter pour une inconnue,
14:26comme ça, qui l'aperçoit dans la rue.
14:30Est-ce que…
14:31Donc, il va laisser son fils, enfin, qui est assez grand,
14:35et part même son téléphone, et il part.
14:38Alors, on ne sait pas exactement ce qu'il quitte.
14:40Est-ce qu'il fuit quelque chose ?
14:42Là, il y a un mystère autour de ce personnage, Marc Oman.
14:45On est d'accord, vous ne nous expliquez pas psychologiquement
14:48pourquoi il est en état de fuite, d'une certaine façon.
14:52Non, effectivement, il y a un effet d'arrachement, simplement.
14:55C'est-à-dire que c'est quand même quelqu'un
14:56qui vit confortablement,
14:58et il travaille dans l'immobilier.
15:01L'immobilier, par définition, c'est ce qui ne se déplace pas.
15:03Et une rencontre de désir,
15:08qui va très vite se transformer en séduction amoureuse,
15:12fait qu'il s'arrache, comme on dit aujourd'hui,
15:15à sa situation, il s'arrache,
15:18et il va suivre une femme un peu plus jeune que lui,
15:22mais au fond très différente de lui,
15:24dans la mesure où elle, elle fait les saisons.
15:27C'est-à-dire qu'elle est maître nageuse,
15:30et au contraire de quelqu'un qui est immobilisé
15:33par ses biens, elle, elle est errante,
15:38et elle va faire les saisons sur le littoral maritime
15:43du sud de la France ou, plus tard,
15:46dans des stations de montagne en Suisse.
15:49Il y a autant de différences, d'ailleurs,
15:51entre ce couple à l'intérieur que dans l'intérieur du vôtre.
15:54Oui, oui.
15:55Il y a d'étrangetés pour chacun.
15:56D'ailleurs, ce qui est très prenant dans le livre,
15:58je trouve, c'est la brutalité, entre guillemets, de la rencontre.
16:02C'est-à-dire que vous décrivez plutôt l'onde de choc de cette rencontre
16:06plutôt que d'essayer de nous expliquer ce qui se passe au moment de la rencontre.
16:09C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'à un moment, on va les suivre
16:12et que vous allez nous dire, voilà, maintenant, ils vont devoir faire avec.
16:15Et ça, c'est vraiment très prenant.
16:17C'est vrai que le choc amoureux,
16:20il a toujours une espèce d'évidence.
16:23Oui, on ne peut pas l'expliquer, c'est ça.
16:25Il est là, tout d'un coup, et il emporte tout.
16:28Et effectivement, le personnage va complètement se transformer.
16:31C'est un personnage très...
16:34C'est un peu un conformiste, selon le personnage de Moravia.
16:39Ce conformiste va petit à petit s'ouvrir à d'autres, en réalité.
16:44Il va rencontrer des jeunes gens, il rencontre cette femme.
16:47Il va tout vendre, il va même changer d'identité.
16:50Il se promène avec de l'argent liquide.
16:53Il s'abstrait, il devient une abstraction.
16:56Mais il va finir par jouer un rôle,
16:59peut-être pas héroïque, mais un rôle quand même actif.
17:02De passeur, d'une certaine façon, oui.
17:04Évidemment, en ayant peur, justement...
17:07Parce qu'il y a passeur et passeur.
17:09Il y a le passeur qui le fait prendre de l'argent,
17:11et il y a le passeur qui le fait par humanité.
17:13Lui, il est un passeur d'humanité.
17:15Et vous avez, par exemple, eu un exemple en tête pour ce personnage.
17:18Il y a bien quelqu'un que vous avez croisé un jour dans votre vie,
17:21qui lui ressemblait.
17:22Comment l'avez-vous inventé ?
17:24Non, mais moi, je suis sensible à la réalité contemporaine
17:28qui fait qu'à un moment donné, des lois se sont mises en place
17:32pour pourchasser les passeurs.
17:35Alors, parfois pour de bonnes raisons,
17:37justement, ceux qui font de l'argent avec ça,
17:39mais parfois pour d'exécrables raisons,
17:42c'est-à-dire des citoyens simplement sensibles,
17:45généreux, et qui aident des gens en détresse.
17:48Et voilà, il est dans cette zone un peu contradictoire,
17:53où il n'arrête pas d'essayer de préciser
17:56la nature de son geste.
17:59En plus de ça, évidemment, il court un risque,
18:02parce que dans cet effort de transformation,
18:05il supprime ses cartes de crédit, tout ce qu'il laisse des traces,
18:09et donc il a beaucoup de liquide sur lui.
