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La ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, Nicole Belloubet, défend la mise en place de "groupes" au collège pour les enseignements de mathématiques et de français, face à la contestation du monde enseignant.

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00:00 *Musique*
00:04 Il est 7h48, Sonia De Villers, votre invitée ce matin, ministre de l'Education Nationale.
00:10 Bonjour Nicole Belloubet.
00:11 Bonjour.
00:12 Des milliers d'élèves, de profs et de parents qui sont témoins de messages terrifiants,
00:16 de menaces, d'attentats par l'entremise de ce qu'on appelle les espaces numériques
00:20 de travail qu'ils se partagent.
00:22 Encore des dizaines de lycées évacués hier matin dans l'Est, juste après les Hauts-de-France.
00:26 Et manifestement, ça ne s'arrête pas.
00:30 Qu'avez-vous mis en place pour endiguer ce phénomène ?
00:34 Alors évidemment c'est extrêmement choquant.
00:36 Je comprends que certains élèves ou leurs parents soient très bouleversés par ce qu'ils
00:40 peuvent voir sur certaines vidéos qui sont liées à ces événements.
00:44 Nous avons mis en place d'abord la mise en sécurité des personnes et des élèves, des
00:48 personnels et des élèves.
00:49 Alors il y a des levées de doutes, c'est pour cela que certains établissements ont
00:53 commencé leurs cours un peu plus tard que prévu.
00:56 Ensuite, nous avons suspendu les messageries de l'espace numérique de travail, puisque
01:02 pour vos auditeurs, en fait, ce qui pose problème, ce sont ces espaces numériques de travail
01:08 dont certains comptes, ceux que les élèves et leurs parents peuvent consulter, sur lesquels
01:12 il y a leurs notes, sur lesquels il y a les échanges avec les professeurs, certains comptes
01:15 ont été piratés.
01:16 Ah, donc c'est du piratage de certains comptes, c'est du piratage individuel, ce n'est pas
01:20 tout le système qui a été pénétré ?
01:22 Ce n'est pas le système entier qui est pénétré.
01:23 C'est la raison pour laquelle nous avons suspendu la messagerie, qui est l'un des
01:28 éléments de ces espaces numériques de travail, lorsqu'ils sont attaqués.
01:32 Nous recherchons, nous identifions les comptes qui ont été piratés et nous allons procéder
01:36 ensuite à leur réinitialisation.
01:39 Vous avez un début d'idée d'où ça peut provenir ?
01:42 Non, c'est trop tôt pour que nous soyons sûrs de ce qui se passe.
01:45 Ce sont des attaques françaises ?
01:47 Pardon ?
01:48 Ce sont des attaques françaises ?
01:49 Je ne peux pas vous répondre.
01:51 Nous n'avons pas d'indication selon lesquelles ce seraient des attaques autres que françaises.
01:55 Le parquet, évidemment, a été saisi, une enquête est en cours sur chacun de ces phénomènes.
02:01 Et je voudrais ici dire d'ailleurs que lorsque les auteurs seront connus, les sanctions sont
02:07 très lourdes.
02:08 Cela peut aller jusqu'à des peines de prison.
02:10 Et il y a déjà eu des situations dans des fausses alertes à la bombe où il y a eu
02:14 des peines de prison qui ont été prononcées.
02:16 Donc il n'y aura pas d'impunité parce qu'évidemment le trouble qui est créé n'est pas du tout
02:20 propice aux apprentissages.
02:21 Alors il y a le trouble puisque ça a commencé dès la semaine dernière.
02:24 Mais entre-temps il y a un attentat majeur qui a été perpétré en Russie, un plan Vigipirate
02:28 en France qui a été relevé au niveau urgence-attentat.
02:31 Vous comprenez que ça puisse créer un climat assez anxiogène pour les familles ?
02:35 Oui bien sûr, je comprends parfaitement ce climat.
02:36 C'est la raison pour laquelle dans le cadre du plan urgence-attentat, l'opération Sentinelle
02:41 nous permet de mieux sécuriser encore les abords des établissements scolaires.
02:45 Nous faisons absolument tout pour que les parents et les élèves puissent travailler
02:49 dans des conditions sereines.
02:52 Alors Nicole Belloubet, parlons des groupes de niveaux qui ont fait couler tant d'encre
02:58 qui ont été voulues par Gabriel Attal.
03:00 Les textes concernant cette nouvelle organisation sont désormais parus.
03:05 Vous avez assoupli le dispositif en garantissant que les élèves passeraient un tiers de l'année
03:10 en classe entière, c'est-à-dire tous ensemble.
03:12 Mais le problème semble demeurer entier auprès des enseignants.
03:16 Regardez le préavis de grève de la semaine prochaine déposé par le SNES.
03:20 Il martèle "Nous ne trierons pas nos élèves".
03:24 Que répondez-vous à ces professeurs qui ne veulent pas trier leurs élèves ?
03:28 Je réponds qu'il n'y a pas de tri d'élèves.
03:30 Justement, c'est ce que nous n'avons pas voulu.
