Chaque dimanche, un tour d'horizon de l'actualité européenne avec nos invités.
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00:05 Les informés de l'Europe, le dimanche à la radio et à la télé sur France Info, canal 27 de la TNT avec vous François Bodonnet. Bonjour.
00:12 Bonjour Gilles.
00:12 Vous êtes le directeur de la rédaction européenne de France.
00:16 Rédacteur en chef.
00:17 Le rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions, éditorialiste international.
00:21 Chaque matin sur France Info Télé, toujours beaucoup d'actualités liées à la guerre en Ukraine.
00:26 Il y a le discours menaçant de Vladimir Poutine, tout juste réélu.
00:30 Il pointe du doigt la responsabilité de l'Ukraine après l'attentat à Moscou en dépit de la revendication de Daesh.
00:36 Des frappes aériennes dans la nuit sur l'Ukraine.
00:38 Un missile russe de croisière qui a même violé un court instant l'espace aérien polonais dans la nuit.
00:44 Le tout dans un contexte qui se tendait déjà.
00:47 L'aide européenne à l'Ukraine doit donc suivre.
00:49 C'est la conviction des chefs d'État et de gouvernement qui se réunissait dans ce sommet européen à Bruxelles ces derniers jours.
00:56 Jeudi et vendredi avec des invocés.
00:58 Et pour les décrypter, nous sommes avec nos deux informés de l'Europe ce matin.
01:01 Et oui, ce matin, deux spécialistes de l'Europe.
01:04 Angélique Bouin, correspondante de Radio France à Bruxelles, et Marie-Christine Vallée, journaliste spécialiste des questions européennes.
01:11 Bonjour à toutes les deux.
01:12 Des tabous sont d'ailleurs peut-être en train d'être levés dans cette aide européenne à l'Ukraine.
01:17 C'est ce qui s'est joué lors de ce sommet européen, François.
01:19 Oui, je dirais que l'Europe réagit enfin pour tenter de sauver ce qui est sauvable en Ukraine.
01:24 Ça faisait des mois que les Européens voyaient le mur arriver avec Kiev, sur le point de perdre cette guerre contre Moscou.
01:31 Et pourtant, rien ne se passait, ou presque.
01:33 Cette fois, le vent de panique qui souffle fort dans toutes les capitales européennes, y compris à Paris d'ailleurs, depuis trois semaines, va enfin se traduire en action.
01:40 Les 27 ont par exemple décidé d'utiliser les bénéfices des avoirs russes gelés en Europe pour acheter des armes pour l'Ukraine.
01:48 Ça représente environ 3 milliards d'euros par an.
01:51 Jusqu'à présent, les Européens avaient peur de se mettre dans l'illégalité en utilisant cet argent.
01:55 Ça a donc changé. Je vous propose d'écouter le chancelier amant Olaf Scholz.
02:00 Je pense que l'utilisation des bénéfices exceptionnels et leur affectation à l'achat d'armes constituent un grand pas en avant.
02:09 Cette démarche est tout à fait légale, je tiens à le souligner.
02:15 Nous avons examiné très précisément le droit international. Ces bénéfices n'appartiennent à personne.
02:21 Ils n'existent que parce que nous avons gelé des actifs russes.
02:25 Une expérience inattendue, et en fait, c'est l'une des raisons pour lesquelles l'Union européenne peut tout à fait les confisquer et les utiliser pour acheter des armes.
02:34 Ils peuvent être vendus et utilisés pour ceci.
02:38 Juste avant la déclaration des Européens, le Kremlin avait menacé Bruxelles de poursuites judiciaires sur des décennies.
02:45 Je cite "si cette décision était prise". La décision est donc prise, maintenant il va falloir la mettre en œuvre.
02:50 Ça risque de prendre du temps et c'est tout le problème d'ailleurs de la réaction des Européens.
02:54 Les Ukrainiens, eux, ils leur faut des armes et des munitions le plus vite possible.
02:58 Angélie Bouin, vous avez suivi ce sommet à Bruxelles pour France Info.