18:11Ce qui fait que s'il se faisait attraper
18:13avec les gens qu'il fait passer,
18:15on pourrait immédiatement croire
18:17qu'il les fait passer pour de l'argent,
18:19alors que cet argent vient, au contraire,
18:21d'une carte immobilière qu'il fait.
18:23Jean-Pierre, vous vouliez dire quelque chose ?
18:25Oui, ce qui m'a marqué aussi,
18:27c'est que vous parliez du conformiste,
18:29de l'aspect conformiste.
18:31Moi aussi, mon personnage est assez...
18:33On sait pas très bien ce qu'il fait,
18:35il a un travail très régulier,
18:37et il y a presque une filiation un peu flaubertienne,
18:42c'est-à-dire qu'on prend des héros,
18:44des protagonistes, qui ne sont pas des héros, au fond,
18:47et il va leur arriver quelque chose plus grand qu'eux.
18:50Votre personnage, il est très structuré
18:52par ses habitudes.
18:54Et le vôtre aussi.
18:56Et ils arrivent à saisir une chance.
18:58Ils saisissent une chance
19:00qui les extrait, effectivement, de cette vie.
19:02C'est l'ébranlement,
19:04c'est l'ébranlement de l'amour.
19:06Et pour vos deux livres,
19:08il y a donc un retour en arrière,
19:10nous sommes en 1974,
19:12mais ça fait allusion à d'autres choses,
19:14plus anciennes, et on est toujours
19:16dans cet univers de la guerre,
19:18d'une famille, elle va partir sur les traces
19:20de ses ancêtres, et d'une lignée
19:22d'arrière-grand-mère déportée,
19:24dont on apprend qu'elle a été déportée,
19:26Barbara, qui a eu une fille,
19:28et là, on voit toute une lignée
19:30de femmes seules, c'est ça que vous avez
19:32voulu décrire, Bernard, comment ?
19:34Eh bien, je pense que
19:36effectivement, c'est ça
19:38que je voulais décrire,
19:40c'est aussi
19:42la situation
19:44la première de ces femmes,
19:46c'est en temps de guerre,
19:48et la situation des femmes en temps de guerre.
19:50J'ai été, je pense, très influencé par
19:52le récit que ma mère m'a fait,
19:54qui était donc
19:56une
19:58jeune fille de Montbéliard,
20:00dans l'Est, près de la Suisse,
20:02qui a fui Montbéliard en 1940
20:04sous les bombes,
20:06et qui s'est réfugiée en Suisse, où elle a rencontré
20:08mon père, où elle est restée toute sa vie.
20:10Et donc, elle m'a raconté souvent
20:12cette...
20:14cette fuite,
20:16et puis la peur,
20:18la peur de traverser la frontière.
20:20Toute sa vie, elle a eu peur de traverser une frontière.
20:22Parce que c'est des choses
20:24qui vous marquent. Alors, bon,
20:26moi, j'ai inventé, j'ai mis de la fiction,
20:28j'ai rendu la chose plus tragique,
20:30mais au fond, on vient toujours des...
20:32on ressort toujours
20:34les récits de l'enfance.
20:36C'est la même chose pour vous, Jean-Pierre Montal,
20:38parce qu'il y a des allusions à ce qui s'est passé aussi dans ces périodes noires.
20:40Oui, oui, tout à fait.
20:42Oui, pour moi, c'est très important.
20:44Et puis, il y a l'idée que, si vous voulez,
20:46quand on rencontre quelqu'un, il y a un choc,
20:48il y a quelque chose, une évidence, comme on le disait.
20:50Mais il y a aussi le...
20:52il y a aussi le mystère, parce qu'on connaît jamais les gens.
20:54On sait jamais. C'est comme la fin du temps
20:56retrouvé de Proust. Vous savez, quand les gens
20:58avancent et on voit, ils sont
21:00sur des... ils sont comme des géants,
21:02parce qu'on voit le temps sous eux, quoi, vraiment.
21:04Là, on le voit jamais,
21:06ce temps. Donc, le roman permet
21:08d'imaginer, derrière la rencontre, d'imaginer
21:10tout ce qui sous-tend une histoire.
21:12Et on peut remonter indéfiniment.
21:14C'est bien sûr ce qui nourrit un livre.
21:16Une petite parenthèse,
21:18La Ferme du Paradis, c'est le titre du livre.
21:20C'est le nom d'une ferme qui se trouve là,
21:22à la frontière, et qui va faire passer,
21:24qui va accueillir ces migrants et les...
21:26C'est une ferme qui existe.