03:32 C'est très simple.
03:33 Ce que nous disons c'est qu'on veut améliorer les résultats de nos élèves en français
03:37 et en maths qui sont les deux apprentissages fondamentaux.
03:39 Pour cela, comment faire mieux que de travailler en groupe pour permettre une acquisition plus
03:45 simple et plus simple ?
03:47 Nous avons donc proposé de cibler des compétences qui sont exigées.
03:50 Donc, ce que nous proposons, c'est qu'en 6e, en 5e, en maths et en français, nous
03:55 prenions les élèves en groupe.
03:56 Mais que ces groupes ne soient pas des groupes qui soient figés toute l'année.
03:59 C'est-à-dire où il y aurait les plus aisés qui soient toujours dans le même groupe,
04:02 les moins bons qui soient toujours dans le même groupe.
04:04 Au contraire, nous donnons des temps pour brasser les groupes en cours d'année, des
04:08 temps en classe entière, pour que réellement nous puissions découper des séquences pédagogiques
04:13 de l'année, les élèves sont néanmoins testés et répartis en fonction de leur niveau.
04:17 C'est-à-dire, est-ce que c'est un petit effectif avec des élèves de plusieurs niveaux
04:21 ou est-ce que c'est plusieurs petits groupes avec les mauvais, les moyens et les bons ?
04:25 Non, si vous voulez, en début d'année, comme toujours en 6e d'ailleurs, il y a des
04:29 évaluations nationales.
04:30 Sur la base de ces évaluations, sur la base des observations que les professeurs vont
04:34 faire en classe entière, mettons pendant les 3 ou 4 premières semaines, à ce moment-là,
04:38 en fonction des compétences à acquérir lors de la première séquence.
04:42 Par exemple, la numération en maths.
04:44 Eh bien, on va répartir les élèves en fonction de leurs besoins.
04:47 Vous dites besoin, vous ne dites plus niveau ?
04:50 Oui, nous disons besoin, c'est ce qui est dans les textes.
04:52 Si vous voulez, vous avez des élèves qui ont des besoins en géométrie qui n'ont
04:55 pas les mêmes besoins en numération.
04:57 Vous avez des élèves qui ont des besoins en fluence qui n'ont pas les mêmes besoins
05:00 en orthographe.
05:01 Donc, au fond, il s'agit de prendre au plus près des élèves la réalité de leurs besoins
05:05 et d'installer une pédagogie différenciée.
05:07 Il n'y a pas de tri.
05:08 Je refuse le tri social des élèves.
05:10 Ça veut dire que, par exemple, Gabriel Attal, devenu Premier ministre entre-temps, et vous
05:14 n'êtes pas exactement sur la même ligne ?
05:15 Il y en a un qui parle de niveau et un qui parle de besoin ?
05:18 Nous sommes sur la même ligne.
05:19 Il faut dépasser les aspects sémantiques.
05:21 Nous sommes sur la même ligne.
05:23 Ce que nous voulons, c'est faire progresser les élèves.
05:25 C'est aussi ce que veut le président de la République.
05:27 Par ailleurs, les chefs d'établissements sont catégoriques.
05:29 2 300 postes débloqués à l'échelle de 7 000 établissements en France.
05:32 Ça ne suffira pas.
05:34 Vous pensez que vous aurez les moyens de mettre ça en œuvre ?
05:36 Je suis certaine que nous aurons les moyens de mettre en place les groupes de niveau.
05:40 Actuellement d'ailleurs, nous allons commencer à nous occuper du recrutement des enseignants.
05:44 Puisqu'au-delà de ceux qui entrent par concours, je l'ai toujours dit, il faudra que nous
05:49 recrutions des personnels contractuels.
05:51 Nous avons un manque d'enseignants du fait d'une attractivité insuffisante de notre
05:55 profession à laquelle nous allons remédier rapidement.
05:58 Il faut que nous recrutions des contractuels.
06:00 Et c'est ce à quoi nous nous attachons.
06:01 Alors rapidement, justement, les concours de professeurs ont lieu en Master 2.
06:05 C'est ça, Bac +5.
06:06 Il est question de caler le recrutement des professeurs dès la troisième année de
06:11 licence, Bac +3.
06:12 C'est ce que vous confirmez ?
06:14 Oui, ça fait partie des hypothèses qui ont été envisagées.
06:16 Les arbitrages devraient être rendus très rapidement sur ce sujet.
06:20 Mais ça fait des enseignants qui auront un bagage académique suffisant pour enseigner.
06:25 Est-ce qu'on abaisse le niveau ?
06:26 Non, pas du tout.
06:27 Au contraire, on attire beaucoup plus de personnes si c'est cela qui est fait.
06:31 On les attire en les recrutant à Bac +3 avec une préparation notamment pour les professeurs
06:36 des écoles qui sera adapté au concours de recrutement.
06:39 Mais ensuite, rien n'interdira que ces enseignants-là prolongent jusqu'au Master en travaillant
06:45 dans les classes par ailleurs.