03:02 On en parlait depuis longtemps en effet d'utiliser les intérêts générés par ces avoirs russes.
03:06 Qu'est-ce qui fait que ça s'est enfin débloqué ?
03:07 L'urgence d'aider les Ukrainiens, l'urgence à trouver de l'argent alors que les caisses de la plupart de ces États sont vides.
03:13 Pour pouvoir les aider, on avait déjà débloqué de l'argent dans le cadre du fonds d'aide à l'Ukraine, 5 milliards d'euros récemment,
03:20 mais il fallait aller plus loin.
03:21 Et donc c'est vrai que c'est intéressant que sur la saisie de ces avoirs russes, le débat est avancé.
03:26 L'urgence a permis d'avancer. Jusqu'à présent, ça fait longtemps qu'on en parle de saisir cet argent,
03:31 mais on l'avait fléché pour la reconstruction.
03:33 Et puis il y avait effectivement un nœud juridique qui a été levé.
03:36 C'est vrai que les Ukrainiens nous réclament même les 200 milliards qui sont dans ces banques européennes et qui génèrent des intérêts,
03:43 mais imaginez que l'Europe, qui n'est pas en guerre avec la Russie, saisisse cet argent.
03:47 Évidemment, on se met dans l'illégalité la plus totale et les places financières du monde ne viennent non plus chez nous.
03:52 Ils ont trouvé un artifice pour récupérer cet argent.
03:54 C'est 2 à 3 milliards d'euros par an.
03:56 Ça ne va pas non plus changer le cours des choses,
03:58 mais tout de même, c'est de l'argent qui pourrait être sur la table dès le début du mois de juillet.
04:02 On parle d'un milliard dès le mois de juillet qui, évidemment, vont aider les États membres à acheter de l'argent.
04:07 Autre décision qui a été prise, qui est tout à fait intéressante, la Banque Européenne d'Investissement, la BEI,
04:12 le bras armé de l'Europe, qui sert depuis des années, qui est plutôt fléchée pour la transition énergétique,
04:18 pour financer des industries dans ce domaine-là, qui ne pouvaient pas acheter des armes,
04:22 parce que ce n'est pas dans ses statuts. Les 27 se sont mis d'accord pour changer ses statuts,
04:25 et pour que très vite la BEI lève des fonds et prenne aussi un effet d'entraînement avec des fonds privés
04:30 pour pouvoir financer la défense européenne. Ça aussi, c'est important.
04:34 Autre avancée, Marie-Christine Vallée, sur cette idée, on sait que l'industrie de la défense,
04:38 il y a cette volonté de la réformer au niveau européen, c'est ce que soutient Thierry Breton notamment.
04:42 Et là aussi, il y a eu des avancées à cet égard ?
04:46 Oui, alors il y a eu ce grand plan, cette grande stratégie industrielle pour la défense qui est lancée.
04:52 Il s'agit de renforcer l'industrie de la défense, d'augmenter la production militaire européenne,
04:57 autrement dit, fabriquer plus de production militaire et plus rapidement.
05:02 Alors il avait, en 2023, Thierry Breton, il avait déjà lancé un plan pour accélérer la fabrication des missiles
05:09 et des obus dans une quinzaine d'entreprises européennes.
05:12 C'est ce qui manque le plus à l'Ukraine.
05:13 300 millions d'euros avaient d'ailleurs été dégagés, avec l'objectif de livrer à l'Ukraine 1 million de munitions chaque année.
05:22 Évidemment, cet objectif n'est pas encore atteint.
05:24 Le but, et ça c'est très important, le but est de dépendre beaucoup moins des États-Unis,
05:30 car 68% des armements que l'Union européenne fournit à l'Ukraine ont été achetés aux Américains.
05:37 Alors pour cela, on va financer évidemment cette stratégie.
05:44 Un financement de 1,5 milliard d'euros est prévu pour inciter les États membres à monter des projets militaires en commun.