21:28Elle a beaucoup marqué mon enfance,
21:30parce que quand vous faites un tour en vélo
21:32et que vous tombez sur un panneau
21:34où il y a marqué Le Paradis,
21:36c'est assez étonnant, mais
21:38c'est un lieu de tragique fort,
21:40puisqu'il y avait, effectivement,
21:42une route,
21:44il y avait La Ferme du Paradis, une route,
21:46et de l'autre côté, alors, La Ferme du Paradis,
21:48Ferme du Purgatoire, juste à côté,
21:50la route qui marquait
21:52la frontière, et puis, de l'autre côté,
21:54un coteau boisé qui s'appelle
21:56le Coteau des Juifs.
21:58Donc, vous avez... Quand vous allez là,
22:00c'est un endroit très calme,
22:02d'une beauté modeste,
22:04mais très serein,
22:07très serein, comme ça, mais vous entendez
22:09autre chose. Il y a une mémoire
22:11des lieux, et vous savez
22:13que là où vous êtes
22:15dans ce cadre paisible,
22:17il s'est passé quelque chose d'extraordinairement fort.
22:19– Vous êtes deux éditeurs, je crois
22:21qu'on peut le dire.
22:23Vous, Jean-Pierre Montal, vous avez cofondé
22:25les éditions Rue Fremantin,
22:27et aujourd'hui, vous travaillez pour les éditions
22:29Cherche Midi. – Exactement.
22:31– D'abord, qu'est-ce que vous trouvez,
22:33j'allais dire, dans le métier d'éditeur ?
22:35Il y a une satisfaction à découvrir des livres,
22:37et je vais vous poser bien sûr la même question, à vous, Bernard Comand.
22:39– Oui, il y a une satisfaction
22:41énorme et très particulière, je trouve,
22:43c'est-à-dire que, pour être
22:45éditeur, il faut lire beaucoup de livres,
22:47et quand vous tombez sur un livre très
22:49particulier, il y a une excitation
22:51très singulière.
22:53Vous savez, au bout d'un moment, que vous tenez quelque chose,
22:55et ça, je trouve que c'est
22:57irremplaçable.
22:59Voilà, vous lisez un livre, et vous vous dites,
23:01petit à petit, vous le sentez grandir
23:03en vous disant,
23:05ça, c'est vraiment quelque chose
23:07que je veux faire, qui doit être lu.
23:09Donc c'est assez…
23:11C'est une excitation très particulière.
23:13– Vous, Bernard Comand, vous avez aussi
23:15dirigé une collection
23:17au Seuil, vous avez édité
23:19pas mal de personnalités,
23:21et Jean-Pierre en parlait, et notamment
23:23aussi Marilyn Monroe.
23:25Là aussi, il y a des certitudes,
23:27quand on découvre un livre, on a cette évidence
23:29qu'il va falloir publier, ou un jeune auteur,
23:31ou un… – Il n'y a que l'évidence
23:33qui compte. Si vous n'avez pas
23:35ce sentiment d'évidence, il ne faut pas y aller.
23:37Moi, je dirais qu'il y a deux choses.
23:39Il y a
23:41un devoir d'accueil,
23:43pour de nouveaux auteurs, de nouvelles voix,
23:45et là,
23:47c'est porté par l'enthousiasme.
23:49S'il n'y a pas l'enthousiasme,
23:51il faut renoncer.
23:53Et puis, il y a un devoir de culture.
23:55Je sais que Jean-Pierre a publié,
23:57et j'ai eu l'envie de ça, d'ailleurs,
23:59la magnifique biographie
24:01en trois volumes de Kafka.
24:03Moi, je l'ai publiée
24:05en 2026, c'est loin,
24:07mais la très grosse biographie
24:09de Fernando Pessoa.
24:11Être un lecteur,
24:13c'est aussi avoir ces gestes
24:15où on se dit,
24:17il faut compléter,
24:19il faut participer
24:21au savoir, participer au plaisir,
24:23le plaisir de la lecture.
24:25Et donc,
24:27ça n'est pas un pouvoir
24:29d'éditer,
24:31ou alors un pouvoir dérisoire.
24:33C'est une amitié,
24:35et c'est Pierre Klosowski
24:37qui parlait
24:39des lois de l'hospitalité.
24:41Pour moi, c'est ça, l'édition.
24:43Et puis, quand même, c'est ce que disait Bernard,
24:45maintenir une culture, notre patrimoine,
24:47transmettre, c'est quand même précieux
24:49d'éditer Kafka, d'éditer Pessoa.