06:46 C'est ça, c'est-à-dire qu'ils passent le concours à Bac +3 et ensuite ils ont un
06:50 an, deux ans ?
06:51 C'est une hypothèse de travail.
06:52 Les derniers arbitrages vont être rendus très vite.
06:54 Puisqu'on parlait d'évaluation des élèves, là on est en cours d'année.
06:58 Vous avez déjà les résultats des évaluations auxquels vous procédez chaque année, par
07:03 exemple des élèves de CP et de CE1.
07:05 Qu'est-ce que ça donne ?
07:06 Si vous voulez, on s'aperçoit que depuis 2017, on a mis en place des dédoublements
07:12 notamment en REP et en REP+, des dédoublements de classes en CP, CE1 et maintenant en grande
07:18 section.
07:19 Et on s'aperçoit que ces élèves qui sont rentrés en 2017 dans les petites classes
07:24 et qui ont été évalués en sixièmes, ont des compétences, ont des acquis qui sont
07:29 plus solides qu'eux ne l'étaient leurs prédécesseurs qui eux avaient été évalués
07:32 en 2017 par exemple.
07:34 Et on s'aperçoit qu'il y a…
07:36 Donc le dédoublement ça marche ?
07:38 Ça marche surtout s'il y a une pédagogie adaptée.
07:40 C'est-à-dire que c'est un peu ce que font nos enseignants.
07:43 Il ne suffit pas d'avoir des élèves en moins, il faut avoir une pédagogie adaptée.
07:47 C'est d'ailleurs un peu le même principe que ce que nous voulons faire en sixièmes
07:49 et en cinquièmes.
07:50 Une pédagogie adaptée à des groupes de besoins qui soient ou à des groupes d'élèves
07:55 qui correspondent vraiment à ce qui est nécessaire.
07:58 Et ces élèves de CP et CE1, madame la ministre, ils sont évalués en français et en maths.
08:02 En français et en maths, oui.
08:03 Ça porte ses fruits plutôt en français ou plutôt en maths ?
08:06 Alors écoutez, je ne sais pas si on peut tabler sur des choses définitives là, plutôt
08:11 en français.
08:12 Mais il y a des progrès en maths également et nous avons une attention toute particulière
08:15 à l'enseignement des maths.
08:16 Nicole Belloubet, depuis le 26 février, ça fait un mois maintenant, collégiens, lycéens,
08:22 professeurs, personnels administratifs et parents de Seine-Saint-Denis se mobilisent
08:26 H24 pour dénoncer l'effroyable état de dégradation de l'enseignement dans ce département.
08:31 Ils réclament un plan d'urgence.
08:33 Est-ce que vous les entendez ? Un mois c'est long.
08:36 Oui, j'entends.
08:37 D'abord, les cours ont quand même lieu au moment où nous parlons.
08:41 Même s'il y a effectivement des établissements et des personnels qui sont en grève, ce que
08:45 je sais parfaitement.
08:46 Oui, je les entends parce que la Seine-Saint-Denis est un département qui a une spécificité
08:50 forte et donc il faut que nous soyons en capacité de répondre.
08:53 Je voudrais juste dire là qu'en 2019, sous le gouvernement d'Edouard Philippe, il y
08:56 avait déjà eu un premier plan qui s'appelait "Un état plus fort en Seine-Saint-Denis".
09:00 Ce premier plan a permis d'établir une prime de fidélisation de 12 000 euros au bout de
09:05 cinq ans de présence pour les enseignants, les CPE, les assistants d'éducation, etc.
09:10 Une prime qui est destinée à fidéliser nos enseignants en Seine-Saint-Denis.
09:13 Il y avait également dans ce plan de l'argent, 2 millions par an pendant 10 ans pour aider
09:18 à la reconstruction des écoles, des établissements.
09:20 Donc il y a des efforts qui ont été faits.
09:22 Nous avons amélioré la carte, l'offre d'enseignement, on appelle ça la carte dans notre jargon,
09:28 l'offre d'enseignement dans des établissements en Seine-Saint-Denis pour attirer ou pour
09:31 maintenir les élèves.
09:33 Nous avons mis davantage de professeurs, 1 500 professeurs supplémentaires dans le
09:37 premier degré depuis 2017.
09:38 Bref, je pense qu'il faut effectivement tenir compte de la singularité de la Seine-Saint-Denis.
09:43 C'est ce à quoi nous nous attachons en permanence.
09:45 Ça ne suffit pas, les primes, ça ne suffit pas, ça se voit.
09:48 C'est un élément qui n'est pas négligeable tout de même.
09:50 J'entends ce que vous me dites, que ça ne suffit pas, mais c'est un élément qui n'est
09:52 pas négligeable.
09:53 Bien sûr, ce n'est pas cela qui résout l'ensemble des questions.
09:57 Je travaille avec les collectivités territoriales.
09:59 J'ai vu Stéphane Troussel et Valérie Pécresse récemment sur les collèges et les lycées.
10:03 Nous allons essayer d'avoir une action concertée ensemble.
10:05 Merci Nicole Belloubet.
10:06 Et merci Sonia De Villers.

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