05:53 On leur demande également aux États membres d'investir beaucoup plus chez eux, d'acheter des armements européens,
06:00 on parle toujours des choix des F-16 américains par exemple,
06:03 de commander la moitié, 50% de leurs équipements militaires à l'industrie européenne,
06:09 et de faire des achats groupés avec un objectif de faire des achats en commun pour 40% d'ici à 2030, donc dans 6 ans.
06:19 Et puis Angélique le soulignait, il y a cette réorientation des activités de la Banque européenne d'investissement
06:25 qui pourra désormais faire des prêts à l'industrie européenne.
06:29 Agir en commun sur le domaine militaire, il y a un exemple assez concret d'ailleurs dont on n'a pas beaucoup parlé,
06:34 mais c'est tellement concret que ça mérite vraiment de le faire,
06:37 c'est cette idée que la France et l'Allemagne vont construire ensemble une usine sur le sol ukrainien.
06:42 Oui, vous avez raison, on en parlait depuis des mois, et ça y est, ça a été décidé,
06:47 puisque l'industrie européenne, on vient de le voir, n'arrive pas à fournir suffisamment d'armes et de munitions,
06:52 j'ai envie de dire depuis ces usines traditionnelles, et bien l'idée c'est de construire des usines en Ukraine même,
06:58 et c'est une annonce qui a été faite vendredi par la France et par l'Allemagne.
07:02 Le groupe franco-allemand KNDS, alors KNDS ça dit rien à personne en France, mais c'est Nexter en gros,
07:08 c'est le fabricant du canon César, là c'est pour ça que ça parle,
07:12 elles vont créer une filiale commune sur l'Ukrainien, pour fabriquer à la fois des pièces de rechange,
07:17 justement pour les canons César, mais aussi pour les AMX-10,
07:21 et les AMX-10 ce sont ces vieux blindés que la France a donné à l'Ukraine,
07:25 mais aussi pour les Charles-Lourds, les Léopards allemands.
07:29 L'idée donc c'est d'être au plus près du front, alors on ne sait pas exactement où cette usine se trouvera,
07:33 évidemment pour des raisons de sécurité, elle sera cachée,
07:36 on parle peut-être qu'elle serait une usine souterraine dans un bloc-hôte,
07:41 on n'en dit pas trop, on n'a pas les informations évidemment.
07:44 Même sous la pression je pourrais même vous dire parce que je n'en sais rien.
07:46 Donc les choses avancent, ça c'est bien, il y a deux bémols quand même,
07:49 on se demande évidemment le temps que prendra cette usine pour être installée,
07:53 ensuite l'autre bémol c'est que ça reste de la réparation,
07:56 et ce n'est pas de la fabrication, or on le sait, on vient de le voir,
07:59 les Ukrainiens ont besoin d'armement très vite, et surtout ils ont besoin de munitions.
08:05 On sait que dans cette idée de troupes françaises au sol, c'était pas forcément des soldats,
08:08 il y avait cet enjeu de la maintenance justement de tous ces matériels que l'on donne.
08:11 Angélique Bouin, on l'a compris, il faut des milliards pour tout ça,
08:13 les budgets sont assez serrés au niveau européen,
08:16 il y a donc cette idée d'un grand emprunt un peu comme ça a été fait pour le Covid,
08:20 est-ce qu'à cet égard aussi les choses ont pu avancer ou ça reste un tabou ?
08:23 Ça reste une discussion qui n'a pas abouti dans les conclusions du Conseil en tout cas,
08:27 mais sur la table il y a la proposition estonienne, qui est évidemment soutenue par la France,
08:31 mais aussi par quatre ou cinq autres pays de 100 milliards d'euros
08:34 qu'on emprunterait en commun sur le mode de ce qu'on a fait pour le Covid.