24:51Si on n'a pas cette vision,
24:53un peu, j'allais dire,
24:56à long terme, à la fois en arrière et en avant,
24:58c'est un peu bizarre
25:00d'éditer.
25:02Moi, je pense qu'on s'inscrit
25:04à partir du moment, même quand on écrit,
25:06on écrit toujours avec...
25:08Moi, ça m'est difficile de penser que quand j'écris,
25:10tiens, j'écris,
25:12il est en train de se passer quelque chose de formidable.
25:14J'écris avec plein de gens
25:16extraordinairement forts derrière moi,
25:18et donc on s'inscrit dans quelque chose.
25:20Et l'édition, c'est un peu pareil.
25:22Pour le Kafka, par exemple,
25:24ou pour un personnage comme Pessoa,
25:26on sait très bien qu'à un moment,
25:28il faut apporter un nouvel éclairage,
25:30il faut faire connaître
25:32ses œuvres.
25:34Il y a quelque chose de l'ordre du patrimoine
25:36et de la projection qui est très important.
25:38Et c'est très gratifiant,
25:40parce que cette biographie de Kafka,
25:42qui est absolument extraordinaire en trois volumes,
25:44non seulement elle est passionnante en tant que telle,
25:46et je conseille vraiment à tout le monde de la lire,
25:48mais en plus de ça, elle suscite une furieuse
25:50envie de relire plein de textes
25:52de Kafka, et ça, c'est formidable.
25:54– Surtout qu'ils n'ont pas été publiés de son vivant,
25:56qu'il y ait toute cette histoire.
25:58D'ailleurs, quels sont, à vous,
26:00vos aspirateurs en tant que romancier ?
26:02– Aspirateurs, je dirais,
26:04c'est plus compliqué,
26:06mais je dirais qu'il y a à la fois
26:08Château-Brillant,
26:10Les Mémoires d'Outre-Tombe, pour moi,
26:12ça a été quand même une lecture absolument saisissante,
26:14Proust, bien sûr, Hemingway pour les dialogues,
26:16et puis Kerouac.
26:18J'ai été très marqué
26:20par Kerouac,
26:22dont je continue de penser
26:24qu'il n'est pas
26:26évalué à sa juste place,
26:28il est un peu écrasé par le mythe
26:30de la beat generation, mais c'est un
26:32extraordinaire écrivain. – Il en fait partie,
26:34et pour nous, il est très important.
26:36Parmi notre coup de cœur,
26:38puisque notre émission
26:40s'achève, évidemment, il y a
26:42cette biographie que vous avez
26:44édité, Bernard Comand,
26:46et on a tenu à le montrer,
26:48le tome 3 des années de jeunesse,
26:50qui a d'ailleurs eu le
26:52premier DCCC cette année.
26:54– Oui. – C'est pour vous.
26:56C'est vous Jean-Pierre, excusez-moi.
26:58– C'est le dernier tome. – Voilà, ça c'est le dernier tome.
27:00Et puis on a
27:02aussi voulu vous parler d'Ulysse à Paris,
27:04qui est un ouvrage
27:06collectif, qui est édité cette fois-ci
27:08par vous, Bernard Comand, dans la collection
27:10Fiction et Compagnie, au Seuil.
27:12C'est un projet très original, où les auteurs
27:14contemporains, alors je ne vais pas tous les citer,
27:16mais il y en a évidemment qu'on aime beaucoup,
27:18revisitent des traditions littéraires.
27:20Et puis pour ma part, moi je
27:22signalerais, puisqu'on en parle beaucoup en ce moment,
27:24le livre de Philippe Belaval, qui est conseiller culturel
27:26à l'Élysée, qui a été le patron des monuments
27:28nationaux, qui revient sur
27:30toute l'histoire de Notre-Dame, mais aussi
27:32du Paris, de
27:34l'Île-de-la-Cité, et puis des transformations
27:36de la capitale, notamment sous Baron Haussmann.
27:38Voilà. C'était
27:40notre émission Au bonheur des livres. Merci infiniment
27:42d'être venu nous parler de la Ferme du Paradis
27:44et de la face nord.
27:46C'est des amours difficiles, mais
27:48tout à fait touchantes et passionnantes.
27:50De très beaux livres. On se retrouve très vite pour
27:52un nouveau numéro de notre émission littéraire.
27:54A très vite.
27:56Musique
27:58Musique
28:00Musique
28:02Musique
28:04Musique
28:06Musique
28:08Musique
28:10Musique
28:12C'était Au bonheur des livres
28:14avec le Centre national du livre.

Recommandations