08:38 Aujourd'hui il y a eu des échanges assez informels,
08:41 ça se heurte comme souvent d'abord aux pays les plus frugaux,
08:45 les Pays-Bas l'ont clairement dit au sommet, ils ne veulent pas en entendre parler,
08:48 l'Allemagne aussi est assez réticente,
08:50 ça se heurte aussi au fait qu'on parle pas de la santé là,
08:53 mais d'un domaine vraiment très régalien,
08:55 et donc on a plusieurs pays qui disent ça doit se passer en bilatéral entre nous,
08:59 avec des alliances, et l'Ukraine, mais ne donnons pas à la Commission les clés
09:03 pour avoir une politique de défense militaire, ça doit pas se passer chez lui.
09:07 Néanmoins il a quand même été dit dans ce sommet, par un dirigeant et par plusieurs dirigeants,
09:12 si les Américains lâchent l'Europe, là il y a une vraie peur,
09:15 et là il y aura un vrai problème de financement.
09:17 Donc c'est pas impossible qu'après les élections américaines,
09:20 ce sujet revienne sur la table, je pense au sommet de décembre, on en reparlera,
09:24 mais en tout cas le débat il est en train de monter,
09:27 on est à cinq ou six pays, on y est pas du tout, mais le débat est là.
09:30 Il s'est installé en fait lors de ce sommet.
09:33 Avec le problème de l'aide américaine bloquée au Congrès,
09:35 et puis le spectre de Donald Trump qui pourrait arriver.
09:37 D'un mot rapide Marie-Christine Nivalet, c'est important le sujet des céréales,
09:40 parce qu'on sait que la production agricole ukrainienne,
09:42 il y a eu des restrictions parce qu'elle concurrence les producteurs du marché européen,
09:45 il y a eu cette idée pour la première fois que l'UE puisse taxer des importations de céréales russes ?
09:50 Bah oui parce que ce n'était pas le cas jusqu'à présent,
09:53 les céréales russes avaient échappé à toutes ces mesures,
09:56 on parlait plus finalement des produits agricoles ukrainiens.
09:58 Ce n'est pas vraiment par rapport aux ukrainiens,
10:00 c'est vraiment pour... on fait un pas de plus vers ce qui peut apparaître comme une sanction.
10:07 Il s'agit d'imposer des droits de douane élevés sur le blé, le maïs, le tournesol et les huiles végétales.
10:14 Et ça le but c'est de décourager les achats des céréales russes,
10:18 donc il y aurait des prix dissuasifs.
10:20 Et par exemple ils ont fixé, enfin la proposition de la commission,
10:24 c'est de mettre 95 euros de taxes sur la tonne de maïs ou sur la tonne de blé.
10:30 Alors la commission européenne dit "en plus ça va priver la Russie de ressources",
10:35 bon l'année dernière on a acheté aux russes pour 1,3 milliards,
10:41 ce n'est pas énorme mais ça serait donc une ressource en moins.
10:43 Ça permettrait d'éviter les importations de blé qui est étiqueté russe,
10:49 mais qui en réalité a été produit dans l'Est de l'Ukraine et parfois confisqué par les russes.
10:56 Et puis alors il ne faut pas oublier aussi que pendant la crise agricole de ces dernières semaines,
11:01 les agriculteurs européens ont demandé que l'on mette des taxes sur les céréales russes
11:06 parce que la Russie les concurrence beaucoup.
11:10 Donc voilà, ça va être nouveau, mais le Conseil maintenant va devoir se prononcer.
11:15 On a pris un peu plus de temps que prévu pour détailler toutes les avancées lors de ce sommet européen à Bruxelles,
11:20 parce que pour une fois il y en a eu beaucoup en tout cas, et assez concrètes et d'autres en perspective.
11:25 Autre sujet dans un instant, on va se projeter les élections européennes,
11:28 la probable nouvelle composition du Parlement européen, est-ce que ça pourrait changer ?
11:32 C'est juste après le Fil info avec Claire Chekaglini.
11:35 Deux navires russes touchés en Crimée par des tirs ukrainiens, annonce de Kiev ce matin,
11:41 fait suite à une nuit d'intenses bombardements russes sur la capitale ukrainienne et Avliv.
11:45 Lors de ces raids, un missile de croisière russe a d'ailleurs violé l'espace aérien de la Pologne.
11:49 Tous les systèmes de forces aériennes de ce pays, membres de l'OTAN, ont été activés.
11:54 En Russie, ce dimanche est un jour de deuil, suite à l'attaque du Crocus City Hall.
11:58 La salle de concert continue d'être fouillée pour rechercher d'éventuelles nouvelles victimes.
12:03 Aurore Berger veut organiser des assises de lutte contre l'antisémitisme.
12:07 Selon la ministre en charge de l'égalité et de la lutte contre les discriminations,
12:11 toute la société doit se lever avec un message clair.
12:14 Selon le CRIF, les actes antisémites ont augmenté de 1000% entre le 7 octobre et la fin de l'année 2023.
12:20 Didier Deschamps regrette un manque d'agressivité et détermination.
12:24 L'équipe d'Allemagne a fait un très bon match, reconnaît le sélectionneur des Bleus.
12:27 Hier, les footballeurs tricolores ont perdu à Lyon face à la Mannschaft.
12:31 2 à 0, défaite qui fait un peu désordre à trois mois de l'Euro.
12:34 [Musique]
12:45 Et avec nous François Bodonnet, Angélique Bouin, correspondante de France Info, de Radio France à Bruxelles,
12:50 et Marie-Christine Vallée, journaliste spécialiste des questions européennes.
12:54 Les élections européennes, c'est dans deux mois et demi à peine, ça va arriver très vite.
12:59 Les sondages se suivent et se ressemblent pour montrer, pour anticiper en tout cas, une poussée de l'extrême droite à nouveau dans le Parlement européen.
13:06 Oui, et selon les derniers sondages, quatre grands pays européens devraient envoyer plus de 20 députés d'extrême droite au Parlement européen.
13:14 Il s'agit de la France, vous avez également l'Italie, l'Allemagne et la Pologne.
13:17 Dans neuf pays, l'extrême droite est en tête des sondages et dans une dizaine d'autres en Europe, elle arrive en deuxième ou troisième position.
13:25 Alors conséquences, évidemment, ça va avoir des conséquences dans la composition de l'hémicycle du futur Parlement européen.
13:30 Ensemble, les deux groupes politiques d'extrême droite, alors il y a deux groupes politiques d'extrême droite au Parlement européen,
13:36 un s'appelle ID, Identité et Démocratie, en gros autour du Rassemblement national,
13:40 et l'autre c'est l'ECR, ce sont les conservateurs et les réformateurs européens, en gros autour de Fratelli d'Italia, de Giorgia Meloni.
13:47 Ces deux groupes, s'ils étaient ensemble, ils obtiendraient entre 157 et 175 sièges et ce serait alors la deuxième force politique à Strasbourg et à Bruxelles,
13:56 juste dernière le PPE, le Parti populaire européen.
14:00 Alors en cas d'union, en fait c'est quand même assez peu probable parce que ces deux groupes ne se sont jamais unis.
14:06 Il n'empêche, pour l'instant, ils sont en train de se battre ces deux groupes pour la troisième place, évidemment c'est important.
14:12 Dans tous les sondages, ce serait la première fois que les deux groupes d'extrême droite réuniraient plus d'un député sur cinq ou sur quatre,
14:20 c'est-à-dire soit 25% des sièges, alors qu'ils étaient à 18% en 2019, donc la dernière fois, et à moins de 10% en 2014,
14:29 et donc forcément, forcément, ça aura des conséquences sur la composition du futur hémicycle du Parlement européen.
14:34 Pousser des extrêmes peut-être au mois de juin prochain, ce sont des sondages, des projections, mais quand même,
14:41 cette hypothèse est bel et bien là, Angélique Bouin, et notamment en France, c'est peut-être le pays qui enverra à terme le plus de députés d'extrême droite.
14:50 Comment est-ce que ça s'est vu depuis Bruxelles ?
14:52 Évidemment, il y a eu une inquiétude, mais il faut rappeler qu'ils avaient déjà envoyé beaucoup d'eurodéputés au Parlement lors des dernières élections en 2019,
15:00 donc effectivement, ça inquiète beaucoup, mais ça inquiète parce que, ce que vient de dire François est très juste,
15:06 un eurodéputé sur cinq qui est eurosceptique ou europhobe, ça veut dire que c'est un peu du stop-go encore pour l'Europe,
15:12 qui a beaucoup avancé ces dernières années. On a vu que l'Europe a pris plus de poids, plus de compétences,
15:18 on a travaillé ensemble pour lutter face au Covid, pour se débarrasser du gaz russe avec l'Ukraine, aujourd'hui pour essayer de construire une défense,
15:24 et évidemment, chaque proposition de la Commission et de la proposition des États doit être débattue avec ce Parlement.
15:30 Si ce Parlement devient une force qui freine cette avancée européenne, pour les autres partis traditionnels,
15:36 pour l'ensemble des fonctionnaires et des dirigeants des institutions à Bruxelles, c'est vu comme quelque chose d'extrêmement inquiétant.
15:44 Et clairement, le Parlement, c'est un endroit où on crée des compromis avec les partis traditionnels pro-européens,
15:51 donc la droite européenne, les sociodémocrates et puis les centristes.
15:55 Ce qui va se passer là, c'est que les centristes, les libéraux ou siègent les macronistes risquent de perdre son rôle de troisième parti,
16:01 qui était un peu faiseur de roi sur plein de lois, au profit de l'extrême droite.
16:08 Et là, effectivement, il y a une vraie inquiétude sur comment on va pouvoir fonctionner, comment on va pouvoir avancer,
16:12 est-ce qu'il ne va pas y avoir vraiment un frein par rapport à cette construction européenne en marche ?
16:16 Marie-Christine Vallée, c'est vraiment ça qui est en jeu ? Pas forcément que l'extrême droite réussisse à faire passer beaucoup de textes
16:21 et entraîne des réformes au niveau européen, mais plutôt justement dans la marche et dans un potentiel blocage parfois du Parlement ?
16:29 Alors, blocage, peut-être un peu tôt pour le dire, mais au Parlement européen, il faut faire des alliances pour adopter un texte ou pour le rejeter.
16:38 Donc les deux groupes, Identité et Démocratie et Conservateurs et Réformateurs, s'ils obtenaient jusqu'à 175 sièges,
16:46 évidemment, ce serait une grande force politique, mais il faudrait qu'ils élargissent leur coalition pour pouvoir dominer.
16:53 Et là, on va élire 720 députés, donc 175 sur 720. Dans ces deux groupes en plus, François le soulignait tout à l'heure, on n'est pas toujours d'accord.
17:03 On n'est pas toujours d'accord sur le conflit Russie-Ukraine. Les ECR, les Conservateurs et les Réformateurs soutiennent plutôt l'Ukraine,
17:14 alors que les autres, Identité et Démocratie, beaucoup moins. En plus, les élus italiens de Mme Melloni, qui sont dans le groupe ECR,
17:22 ne sont pas donc chez les autres. Mme Melloni est plus atlantiste que prorusse, elle participe à la vie de l'Union européenne
17:32 et on ne lui a jamais entendu dire qu'elle voulait démolir l'Europe de l'intérieur. Donc vraiment, ce n'est pas encore joué d'avance.
17:40 Mais cette force politique peut apporter une gêne, peut contraindre les autres en face, les adversaires politiques, à créer eux-mêmes de nouvelles alliances
17:49 et ça peut être assez mouvant.
17:51 Beaucoup d'enjeux, évidemment, pour ces élections européennes. Notez que demain, entre 8h30 et 9h, ni c'est demain l'Europe,
17:57 les têtes de liste pour les européennes qui sont invitées par France Info, c'est Valérie Heillet, la candidate macroniste,
18:04 qui sera l'invitée de France Info et des experts de la presse internationale.
18:07 Merci à vous trois, les informés de l'Europe.
18:09 François Bodonnet, Angélique Bouin, Marie-Christine Vallée.